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Les Martyrs/Remarques sur le livre IX

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Garnier frères (Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 4p. 435-453).

LIVRE NEUVIÈME.


1re Remarquepage 128.

Si Hiéroclès avoit pu voir…

Transition par laquelle on retourne de l’action au récit. Les derniers moments de prix de la famille chrétienne motivent la continuation du récit : on peut écouter ce récit, puisque le calme règne encore, mais on voit qu’à l’instant où le récit finira les maux commenceront.


2e. — page 128.

Sont assis à la porte du verger.

Le lieu de la scène est changé. Les familles sont à présent rassemblées dans l’endroit où Eudore et Cymodocée ont chanté sur la lyre.


3e. — page 128.

Constance se trouvoit alors à Lutèce.

Selon divers auteurs, le nom de Lutèce (Paris) vient du latin lutum, qui veut dire fange ou bouc, ou de deux mots celtiques qui signifient la belle pierre ou la pierre blanche. (Duplessis, Ann. de Paris, p. 2.)


4e. — page 128.

Les Belges de la Sequana.

Sequana, la Seine.

Il y avoit trois Gaules : la Gaule Celtique, la Gaule Aquitanique et la Gaule Belgique. Celle-ci s’étendoit depuis la Seine et la Marne jusqu’au Rhin et à rocéan. (Cæs., lib. i, p. 2.)


5e. — page 128.

Le premier objet qui me frappa dans les marais des Parisii, ce fut une tour octogone, consacrée à huit dieux gaulois.

Les Parisii étoient les peuples qui environnoient Lutèce, et ils composoient un des soixante ou des soixante-quatre peuples des Gaules : Optima gens flexis in gyrum Sequana frenis. Ils se battirent contre Labiénus, lieutenant de César. Le vieillard Camulogène, qui les commandoit, fut tué dans l’action, et Lutèce, que les Parisii avoient mise en cendres de leurs propres mains, subit le joug des vainqueurs. (Cæsar, de Bell. gall., lib. vii, c.x : Ess. sur Paris, page 5.) On croit que cette tour octogone, consacrée à huit dieux gaulois étoit celle du cimetière des Innocents. (Voyez Félibien et Saint-Foix.) Ce fut Philippe le Bel qui fit murer le cimetière des Saints-Innocents. (Guill. Le Breton, dans sa Philippid., apud Dubreuil, 830.)


6e. — page 128.

Du côté du midi, à deux milles pas de Lutèce…, on découvroit le temple d’Hésus.

Le temple d’Hésus, ou de Mercure, occupoit l’emplacement des Carmélites du faubourg Saint-Jacques. (Traité de la Police, par La Mare, t. I, p. 2.)


7e. — page 129.

Plus près, dans une prairie… s’élevoit un second temple, dédié à Isis.

Ce temple d’Isis est aujourd’hui l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le collége des prêtres d’Isis étoit à Issy. Voyez La Mare, loc. cit., et Saint-Foix, Essais, t. I, p. 2.}


8e. — page 129.

Et vers le nord, sur une colline.

C’est Montmartre (voyez la note 15 du livre vii). Le temple de Teutatès est marqué par La Mare. (Ibid.)


9e. — page 129.

En approchant de la Sequana, j’aperçus, à travers un rideau de saules et de noyers, etc.

Tout cela est de Julien (in Misopogon). Il y a bien loin de ces saules au Louvre. Ce qu’on dit ici de la Seine est précisément l’opposé de ce qui existe aujourd’hui. On trouve dans Grégoire de Tours et dans les Chroniques divers débordements de la Seine : ainsi il ne faut pas croire Julien trop implicitement.


10e. — page 129.

Deux ponts de bois, défendus par deux châteaux, etc.

Ces ponts étoient de bois du temps de l’empereur Julien (in Misopogon), et Duplessis montre très-bien qu’ils devoient être encore de bois avant cet empereur (Ann. de Paris, p. 5). Quant aux châteaux où l’on paye le tribut à César, Saint-Foix les retrouve dans le petit et le grand Châtelet. La Mare et Félibien prétendent que ces châteaux furent bâtis par César (Traité de la Police, t. I ; Félibien, t. I, p. 2, 43). Du temps de Corrozet, on lisoit encore sur une des portes du grand Châtelet : Tributum Cæsaris (Corrozet, Antiquités de Paris, édition in-8o. p. 1550, fol. 12, verso). Abbon, dans son poëme sur Le Siége de Paris, parle du grand et du petit Châtelet.

....Horum (pontium) hinc inde tutrices
Cis urbem speculare phalas (turres), citra quoque flumen.
(lib. i Bellorum Parisiæ urbis, v. 18-19.)

On demande si ces tours étoient bâties au bout du Pont-au-Change et du Petit-Pont, où étoient le grand et le petit Châtelet, ou si elles étoient sur le pont que Charles le Chauve avoit fait construire à l’extrémité occidentale de la ville. (Voyez Annales de Paris, p. 171-172.)


11e. — page 129.

Chaque tribu se rallioit sous un symbole.

Et je ne vis dans l’intérieur du village, etc. C’est toujours Julien qui est ici l’autorité.


12e. — page 129.

Je n’y remarquai qu’un seul monument, etc.

