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Mécanique analytique/Partie 2/Section 12

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Gauthier-Villars et Fils (Œuvres de Lagrange. Tome XIIp. 323-340).
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Deuxième partie


SECTION DOUZIÈME.

DU MOUVEMENT DES FLUIDES COMPRESSIBLES ET ÉLASTIQUES


1. Pour appliquer à cette sorte de fluides l’équation générale de l’article 2 de la Section précédente, on observera que le terme S doit y être effacé, puisque la condition de l’incompressibilité à laquelle ce terme est dû n’existe plus dans l’hypothèse présente ; mais, d’un autre côté, il y faudra tenir compte de l’action de l’élasticité, qui s’oppose à la compression et qui tend à dilater le fluide.

Soit donc l’élasticité d’une particule quelconque du fluide ; comme son effet consiste à augmenter le volume de cette particule, et, par conséquent, à diminuer la quantité il en résultera pour cette particule le moment à ajouter au premier membre de la même équation. De sorte qu’on aura pour toutes les particules le terme intégral S à substituer à la place du terme S Or, étant égal à il est clair que l’équation générale demeurera de la même forme, en y changeant simplement en On parviendra donc aussi, par les mêmes procédés, à trois équations finales semblables aux équations (A), savoir

(a)

Et il faudra de même que la valeur de soit nulle à la surface du fluide, si le fluide y est libre ; mais s’il est contenu par des parois, la valeur de sera égale à la résistance que les parois exercent pour contenir le fluide, ce qui est évident, puisque exprime la force d’élasticité de ses particules.

2. Dans les fluides compressibles, la densité est toujours donnée par une fonction connue de dépendante de la loi de l’élasticité du fluide et de celle de la chaleur, qui est supposée régner à chaque instant dans tous les points de l’espace. Il y a donc quatre inconnues à déterminer en et, par conséquent, il faut encore une quatrième équation pour la solution complète du problème. Pour les fluides incompressibles, la condition de l’invariabilité du volume a donné l’équation (B) de l’article 3, et celle de l’invariabilité de la densité d’un instant à l’autre a donné l’équation (H) de l’article 11. Dans les fluides compressibles, aucune de ces deux conditions n’a lieu en particulier, parce que le volume et la densité varient à la fois ; mais la masse qui est le produit de ces deux éléments doit demeurer invariable. Ainsi l’on aura

Donc, en différentiant logarithmiquement

et substituant la valeur de [cette valeur est la même que celle de de l’article 2 de la section précédente, en y changeant en ], on aura l’équation

(b)

laquelle répond à l’équation (B) de l’article 3 de la Section citée, celle-là étant relative à l’invariabilité du volume, et celle-ci à l’invariabilité de la masse.

3. Si l’on regarde les coordonnées comme des fonctions des coordonnées primitives et du temps écoulé depuis le commencement du mouvement, les équations (a) deviendront, par des procédés semblables à ceux de l’article 5 de la Section précédente, de cette forme

(c)

ou de celle-ci, plus simple,

(d)

ces transformées étant analogues aux transformées (C) et (D) de l’endroit cité.

À l’égard de l’équation (b), en y appliquant les transformations de l’article 3 de la Section précédente, elle se réduira à cette forme

les différentielles et étant relatives uniquement à la variable de sorte qu’en intégrant, on aura

Lorsque nous avons vu dans l’article cité que devient donc,

si l’on suppose que soit alors la valeur de on aura

et l’équation deviendra ou bien

c’est-à-dire, en substituant pour sa valeur

(e)

transformée analogue à la transformée (E) de l’article cité.

Enfin il faudra appliquer aussi à ces équations ce qu’on a dit, dans l’article 8 de la même Section, relativement à la surface du fluide.

4. Mais si l’on veut, ce qui est beaucoup plus simple, avoir des équations entre les vitesses des particules suivant les directions des coordonnées en regardant ces vitesses, ainsi que les quantités et comme des fonctions de on emploiera les transformations de l’article 10 de la Section précédente, et les équations (a) donneront sur-le-champ ces transformées, analogues aux transformées (F) de ce dernier article,

(f)

Dans l’équation (b), outre la substitution de au lieu de et le changement de en il faudra encore mettre pour sa valeur complète

et l’on aura, en divisant par cette transformée

laquelle, étant multipliée par se réduit à cette forme plus simple

(g)

À l’égard de la condition relative au mouvement des particules à la surface, elle sera représentée également par l’équation (I) de l’article 12 de la Section précédente, savoir

(i)

en supposant que soit l’équation de la surface.

