Les Hautes Montagnes/53

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(p. 113-116).

53. Bonne nuit vieux Maure !

Les enfants descendent en vitesse. Ils se pressent car ils vont être pris par la nuit. Voilà, ils ont quitté le rocher du Maure.

Ils ont traversé les vallées, sont arrivés sur le chemin où ils avaient vu les pas de Phanis, et ils avancent à grands pas vers le Sapin.

De là ils couperont encore au travers, ils arriveront rapidement aux cabanes et ils y ramèneront Phanis que tout le monde attend.

— Qu’est-ce qu’ils doivent attendre ! dit Mathieu.

— On a tardé, beaucoup tardé.

— On a tardé, mais qu’est-ce qu’on a vu !

— Tu as vu comme le soleil était grandiose ?

— Quand il a touché la mer, il frémissait.

— Regardez, les nuages ! Vous avez vu ?

Alors que le soir tombait, les nuages dans le ciel rougeoyaient ; ils prenaient encore la couleur du soleil disparu, mais lentement eux aussi s’assombrissaient.


— Regardez les gars, à quoi ressemble le rocher du Maure de loin. On dirait un homme ! a dit Mathieu.

Ils se sont retournés pour regarder le rocher du Maure qui noircissait dans la pénombre. Au sommet on voyait vraiment une tête, un front, un nez large, une bouche et deux lèvres épaisses.

De près ces pierres n’évoquaient rien. De loin cependant elles formaient un visage, comme un visage de Maure. C’est donc pour ça que les vieilles croyaient qu’un Maure y habitait !


Ce n’est pas le premier rocher comme ça. Beaucoup de pierres ressemblent de loin à des visages humains ; une vieille peut les prendre pour des fantômes ; un enfant peut en avoir peur.
Bonne nuit Papy-Maurice !

Un enfant, mais pas un homme comme Andréas, Phanis, Mathieu, Kaloyannis, Costakis.

Pas ceux qui ont osé monter voir.


Et maintenant ils rigolent des propos de la vieille Charmène ! Ils sont où les feux du Maure ? Il est où le Maure ? De loin ils regardent le rocher et lui crient :

— Eh, monsieur le Maure !

— Tu devrais mettre ton bonnet, Tonton-Maure !

— Tu peux sortir ta pipe, Papy-Maurice !

— Bonne nuit, Papy-Môôôrice !