Les Nautes étoient une compagnie de marchands établis par les Romains à Lutèce, Nautæ parisiaci. Ils présidoient au commerce de la Seine ; ils avoient élevé un temple ou un autel à Jupiter, à l’extrémité orientale de l’île. On trouva des débris de ce monument en 1710, ou le 15 mars 1711, en fouillant dans le chœur de la cathédrale. Voyez Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. III, p. 243 et 296 ; Félibien, Histoire de Paris, t. I. p. 14 ; Piganiol de La Force, Description de Paris, t. I, p. 360.)


13e. — page 130.

Mais hors de l’île, de l’autre côté… de la Sequana, on voyoit sur la colline Lucotitius un aqueduc romain, un cirque, un amphithéâtre, et le palais des Thermes, habité par Constance.

La colline Lucotitius ; mons ou collis Lucotitius. — C’est la montagne Sainte-Geneviève. On trouve ce nom employé pour la première fois dans les Actes des saints de l’ordre de Saint-Benoit, par Gislemar, écrivain du ixe siècle.

Un aqueduc romain. — C’est l’aqueduc d’Arcueil, qui selon les meilleurs critiques fut bâti avant l’arrivée de Julien dans les Gaules. L’aqueduc moderne est peut-être élevé sur l’emplacement de l’ancien. (Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XIV, p. 268.).

Un cirque, un amphithéâtre. — On avoit cru ce cirque bâti par Chilpéric Ier, mais il est prouvé qu’il ne fut que le restaurateur d’un ancien cirque romain. Outre ce cirque, il y avoit au même lieu un amphithéâtre. Tous ces monuments occupoient la place de l’abbaye de Saint-Victor, ou l’espace qui s’étendoit depuis les murs de l’Université jusqu’à la rue Villeneuve-Saint-René. On appela longtemps ce terrain le Clos-des-Chênes. (Annales de Paris, pag. 67 et 68 ; Vales, Not. Gall. Paris, pag. 432, etc.)

Et le palais des Thermes. — L’opinion vulgaire est que le palais des Thermes, dont on voit encore les voûtes rue de la Harpe, fut bâti par Julien. C’est une erreur, Julien agrandit peut-être ce palais, mais il ne le bâtit pas. Les meilleurs critiques en font remonter la fondation au moins à Constantin le Grand, et je crois qu’il est plus naturel encore de l’attribuer à Constance son père, qui fit un bien plus long séjour dans les Gaules. (Vales, de Basilic. reg., cap. v ; Till., Hist. des Emp., tom. IV, pag. 426.


14e. — page 129.

Je remarquai avec douleur, etc.

Constance mourut d’une maladie de langueur. On lui avoit donné le surnom de Chlore, à cause de la pâleur de son visage.


15e. — page 129.

Là brilloient Donatien et Rogatien.

L’auteur continue à faire passer sous les yeux du lecteur les évêques, les saints et les martyrs de cette époque, partout où se trouve Eudore, afin de compléter le tableau de l’Église.

Donatien et Rogatien étoient de Nantes. Donatien fut l’apôtre de son frère, il le convertit à la foi. Ils eurent la tête tranchée ensemble, après avoir été longtemps tourmentés. On les retrouvera à Rome dans la prison d’Eudore. (Actes des Martyrs, tome I, page 398.)


16e. — page 129.

Gervais et Protais.

On connoît l’admirable tableau du martyre de ces deux jeunes hommes, par Lesueur. Procula fut évêque de Marseille et Just le fut de Lyon. Quant à saint Ambroise, il étoit en effet fils d’un préfet des Gaules ; mais il y a ici anachronisme, de même que pour saint Augustin, dont saint Ambroise fut le père spirituel.


17e. — page 130.

Il me fit bientôt appeler dans les jardins, etc.

Ces jardins étoient ceux du palais des Thermes, et ils le furent dans la suite du palais de Chilpéric Ier. Ils occupoient le terrain des rues de la Harpe, Pierre-Sarrasin, Hautefeuille, du Jardinet, et descendoient jusqu’à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Saint-Germain-des-Prés, comme je l’ai dit, étoit le temple d’Isis. (Annales de Paris, p. 26.)


18e. — page 130.

Vous vous souvenez peut-être, etc.

Voici encore l’action dans le récit : elle fait même ici un pas considérable. Galérius est presque le maître ; il épouse Valérie, et il est gendre de Dioclétien. On entrevoit l’abdication de celui-ci. Constantin est persécuté. Hiéroclès est devenu proconsul d’Achaïe, et c’est dans ce commandement funeste qu’il a connu Cymodocée. Le lecteur apprend des faits importants, et il n’a plus rien à savoir de nécessaire lorsque le récit finira. Si j’insiste là-dessus, on doit me le pardonner, parce que je réponds à une critique grave, et qui (du moins je le crois) est peu fondée. Jamais, encore une fois, récit épique ne fut plus lié à l’action que le récit d’Eudore ne l’est au fond des Martyrs. Au reste, ce que Constance rapporte de la victoire de Galérius sur les Parthes, de son mariage avec Valérie, du combat de Constantin contre un lion et contre les Sarmates, de la rivalité de Constantin et de Maxence, est conforme à l’histoire.


19e. — page 130.

Les Pictes avoient attaqué la muraille d’Agricola, etc.

Agricola, beau-père de Tacite, et dont ce grand historien nous a laissé la vie.