5. Il est aisé de satisfaire à l’équation (g), en supposant

étant des fonctions de Par ces substitutions, l’équation dont il s’agit deviendra

laquelle est intégrable relativement à et dont l’intégrale donnera

étant une fonction de sans dépendante de la loi de la densité initiale du fluide.

On aura ainsi

Donc, substituant ces valeurs dans les équations (f) et mettant de plus pour sa valeur en fonction de (art. 2), on aura trois équations aux différences partielles entre les inconnues et les quatre variables et la solution du problème ne dépendra plus que de l’intégration de ces équations ; mais cette intégration surpasse les forces de l’Analyse connue.

6. En faisant abstraction de la chaleur et des autres circonstances qui peuvent faire varier ’élasticité indépendamment de la densité, la valeur de l’élasticité sera donnée par une fonction de la densité de sorte que sera une différentielle à une seule variable, et, par conséquent, intégrable, dont nous supposerons l’intégrale exprimée par

Soit, de plus, la quantité une différentielle complète, dont l’intégrale soit comme dans l’article 15 de la Section précédente.

Les équations (f) de l’article 4, étant multipliées respectivement par et ensuite ajoutées ensemble, donneront, après la division par une équation de la forme

(l)

dont le premier membre étant intégrable, il faudra que le second le soit aussi. Ainsi l’on aura de nouveau le cas de l’équation (L) de l’article 15 de la Section précédente, et l’on parviendra, par conséquent, à des résultats semblables.

7. Donc, en général, si la quantité se trouve dans un instant quelconque une différentielle complète, ce qui a toujours lieu au commencement du mouvement lorsque le fluide part du repos ou qu’il est mis en mouvement par une impulsion appliquée à la surface, alors la même quantité devra être toujours une différentielle complète (Section précédente, art. 17 et 18).

Dans cette hypothèse on fera, comme dans l’article 20 de la Section précédente,

ce qui donne

et l’équation (l), étant intégrée après ces substitutions, donnera

(m)

valeur qui satisfera en même temps aux trois équations (f) de l’article 4.

Or étant égal à sera une fonction de puisque est une fonction connue de donc sera une fonction de Substituant donc la valeur de tirée de l’équation précédente, ainsi que celles de dans l’équation (g) de l’article 4, on aura une équation aux différences partielles de laquelle, ne contenant que cette inconnue, suffira pour la déterminer ; de sorte que toute la difficulté sera réduite à cette unique intégration.

8. Dans les fluides élastiques connus, l’élasticité est toujours proportionnelle à la densité ; de sorte qu’on a pour ces fluides étant un coefficient constant qu’on déterminera en connaissant la valeur de l’élasticité pour une densité donnée.

Ainsi, pour l’air, l’élasticité est égale au poids de la colonne de mercure dans le baromètre ; donc, si l’on nomme la hauteur du baromètre pour une certaine densité de l’air qu’on prendra pour l’unité, la densité du mercure, c’est-à-dire le rapport numérique de la densité du mercure à celle de l’air, rapport qui est le même que celui des gravités spécifiques, et la force accélératrice de la gravité, on aura, lorsque

où l’on remarque que est la hauteur de l’atmosphère supposée homogène. De sorte qu’en désignant cette hauteur par on aura plus simplement

Donc, puisque on aura

Or l’équation (g) de l’article 4 peut se mettre sous la forme

Donc, substituant à la place de et multipliant par elle deviendra

Il n’y aura donc plus qu’à substituer pour sa valeur trouvée ci-dessus, et cette substitution donnera l’équation finale en

(n)

laquelle contient seule la théorie du mouvement des fluides élastiques dans l’hypothèse dont il s’agit.

