Les Hautes Montagnes/59
1918-10-21 (p. 128-130).
59. Une petite cérémonie en forêt.
Aujourd’hui pour la première fois l’ingénieur en chef de la forêt est venu voir les enfants.
Le garde forestier qui le suivait lui a tenu son cheval. L’ingénieur est descendu et a observé les cabanes.
À cette heure matinale les enfants étaient à leurs tâches quotidiennes. Le cuisinier portait son tablier et cuisinait ; d’autres surveillaient le feu ; d’autres balayaient la poussière avec de grands balai de broussaille.
Plus bas sous un arbre, Lambros et Dimitrakis étaient plongés dans un livre. Foudoulis était assis à les écouter ; maintenant il allait mieux.
Mathieu et Giorgos étaient assis à raccommoder leurs vêtements.
Dix enfants manquaient, ils étaient partis pour un bain dans la Roumèle. Tous les autres travaillaient aux cabanes.
« Mais c’est une ville ici ! » a dit l’ingénieur en chef.
Les enfants l’ont accueilli et se sont rassemblés devant lui.
« Je suis venu vous voir, a-t-il ajouté. J’étais curieux de vous voir. Qui est votre chef ? »
Tous se sont tournés vers Andréas. Lui, il ne disait rien.
L’ingénieur en chef tenait une belle boîte de couleur pourpre. De la boite il a sorti une médaille blanche et étincelante.
« Votre classe, a-t-il dit, a gagné la médaille pour la protection de la forêt. L’État m’a envoyé vous la remettre.
« Vous l’exposerez dans votre école et elle y restera toujours, pour montrer ce que peuvent faire les enfants qui ont de la volonté. Vous la méritez. »
Et ce-disant, il a donné la médaille à Andréas. Lui l’a passée aux autres enfants. Tous se penchaient pour la regarder et ils étaient très fiers tant elle était joliment gravée et brillante.
Ensuite l’ingénieur en chef a posé des questions sur leur vie là-haut, sur leurs repas, sur leur sommeil, sur tout. Il est entré dans les cabanes, a parcouru les chemins et les autres réalisations qu’ils avaient faites, il s’est réjoui de la propreté et de l’ordre qu’il trouvait.
« Ce sont de jolies petites maisons que vous avez, leur a-t-il dit, on trouve rarement une communauté si appliquée. »
Puis il est remonté sur son cheval roux.
— Les enfants, a-t-il dit, aujourd’hui je vais en forêt pour le service. Demain je reviendrai et je vous conduirai en haut, au torrent. Là vous verrez vraiment ce que nous donne la forêt. Vous êtes d’accord ?
— Oui, oui, oui ! ont crié les enfants avec enthousiasme.