La muraille dont il est ici question est appelée plus justement la muraille de Sévère. Ce fut lui qui la fit élever sur les anciennes fortifications bâties par Agricola. Elle s’étendoit du golfe de Glote, aujourd’hui la rivière de Clyde, au golfe de Bodotrie, maintenant la rivière de Forth. On en voit encore quelques ruines. Les Pictes étoient une nation de l’Ecosse ou de la Calédonie. On les appeloit ainsi parce qu’ils se peignoient le corps, comme font encore les sauvages de l’Amérique. Ce fut en allant combattre cette nation, qui s’étoit soulevée, que Constance mourut à York, d’une maladie de langueur, et ce fut dans cette ville que les légions proclamèrent Constantin césar.


20e. — page 130.

D’une autre part, Carrausius…

Carrausius étoit un habile officier de marine, qui servoit sous Maximien dans les Gaules. Il se révolta, s’empara de la Grande-Bretagne, et garda sur le continent le port de Boulogne. Maximien, ne pouvant le punir, fut obligé de le reconnoître en lui laissant le titre d’auguste. Constance Chlore l’attaqua, et fut plus heureux : il reprit sur lui Boulogne. Carrausius ayant été tué par Allectus (autre tyran, qui lui succéda), Constance passe en Angleterre, défait Allectus, et fait rentrer l’île sous la domination des Romains. On voit en quoi je me suis écarté de la vérité historique. (Eum., Paneg. Const.)


21e. — page 130.

Le reste des anciennes factions de Caractacus et de la reine Boudicée.

Le reste de ces anciennes factions n’étoit autre chose que l’amour de la liberté, qui força plusieurs fois les Bretons de se révolter contre leurs maîtres. Sous l’empire de Claude, Caractacus, prince breton, défendit sa patrie contre Plautius, général des Romains. Il fut pris, conduit à Rome, parla noblement à l’empereur, et dit, à la vue des palais de Rome, ce mot que j’ai mis dans la bouche de Chlodoric, liv. VII. (Voyez la note Le du même livre.)

La reine Boudicée défendit aussi courageusement les Bretons contre les Romains. Son nom n’est pas harmonieux, mais la gloire et Tacite l’ont ennobli. (Voyez Vita Agric.)


22e. — page 131.

Maître de la cavalerie.

Magister equitum ; grande charge militaire chez les Romains.


23e. — page 131.

Colonie que les Parisii des Gaules, etc.

Les Parisiens ne se doutent guère qu’ils ont fait des conquêtes en Angleterre. César nous apprend d’abord que les Belges, c’est-à-dire les Gaulois de la Gaule Belgique, s’emparèrent autrefois des côtes de la Grande-Bretagne, et qu’ils y conservèrent le nom des peuples dont ils étoient sortis (de Bello Gallic., lib. v, cap. 12). Les Parisii, qui étoient une des nations de la Gaule Belgique, s’établirent, selon Ptolémée, dans le pays des Bragantes, aujourd’hui l’Yorkshire. Ils fondèrent une colonie qui, selon le même Ptolémée, s’appeloit Petuaria (Geogr., lib. ii, pag. 51). Le savant Campden fixe cette colonie de Parisiens sur la rivière de Hull, et près de l’embouchure du Humber. Il retrouve Petuaria dans le bourg de Beverley. (Campden, Britann., pag. 576 et 577.)


24e. — page 131.

J’attaquai Carrausius sur le Thamésis… Londinum.

Les anciens sont d’une grande exactitude dans leur description du climat de l’Angleterre, et l’on peut remarquer qu’il n’a pas varié depuis le temps de César et de Tacite (Cæsar, lib. vi, cap. 12 ; Tac., in Vit. Agric.). Et quand on lit ce passage de Strabon, on croit être transporté à Londres. « Aer apud eos imbribus magis est quam nivibus obnoxius, ac sereno etiam cœlo caligo quædam multum temporis obtinet ; ita ut toto die non ultra tres aut quatuor quæ sunt circa meridiem horas conspici sol possit. » (Geogr., lib. IV, pag. 200.)


25e. — page 131.

Là s’élevoit une vieille tour.

C’est une fiction par laquelle l’auteur, suivant son sujet, fait voir le triomphe de la croix, et l’Angleterre convertie au christianisme. Cette fiction a de plus l’avantage de rappeler l’antique abbaye où se rattache toute l’histoire des Anglois.


26e. — page 131.

Il envoya à l’empereur mes lettres couronnées.

C’étoit l’usage après une victoire. Tacite raconte qu’Agricola, après ses conquêtes sur les Bretons, évita de joindre des feuilles de laurier à ses lettres, dans la crainte d’éveiller la jalousie de Domitien. (In Agric.)


27e. — page 131.

Il sollicita et obtint pour moi la statue.

Cette phrase porte avec elle son explication. Lorsque le triomphe ne fut plus en usage, ou qu’il fut réservé pour les empereurs, on accorda aux généraux vainqueurs des statues et différents honneurs militaires.


28e. — page 131.

Me créa commandant des contrées armoricaines.