9. Lorsque le mouvement du fluide est très petit, et qu’on n’a égard qu’aux quantités très petites du premier ordre, nous avons vu, dans l’article 21 de la Section précédente, que la quantité est aussi nécessairement une différentielle complète. Dans ce cas donc, les formules précédentes auront toujours lieu, de quelque manière que le mouvement du fluide ait été engendré, pourvu qu’il soit toujours très petit, et que, par conséquent, la fonction soit elle-même très petite.

Dans la théorie du son, on suppose que le mouvement des particules de l’air est très petit ; ainsi, regardant dans l’équation (n) la quantité comme très petite, et négligeant les termes où elle monte au delà de la première dimension, on aura pour cette théorie l’équation générale

Or, en négligeant de même les secondes dimensions de dans la valeur de de l’article 7, on aura simplement (art. 8)

On peut supposer que la fonction soit nulle dans l’état de repos ou d’équilibre. On aura donc aussi dans cet état

et par conséquent

Lorsque l’air est en vibration, soit sa densité naturelle augmentée en raison de à étant une quantité fort petite ; on aura donc, en général,

et de là, en négligeant le carré et les puissances supérieures de on aura

À l’égard de la valeur de qui dépend des forces accélératrices, en supposant le fluide pesant et prenant, pour plus de simplicité, les ordonnées verticales et dirigées de haut en bas, on aura, par la formule de l’article 23 (Section précédente),

étant la force accélératrice de la gravité. Donc l’équation du son sera

Ayant déterminé par cette équation, on aura les vitesses de l’air, ainsi que sa condensation par les formules

10. Si l’on ne veut avoir égard qu’au mouvement horizontal de l’air, on supposera que la fonction ne contienne point mais seulement Alors l’équation en deviendra

Mais, avec cette simplification même, elle est encore trop compliquée pour pouvoir s’intégrer rigoureusement[1].

Au reste, cette équation est entièrement semblable à celle du mouvement des ondes dans un canal horizontal et peu profond. Voir la Section précédente, article 37.

Jusqu’à présent, on n’a pu résoudre complètement que le cas où l’on ne considère dans la masse de l’air qu’une seule dimension, c’est-à-dire celui d’une ligne sonore, dont les particules ne font que des excursions longitudinales.

Dans ce cas, en prenant cette même ligne pour l’axe la fonction ne contiendra point et l’équation ci-dessus se réduira à

laquelle est semblable à celle des cordes vibrantes et a pour intégrale complète

en dénotant par les caractéristiques ou signes et deux fonctions arbitraires.

Cette formule renferme deux théories importantes, celle du son des flûtes ou tuyaux d’orgue, et celle de la propagation du son dans l’air libre. Il ne s’agit que de déterminer convenablement les deux fonctions arbitraires ; et voici les principes qui doivent guider dans cette détermination.

11. Pour les flûtes, on ne considère que la ligne sonore qui y est contenue ; on suppose que l’état initial de cette ligne soit donné, cet état dépendant des ébranlements imprimés aux particules, et l’on demande la loi des oscillations.

Faisons commencer les abscisses à l’une des extrémités de cette ligne, et soit sa longueur, c’est-à-dire celle de la flûte, égale à Les condensations et les vitesses longitudinales seront donc données, lorsque depuis jusqu’à nous les nommerons et

Maintenant, puisque et si l’on différentie l’expression générale de de l’article précédent, et qu’on désigne par et les différentielles des fonctions marquées par et en sorte que on aura

Faisant et changeant en et en , on aura

Ainsi, comme et sont données pour toutes les abscisses depuis jusqu’à on aura aussi dans cette étendue les valeurs de et de par conséquent, on aura les valeurs de et pour une abscisse et un temps quelconques, tant que seront renfermées dans les limites et

Mais, le temps croissant toujours, les quantités et sortiront bientôt de ces limites, et la détermination des fonctions

dépendra alors des conditions qui doivent avoir lieu aux extrémités de la ligne sonore, selon que la flûte sera ouverte ou fermée.

12. Supposons d’abord la flûte ouverte par ses deux bouts, en sorte que la ligne sonore y communique immédiatement avec l’air extérieur il est clair que son élasticité, dans ces deux points, ne pouvant être contre-balancée que par la pression constante de l’atmosphère, la condensation y devra toujours être nulle. Il faudra donc que l’on ait, dans ce cas, lorsque et lorsque quelle que soit la valeur de ce qui donne les deux conditions à remplir

lesquelles devront subsister toujours, ayant une valeur positive quelconque.

