Les Hautes Montagnes/66
1918-10-21 (p. 142-144).
66. La chanson au nouveau navire.
Salutations à la mer
Mes hommages à la plage !
Tiens ! ils t’ont déjà construit. Je te vois. Tu es en route.
Tu es chargé de blé blond, de maïs d’or.
Tu es chargé des cédrats et oranges gorgés de soleil.
La croix en proue. L’évangile en poupe.
Et dedans la Vierge Marie et sa veilleuse allumée.
Des mouettes blanches te suivent. Sur tes mats elles se reposent.
Des villages blancs te regardent depuis leurs collines.
Des plages blanches t’invitent à jeter l’ancre.
Des mamans et des sœurs t’appellent à t’arrêter pour recevoir leurs saluts.
Les vagues bondissent sur toi comme des chevaux à la crinière blanche.
Les caps noirs sont prêts à t’agripper.
Mais les marins s’accrochent aux cordages. Le capitaine est un brave.
Comme le dauphin qui te suit, tu danses sur la mer turquoise.
Tu arriveras ! Tu arriveras !
Et tu mouilleras parmi les mats nombreux.
Salutations aux grands ports.
Bonjour à Constantinople !
Que toujours soit bon ton retour. Ramène toujours des trésors. Que jamais le voile noir ne soit porté pour toi.
Bonne fortune ! Bon vent !