Les contrées armoricaines comprenoient la Normandie, la Bretagne, la Saintonge, le Poitou. Le centre de ces contrées étoit la Bretagne, dite par excellence l’Armorique. Lorsque les dieux des Romains et les ordonnances des empereurs eurent chassé des Gaules la religion des druides, elle se retira au fond des bois de la Bretagne, où elle exerça encore longtemps son empire. On croit que le grand collége des druides y fut établi. Ce qu’il y a de certain, c’est que la Bretagne est remplie de pierres druidiques. Pomponius Mela et Strabon placent sur les côtes de la Bretagne l’île de Sayne, consacrée au culte des dieux gaulois. Nous reviendrons sur ce sujet.


29e. — page 131.

Nous nous retrouverons.

Nouveau regard sur l’action. Prédiction qui s’accomplit.


30e. — page 131.

Vous apercevez les plus beaux monuments.

Le pont du Gard, l’amphithéâtre de Nîmes, la Maison-Carrée et le Capitole de Toulouse, etc.


31e. — page 131.

Les huttes arrondies des Gaulois, leurs forteresses de solives et de pierres.

« Muris autem omnibus gallicis hæc fere forma est. Trabes directæ, perpetuæ in longitudinem, paribus intervallis, distantes inter se binos pedes, in solo collocantur. Hæ revinciuntur introrsus et multo aggere vestiuntur ; ea autem quæ diximus intervalla grandibus in fronte saxis effarciuntur, etc. » (In Bell. Gall., lib. VII). Aux pierres près, les paysans de la Normandie bâtissent encore ainsi leurs chaumières, et, comme le remarque César, cela fait un effet assez agréable à la vue.


32e. — page 131.

À la porte desquelles sont cloués des pieds de louves.

« Ils pendent au cou de leurs chevaux les têtes des soldats qu’ils ont tués à la guerre. Leurs serviteurs portent devant eux les dépouilles encore toutes couvertes du sang des ennemis… Ils attachent les trophées aux portes de leurs maisons, comme ils le font à l’égard des bêtes féroces qu’ils ont prises à la chasse. » (Diod., liv. v, trad. de Terras.) De là les pieds de loup, de renard, les oiseaux de proie, que l’on cloue encore aujourd’hui à la porte des châteaux.


33e. — page 131.

La jeunesse gauloise.

On a déjà parlé des écoles des Gaules. (Voyez la note xlviie du livre vii.)


34e. — page 132.

Un langage grossier, semblable au croassement des corbeaux.

C’est Julien qui le dit. (In Misopog.)


35e. — page 132.

Où l’eubage, etc.

On parlera plus bas de ces sacrifices.


36e. — page 132.

Le Gaulois devenu sénateur.

Si l’on en croit Suétone, César reçut dans le sénat des demi-barbares, « qui se dépouillèrent de leurs brayes pour prendre le laticlave. » (Suét., in Vita Cæsar.) Ce ne fut pourtant que sous le règne de Claude que les Gaulois furent admis légalement dans le sénat.


37e. — page 132.

J’ai vu les vignes de Falerne, etc.

L’empereur Probus fit planter des vignes aux environs d’Autun et c’est à lui que nous devons le vin de Bourgogne (Vopisc., in Vita Prob.). Mais il y avoit des vignes dans les Gaules bien avant cette époque ; car Pline dit que de son temps on aimoit le vin gaulois en Italie : in Italia gallicam placere (uvam) (lib. xiv). Il ajoute même qu’on avoit trouvé près d’Albi, dans la Gaule Narbonnoise, une vigne qui prenoit et perdoit sa fleur dans un seul jour, et qui par conséquent étoit presque à l’abri des gelées. On la cultivoit avec succès. (Ibid.) Domitien avoit fait arracher les vignes dans les provinces, et particulièrement dans les Gaules. L’olivier fut apporté à Marseille par les Phocéens. Ainsi l’olivier croissoit dans les Gaules avant qu’il fût répandu en Italie, en Espagne et en Afrique ; car selon Fenestella, cité par Pline, cet arbre étoit encore inconnu à ces pays sous le règne de Tarquin le Superbe (Plin., I. xv). Marseille fut fondée 600 ans avant Jésus-Christ, et Tarquin régnoit à Rome 590 avant Jésus-Christ.


38e. — page 132.

Ce que l’on admire partout dans les Gaules… ce sont les forêts.

Que les forêts étoient remarquables dans les Gaules, je le tire de plusieurs faits :

1o Les Gaulois avoient une grande vénération pour les arbres. On sait le culte qu’ils rendoient au chêne. Pline cite le bouleau, le frêne et l’orme gaulois pour la bonté (lib. xvi).

2o Les Gaulois apprirent des Marseillois à labourer et à cultiver la vigne et l’olivier (Justin, XLIII). Ils ne vivoient auparavant que de lait et de chasse ce qui suppose des forêts.

3o Strabon, parlant des Gaulois, met au nombre de leurs récoltes les glands, par lesquels il faut entendre, comme les Grecs et les Latins, tous les fruits des arbres glandifères. (Strabon, liv. IV.)

4o Pline, en parlant des foins, cite la faux des Gaulois comme plus grande et propre aux vastes pâturages de ce pays (lib. xviii, 27, 30). Or, tout pays abondant en pâturages est presque toujours entrecoupé de forêts.

5o Pomponius Mela dit expressément que la Gaule étoit semée de bois immenses consacrés au culte des dieux (lib. ii, cap. xi).

6o On voit souvent dans César et dans Tacite les armées traverser des bois.