Donc, en général, en prenant pour une quantité quelconque positive, on aura

Donc, 1o tant que est plus petit que on connaîtra les valeurs de et de puisqu’elles se réduisent à celles de et de qui sont données.

Mettons dans ces formules au lieu de elles donneront

Donc, 2o tant que sera plus petit que on connaîtra aussi les valeurs de et de puisqu’elles se réduisent à celles de et de qui sont données.

Mettons de nouveau dans les dernières formules pour en les combinant avec les premières, puisque peut être quelconque, on aura

Donc, 3o tant que sera plus petit que on connaîtra encore les valeurs de et de puisqu’elles se réduisent aux valeurs données de et de

On trouvera de même, en mettant derechef pour

D’où l’on connaîtra les valeurs de et de tant que sera plus petit que et ainsi de suite.

On aura donc de cette manière les valeurs des fonctions et de quel que soit le temps écoulé depuis le commencement du mouvement de la ligne sonore ; ainsi l’on connaîtra pour chaque instant l’état de cette ligne, c’est-à-dire les vitesses et les condensations de chacune de ses particules.

Il est visible, par les formules précédentes, que les valeurs de ces fonctions demeureront les mêmes en augmentant la quantité de ou de de sorte que la ligne sonore reviendra exactement au même état après chaque intervalle de temps déterminé par l’équation

ce qui donne pour cet intervalle.

Ainsi la durée des oscillations de la ligne sonore est indépendante des ébranlements primitifs, et dépend seulement de la longueur a de cette ligne et de la hauteur de l’atmosphère.

En supposant la force accélératrice de la gravité égale à l’unité, il faut prendre pour l’unité des espaces le double de celui qu’un corps pesant parcourt librement dans le temps qu’on prend pour l’unité (Sect. II, art. 2). Donc, si l’on prend, ce qui est permis, pour l’unité des espaces, l’unité des temps sera celui qu’un corps pesant met à descendre de la hauteur et le temps d’une oscillation de la ligne sonore sera exprimé par ou, ce qui revient au même, le temps d’une oscillation sera à celui de la chute d’un corps par la hauteur comme à

13. Si la flûte était fermée par ses deux bouts, alors les condensations pourraient y être quelconques, puisque l’élasticité des particules y serait soutenue par la résistance des cloisons ; mais, par la même raison, les vitesses y devraient être nulles, ce qui donnerait de nouveau les conditions

Ces formules reviennent à celles que nous avons examinées ci-dessus, en y supposant seulement la fonction marquée par négative. Ainsi il en résultera des conclusions semblables, et l’on aura encore la même expression pour la durée des oscillations de la fibre sonore.

Il n’en serait pas de même si la flûte était ouverte par un bout et fermée par l’autre.

Il faudrait alors que fût toujours nulle dans le bout ouvert, et que le fût dans le bout fermé.

Ainsi, en supposant la flûte ouverte à la distance et fermée à la distance on aura les conditions

d’où, par une analyste semblable à celle de l’article 12, on tirera les formules suivantes

et ainsi de suite.

Or, tant que est plus petit que les fonctions et sont données par l’état primitif de la fihre sonore ; donc on connaîtra aussi par leur moyen les valeurs des autres fonctions

et, par conséquent, on aura l’état de la fibre après un temps quelconque

Mais on voit, par les formules précédentes, que cet état ne reviendra le même qu’après un intervalle de temps déterminé par l’équation

d’où il s’ensuit que la durée des vibrations sera une fois plus longue

que dans les flûtes ouvertes ou fermées par les deux bouts, et c’est ce que l’expérience confirme à l’égard des jeux d’orgue qu’on nomme bourdons, et qui, étant bouchés par leur extrémité supérieure opposée à la bouche, donnent un ton d’une octave plus bas que s’ils étaient ouverts.

Voir, au reste, sur la théorie des flûtes, les deux premiers Volumes de Turin, les Mémoires de Paris pour 1762, et les Novi Commentarii de Pétersbourg, tome XVI.