7o On remarque la même chose dans l’expédition d’Annibal lorsqu’il passa d’Espagne en Italie.

8o Parmi les bois connus, je citerai celui de Vincennes, consacré dans toute l’antiquité au dieu Sylvain. (Mém. de l’Acad. des Inscrip., tome XIII, p. 329.)

9o Marseille fut fondée dans une épaisse forêt.

10o Selon saint Jérôme, les bois des Gaules étoient remplis d’une espèce de porcs sauvages très-dangereux.

11o La terminaison oel, si fréquente en langue celtique, veut dire bois. Quelques auteurs ont cru que le mot gaulois venoit du celte galt, qui signifie foret : j’ai adopté une autre étymologie de ce nom.

12o Presque tous les anciens monastères des Gaules furent pris sur des terres du désert, ab eremo, comme le prouve une foule d’actes cités par Du Cange, au mot eremus. Ces déserts étoient des bois, comme je l’ai prouvé dans le Génie du Christianisme.

13o Strabon fait mention de grandes forêts qui s’étendoient dans les pays des Morini, des Suessiones, des Caleti, depuis Dunkerque jusqu’à l’embouchure de la Seine, quoique, dit-il, les bois ne soient pas aussi grands ni les arbres aussi élevés qu’on l’a écrit (lib. IV).

14o Enfin, si nous jugeons des Gaules par la France, je n’ai point vu en Amérique de plus belles forêts que celles de Compiègne et de Fontainebleau. Nemours, qui touche à cette dernière, indique encore dans son nom son origine.


39e. — page 132.

On voit çà et là, dans leur vaste enceinte, quelques camps romains abandonnés.

Il y a une multitude de ces camps, connus par toute la France sous le nom de camps de César. Le plus célèbre est en Flandre.


40e. — page 132.

Les graines que les soldats, etc.

J’ai vu aussi dans les forêts d’Amérique de grands espaces abandonnés, où des colons avoient semé des graines d’Europe. Ces colons étoient morts loin de leur patrie, et les plantes de leur pays, qui leur avoient survécu, ne servoient qu’à nourrir l’oiseau des déserts.


41e. — page 132.

Je me souviens encore aujourd’hui d’avoir, etc.

J’ai été témoin d’une scène à peu près semblable : c’étoit au milieu des ruines de la villa Adriana, près de Tibur ou Tivoli, à quatre lieues de Rome. J’ai mis ici la musette, qui est gauloise, et que Diodore semble avoir voulu indiquer comme instrument de musique guerrière. Les montagnards écossois s’en servent encore aujourd’hui dans leurs régiments.


42e. — page 132.

Porte décumane.

On l’appeloit encore porte questorienne. Les camps romains avoient quatre portes : extraordinaire ou prétorienne, droite principale, gauche principale, questorienne ou décumane.


43e. — page 133.

Lorsqu’il porta la guerre chez les Vénètes.

« Hos ego Venetos existimo Venetiarum in Adriatico sinu esse auctores » (Strab., lib. IV, p. 195). D’après cet auteur, les Vénitiens seroient une colonie des Bretons de Vannes. Les Vénètes avoient une forte marine, et César eut beaucoup de peine à les soumettre. (De Bell. Gall.)

On retrouve le nom des Curiosolites dans celui de Corsent, petit village de Bretagne, où l’on a découvert des antiquités romaines. On y voit aussi des fragments d’une voie romaine, qui n’est pas tout à fait détruite.


44e. — page 133.

Cette retraite me fut utile.

Préparation qui annonce à la fois et le retour d’Eudore à la religion et la chute qui doit l’y ramener.


45e. — page 133.

Les soldats m’avertirent, etc.

Ici commence l’épisode de Velléda, qui n’est point oiseux comme celui de Didon, puisqu’il est intimement lié à l’action, et qu’il produit la conversion d’Eudore.


46e. — page 133.

Je n’ignorois pas que les Gaulois confient aux femmes, etc.

Saint-Foix a bien réuni les autorités :

« L’administration des affaires civiles et politiques avoit été confiée pendant assez longtemps à un sénat de femmes, choisies par les différents cantons. Elles délibéroient de la paix, de la guerre, et jugeoient les différends qui survenoient entre les vergobrets, ou de ville à ville. Plutarque dit qu’un des articles du traité d’Annibal avec les Gaulois portoit : Si quelque Gaulois a sujet de se plaindre d’un Carthaginois, il se pourvoira devant le sénat de Carthage établi en Espagne : si quelque Carthaginois se trouve lésé par un Gaulois, l’affaire sera jugée par le conseil suprême des femmes gauloises. » (Saint-Foix, Essais sur Paris.)


47e. — page 133.

Braves, comme tous les Gaulois, etc.

Cela ressemble bien aux Bretons d’aujourd’hui.


48e. — page 133.

Clair, pasteur de l’église des Rhedons.

Toujours la peinture des progrès de l’Église. Clair fut le second évêque de Nantes.


49e. — page 134.

Je la voyois jeter tour à tour en sacrifice dans le lac des pièces de toile, etc.

Il y a deux autorités principales pour ce passage : celle de Posidomus, cité par Strabon, et celle de Grégoire de Tours. Le savant Peloutier s’en est servi ; on peut les voir tome II, pages 101 et 107 de son ouvrage. On a voulu plaisanter sur les sacrifices de Velléda et trouver qu’ils étoient hors de propos : cette critique est bien peu solide. Ce n’est pas un voyage particulier que fait Velléda : elle va à une assemblée publique ; sa barque est chargée des dons des peuples, qu’elle offre pour ces peuples au lac ou à la divinité du lac.


50e. — page 134.

Sa taille étoit haute, etc. ; jusqu’à l’alinéa.

Les détails du vêtement de Velléda seront éclaircis dans les notes suivantes. Elle porte une robe noire parce qu’elle va dévouer les Romains. On a vu note LXXI du livre vi les femmes des Cimbres et des Bretons vêtues de robes noires. Ammien Marcellin a fait un portrait des Gauloises qui peut, au milieu de la grossièreté des traits, justifier le caractère de force et les passions décidées que je donne à Velléda : « La femme gauloise surpasse son mari en force ; elle a les yeux encore plus sauvages quand elle est en colère, sa gorge s’enfle, elle grince les dents, elle agite ses bras aussi blancs que la neige, et porte des coups aussi vigoureux que s’ils partoient d’une machine de guerre. » Il faut supposer que ces Gauloises étoient des femmes du peuple : il n’est guère probable que cette Éponine, si célèbre, si tendre, si dévouée, ressemblât pour la grossièreté aux Gauloises d’Ammien Marcellin. Si nous en croyons les vers des soldats romains, César, qui avoit aimé les plus belles femmes de l’Italie, ne dédaigna pas les femmes des Gaules. Sabinus, longtemps après, se vantoit d’être descendu de César. Enfin, nous avons un témoignage authentique, c’est celui de Diodore : il dit en toutes lettres que les Gauloises étoient d’une grande beauté : Feminas licet elegantes habeant.


51e. — page 134.

Une de ces roches isolées.

J’ai vu quelques-unes de ces pierres auprès d’Autun, deux autres en Bretagne, dans l’évêché de Dol, et plusieurs autres en Angleterre. On peut consulter Kesler, Ant. select. sept.


52e. — page 134.

Un jour le laboureur.

Scilicet et tempus veniet cum finibus illis
Agricola, incurvo terram molitus aratro, etc.


53e. — page 135.

Au-gui-l’an-neuf !

« Les druides, accompagnés des magistrats et du peuple, qui crioit au-gui-l’an-neuf, alloient dans une forêt, etc. » (Saint-Foix, tome I.)

Ne seroit-il pas possible que ce refrain ô gué ! qui termine une foule de vieilles chansons françoises, ne fût que le cri sacré de nos aïeux ?


54e. — page 135.

Des eubages.

« Nihil habent druidæ (ita suos appellant magos) visco et arbore in qua gignatur (si modo sit robur) sacratius. Jam per se roborum eligunt lucos, nec ulla sacra sine ea fronde conficiunt, ut inde appellati quoque interpretatione græca possint druidæ videri. Enim vero quidquid adnascatur illis, e cœlo missum putant, signumque esse electæ ab ipso deo arboris. Est autem id rarum admodum inventu, et repertum magna religione petitur : et ante omnia sexta luna, quæ principia mensium annorumque his facit, et seculi post tricesimum annum, quia jam virium abunde habeat, nec sit sui dimidia. Omnia sanantem appellantes suo vocabulo, sacrificiis epulisque rite sub arbore comparatis, duos admovent candidi coloris tauros, quorum cornua tunc primum vinciantur. Sacerdos candida veste cultus arborem scandit ; falce aurea demetit : candido id excipitur sago. Tum deinde victimas immolant, precantes ut suum donum Deus prosperum faciat his quibus dederit. »

Plin., lib. XVI.


55e. — page 135.

On planta une épée nue.

J’ai suivi quelques auteurs qui pensent que les Gaulois avoient, ainsi que les Goths, l’usage de planter une épée nue au milieu de leur conseil (Amm. Marcell., lib. xxxi, cap. xi, p. 622). Du mot latin mallus est venu notre mot mail ; et le mail est encore aujourd’hui un lieu planté d’arbres.


56e. — page 135.

Au pied du Dolmen.

« Lieu des fées ou des sacrifices. C’est ainsi que le vulgaire appela certaines pierres élevées, couvertes d’autres pierres plates fort communes en Bretagne, où ils disent que les païens offroient autrefois des sacrifices. » (Dict. franç. celt. du P. Rostrenen.)


57e. — page 136.

Malheur aux vaincus !

C’est le mot d’un Gaulois, en mettant son épée dans la balance des Romains : Væ victis !


58e. — page 136.

Où sont ces États florissants de la Gaule.

On voit partout dans les Commentaires de César les Gaules tenant des espèces d’états généraux, César allant présider ces états, etc. Quant au conseil des femmes, voyez la note 46e de ce livre.


59e. — page 136.

Où sont ces druides, etc.