14. Considérons maintenant une ligne sonore d’une longueur indéfinie, qui ne soit ébranlée au commencement que dans une très petite étendue ; on aura le cas des agitations de l’air produites par les corps sonores.

Supposons donc que les agitations initiales ne s’étendent que depuis jusqu’à étant une quantité très petite. Les vitesses et les condensations initiales seront donc données pour toutes les abscisses tant positives que négatives ; mais elles n’auront de valeurs réelles que depuis jusqu’à hors de ces limites, elles seront tout à fait nulles. Il en sera donc aussi de même des fonctions et puisqu’en faisant on a

et par conséquent

D’où il s’ensuit qu’en prenant pour une quantité positive, moindre que les fonctions et n’auront de valeurs réelles que tant qu’on aura Par conséquent, après un temps quelconque les vitesses et les condensations seront nulles pour tous les points de la ligne sonore, excepté pour ceux qui répondront aux abscisses

On explique par là comment le son se propage, et comment il se forme successivement, de part et d’autre du corps sonore et dans des temps égaux, des fibres sonores égales en longueur à la fibre initiale

La vitesse de la propagation de ces fibres sera exprimée par le coefficient elle sera, par conséquent, constante et indépendante du mouvement primitif, ce que l’expérience confirme, puisque tous les sons forts ou faibles paraissent se propager avec une vitesse sensiblement égale.

Quant à la valeur absolue de cette vitesse, en faisant, comme dans l’article 12, et elle deviendra aussi égale à Or l’unité des vitesses est ici celle qu’un corps pesant doit acquérir en tombant de la moitié de l’espace qui est pris pour l’unité (Sect. II, art. 2). Donc la vitesse du son sera due à la hauteur

15. En supposant, avec la plupart des physiciens, l’air fois plus léger que l’eau, et l’eau fois plus légère que le mercure, on a à pour le rapport du poids spécifique de l’air à celui du mercure. Or, prenant la hauteur moyenne du baromètre de pouces de France, il vient pouces ou pieds pour la hauteur d’une colonne d’air uniformément dense et faisant équilibre à la colonne de mercure dans le baromètre. Donc la vitesse du son sera due à une hauteur de pieds et sera, par conséquent, de par seconde.

L’expérience donne environ ce qui fait une différence de près d’un sixième ; mais cette différence ne peut être attribuée qu’à l’incertitude des résultats fournis par l’expérience. Sur quoi voir surtout un Mémoire de feu M. Lambert, parmi ceux de l’Académie de Berlin pour 1768[2].

16. Si la ligne sonore était terminée d’un côté par un obstacle immobile, alors la particule d’air contiguë à cet obstacle n’aurait aucun mouvement ; par conséquent, si est la valeur de l’abscisse qui y répond, il faudra que la vitesse soit nulle lorsque quel que soit ce qui donnera la condition

Or on a vu (art. 14) que la fonction a une valeur réelle tant que

donc, puisque

la fonction aura aussi des valeurs réelles lorsque

c’est-à-dire lorsque

Par conséquent, la fonction sera non seulement réelle lorsque

mais encore lorsque

d’où il suit que, dans ce cas, les vitesses et les condensations seront aussi réelles pour les abscisses

Ainsi la fibre sonore, après avoir parcouru l’espace sera comme réfléchie par l’obstacle qu’elle rencontre, et rebroussera avec la vitesse, ce qui donne l’explication bien naturelle des échos ordinaires.

On expliquera de la même manière les échos composés, en supposant que la ligne sonore soit terminée des deux côtés par des obstacles immobiles qui réfléchiront successivement les fibres sonores et leur feront faire des espèces d’oscillations continuelles. Sur quoi on peut voir les Ouvrages cités plus haut (art. 13), ainsi que les Mémoires de l’Académie de Berlin pour 1759 et 1765.


Séparateur

  1. Cette équation a été intégrée par Poisson, ainsi que l’équation plus générale dans laquelle on suppose fonction de et Voir les nouveaux Mémoires de l’Académie des Sciences, t. III. (J. Bertrand.)
  2. Laplace a fait connaître la cause probable de cette discordance entre le calcul et l’observation. Voir le cinquième Volume de la Mécanique céleste, livre XII, Chapitre III. (J. Bertrand.)