« Illi rebus divinis intersunt, sacrificia publica ac privata procurant, religiones interpretantur ad hos magnus adolescentium numerus, discipline causa, concurrit ; magnoque ii sunt apud eos honore : nam fere de omnibus controversiis, publicis privatisque, constituunt ; et si quod est admissum facinus, si cædes facta, si de hæreditate, si de finibus controversia est, iidem decernunt ; præmia pœnasque constituunt. Si quis, aut privatus, aut publicus, eorum decreto non stetit, sacrificiis interdicunt. Hec pœna apud eos est gravissima : quibus ita est interdictum, ii numero impiorum ac sceleratorum habentur ; ab iis omnes decedunt, aditum eorum sermonemque delugiunt, ne quid ex contagione incommodi accipiant, neque iis petentibus jus redditur, neque honos ullus communicatur. His autem omnibus druidibus præcest unus, qui summam inter eos habet auctoritatem. Hoc mortuo, si quis ex reliquis excellit dignitate, succedit. At, si sunt plures pares, suffragio druidum adlegitur ; nonnunquam etiam de principatu armis contendunt. Hi certo anni tempore in finibus Carnutum, quæ regio totius Galliæ media habetur, considunt, in loco consecrato. Huc omnes undique qui controversias habent conveniunt, eorumque judiciis decretisque parent. Disciplina in Britannia reperta atque inde in Galliam translata esse existimatur ; et nunc qui diligentius eam rem cognoscere volunt plerumque illo, discendi causa, proficiscuntur.

« Druides a bello abesse consueverunt, neque tributa una cum reliquis pendunt ; militiæ vacationem omniumque rerum habent immunitatem. Tantis excitati præmiis, et sua sponte multi in disciplinam conveniunt et a parentibus propinquisque mittuntur. Magnum ibi numerum versuum ediscere dicuntur… Imprimis hoc volunt persuadere, non interire animas, sed ab aliis post mortem transire ad alios ; atque hoc maxime ad virtutem excitari putant, metu mortis neglecto. Multa præterea de sideribus atque eorum motu, de mundi ac terrarum magnitudine, de rerum natura, de deorum immortalium vi ac potestate disputant, et juventuti tradunt. » (Cæs., de Bello Gall., lib. vi, c. XIIIXIV.)

Tout ce passage de César est excellent et d’une clarté admirable ; il ne reste plus que très-peu de chose à connoître sur les classes du clergé gaulois, Diodore et Strabon, confirmés par Ammien Marcellin, compléteront le tableau.

« Leurs poëtes, qu’ils appellent bardes, s’occupent à composer des poëmes propres à leur musique ; et ce sont eux-mêmes qui chantent, sur des instruments presque semblables à nos lyres, des louanges pour les uns et des invectives contre les autres. Ils ont aussi chez eux des philosophes et des théologiens appelés saronides, pour lesquels ils sont remplis de vénération… C’est une coutume établie parmi eux que personne ne sacrifie sans un philosophe ; car, persuadés que ces sortes d’hommes connoissent parfaitement la nature divine et qu’ils entrent pour ainsi dire en communication de ses secrets, ils pensent que c’est par leur ministère qu’ils doivent rendre leurs actions de grâces aux dieux et leur demander les biens qu’ils désirent… Il arrive souvent que lorsque deux armées sont près d’en venir aux mains, ces philosophes se jetant tout à coup au milieu des piques et des épées nues, les combattants apaisent aussitôt leur fureur comme par enchantement et mettent les armes bas. C’est ainsi que même parmi les peuples les plus barbares la sagesse l’emporte sur la colère et les Muses sur le dieu Mars. » (Diod. de Sicile, liv. v, trad. de Terrasson). « Apud universos autem fere tria hominum sunt genera quæ in singulari habentur honore : bardi, vates et druidæ : horum bardi hymnos canunt, poetæque sunt ; vates sacrificant, et naturam rerum contemplantur ; druidæ præter hanc philosophiam etiam de moribus disputant. » (Strab., lib. IV.)

J’ai rendu par eubages οὐάτεις, du grec de l’édition de Casaubon, et que le latin rend par vates. Je ne vois pas pourquoi l’on veut, sur l’autorité d’Ammien, qui traduit à peu près Strabon, que le mot vates soit passé dans le grec au temps de ce géographe. Strabon, qui suivoit peut-être un auteur latin, et qui ne pouvoit pas traduire ce mot vates, l’a tout simplement transcrit. Les Latins de même copient souvent des mots grecs qui n’étoient pas pour cela passés dans la langue latine. D’ailleurs, quelques éditions ordinaires de Strabon portent euhage et eubage. Rollin n’a point fait de difficulté de s’en tenir au mot eubage.

Ammien Marcellin, confirmant le témoignage de Strabon, dit que les bardes chantoient les héros sur la lyre, que les devins ou eubages cherchoient à connoître les secrets de la nature, et que les druides, qui vivoient en commun, à la manière des disciples de Pythagore, s’occupoient de choses sublimes, et enseignoient l’immortalité de l’âme. (Amm. Marcell., lib. xv.)


60e. — page 136.

Ô île de Sayne, etc.

On a trois autorités pour cette île : Strabon, liv. iv ; Denys le Voyageur, v. 570, et Pomponius Mela. Comme je n’ai suivi que le texte de ce dernier, je ne citerai que lui. « Sena in Britannico mari, Osismicis adversa litteribus, Gallici numinis oraculo insignis est : cujus antistites, perpetua virginitate sanctæ, numero novem esse traduntur : Barrigenas vocant, putantque ingeniis singularibus præditas, maria ac ventos concitare carminibus, seque in qua velint animalia vertere, sanare quæ apud alios insanabilia sunt, scire ventura et prædicare : sed non nisi deditas navigantibus, et in id tantum ut se consulerent profectis. » (Pomponius Mel., III, 6.)

Strabon diffère de ce récit en ce qu’il dit que les prêtresses passoient sur le continent pour habiter avec des hommes. J’avois, d’après quelques autorités, pris cette île de Sayne pour Jersey ; mais Strabon la place vers l’embouchure de la Loire. Il est plus sûr de suivre Bochart (Géograph. sacr., pag. 740) et d’Anville (Notice de la Gaule, pag. 595), qui retrouvent l’île de Sayne dans l’île des Saints, à l’extrémité du diocèse de Quimper, en Bretagne.


61e. — page 136.

Vous allez mourir, etc.

Les Gaulois servoient surtout dans la cavalerie romaine ; car, selon Strabon, ils étoient meilleurs cavaliers que fantassins.


62e. — page 136.

Vous tracez avec des fatigues inouïes les routes, etc.

Il suffit de jeter les yeux sur la carte de Peutinger, sur l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, et sur le livre des Chemins de l’Empire, par Bergier, pour voir combien la Gaule étoit traversée de chemins romains. Il y en avoit quatre principaux qui partoient de Lyon, et qui alloient toucher aux extrémités des Gaules.


63e. — page 136.

Là, renfermés dans un amphithéâtre, on vous forcera, etc.

La plupart des gladiateurs étoient Gaulois ; mais Velléda ne dit pas tout à fait la vérité. Par un mépris abominable de la mort, ils vendoient souvent leur vie pour quelques pièces d’argent. On sait qu’Annibal fit battre des prisonniers gaulois, en promettant un cheval à celui qui tueroit son adversaire.


64e. — page 136.

Souvenez-vous que votre nom veut dire voyageur.

Il y en a qui conjecturent avec quelque probabilité que les Gaulois se sont ainsi appelés du mot celtique wallen, qui encore aujourd’hui dans la langue allemande signifie aller, voyager, passer de lieu en lieu. » (Mézeray, av. Clov., pag. 7.)


65e. — page 137.

Les tribus des Francs qui s’étoient établies en Espagne.

Les Francs avoient en effet pénétré jusqu’en Espagne vers ce temps-là, et y demeurèrent douze ans. Ils prirent et ruinèrent l’Aragon ; ensuite ils s’en retournèrent dans leur pays, probablement sur des vaisseaux (voyez Eutrope). Les circonstances les plus indifférentes dans Les Martyrs sont toutes fondées sur quelques faits. Je suis persuadé que sous ces rapports Virgile et Homère n’ont rien inventé : c’est ce qui fait que leurs poëmes sont aujourd’hui des autorités pour l’histoire.


66e. — page 137.

Que les peuples étrangers nous accordent, etc.

C’est le mot de Bojocalus. Ce vieillard germain avoit porté cinquante ans les armes dans les légions romaines. Les Anticéariens, ses compatriotes, ayant été chassés de leur pays par les Cauces, vinrent s’établirent avec Bojocalus, qui les conduisoit sur des terres vagues abandonnées par les Romains. Les Romains ne vouloient pas les leur donner, malgré les remontrances de Bojocalus, mais ils offrirent à celui-ci des terres pour lui-même. Le vieux Germain, indigné, alla rejoindre ses compatriotes fugitifs, en s’écriant : « Terre ne peut nous manquer pour y vivre ou pour y mourir. »


67e. — page 137.

À la troisième fois le héraut d’armes, etc.

« Si quis enim dicenti obstrepat aut tumultuetur, lictor accedit stricto cultro. Minis adhibitis tacere eum jubet ; idque iterum ac tertio facit eo non cessante ; tandem a sago ejus tantum amputat, ut reliquum sit inutile. » (Strab., lib. IV, pag. 135.)


68e. — page 137.

La foule demande à grands cris, etc.

Les druides sacrifioient des victimes humaines. Ils choisissoient de préférence des malfaiteurs pour ces sacrifices, mais à leur défaut on prenoit des innocents. C’est Tertullien et saint Augustin qui nous apprennent de plus que ces victimes innocentes étoient des vieillards.


69e. — page 137.

Que Dis, père des ombres.

Les Gaulois reconnoissoient Dis ou Pluton pour leur père : c’étoit à cause de cela qu’ils comptoient le temps par nuits, et qu’ils sacrifioient toujours dans les ténèbres. Cette tradition est celle de César. On dit que César s’est trompé ; mais il pourroit bien se faire que l’opinion opposée ne fût qu’un système soutenu de beaucoup d’érudition.


70e. — page 138.

Elles étoient chrétiennes.

C’est toujours le sujet.


71e. — page 138.

Puisqu’ils avoient été proscrits par Tibère même et par Claude.

Les éditions précédentes portoient : « et par Néron ; » c’étoit une erreur. Dès l’an 657 de Rome, le sénat donna un décret pour abolir les sacrifices humains dans la Gaule Narbonnoise. Pline nous apprend que Tibère extermina tous les druides, et Suétone attribue les édits de proscription à Claude. (In Claudio, cap. 26.)


72e. — page 138.

Le premier magistrat des Rhédons.

Ce magistrat s’appeloit Vergobret. (César, Comment., liv. i.)