Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine & Vies de plusieurs frères/Texte entier

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Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine & Vies de plusieurs frères

historique

SUR LA COMMUNAUTÉ

St.-Antoine
&

DE PLUSIEURS FRÈRES

MÉMOIRE


HISTORIQUE,


Sur la ci-devant Communauté


DES ÉCOLES CHRÉTIENNES


DU FAUBOURG S.-ANTOINE ;


Par le citoyen RENAUD, ancien Instituteur.






A PARIS,

Chez l’Auteur, rue de Lape, N° 29.


Premier Germinal an XII.

MÉMOIRE

HISTORIQUE,

Sur la ci-devant Communauté

DES ÉCOLES CHRÉTIENNES

DU FAUBOURG S.-ANTOINE.





LA Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine n’étoit qu’une association purement libre et volontaire, qui, n’étant liée par aucun vœu, et n’ayant ni Lettres patentes, ni possessions communes, n’eut j’amais qu’une existence incertaine et précaire, et ne fit point corporation dans l’Etat. Ce n’étoit qu’une société d’amis, que le desir de s’édifier mutuellement, et l’amour du bien public, réunissoient ensemble, pour l’opérer avec plus de facilité, et moins de frais. Intimément persuadés que rien ne peut y concourir plus efficacement que la pureté des mœurs, ils croyoient qu’en s’appliquant soigneusement à cultiver l’esprit de la jeunesse par la connoissance des lettres humaines, ils devoient être encore plus attentifs à lui former le cœur par la pratique de la vertu. Ainsi en se dévouant si gratuitement à la culture de ces jeunes plantes, ils n’avoient d’autre ambition que d’en faire des chrétiens fideles, et des citoyens vertueux, exacts à tous les devoirs de la religion et de la société : c’étoit-là le but principal auquel ils rapportoient tout le reste. Nulles veilles, nuls soins, nulles peines, nulles fatigues, nul travail ne leur coûtoient pour y atteindre. Pour s’instruire solidement eux-mêmes de tous ces devoirs, ainsi que de toutes les autres vérités de la religion et de la morale chrétienne, et les présenter ensuite à la jeunesse dans toute leur pureté et leur exactitude, sans aucun mélange des opinions humaines, ils les étudioient sans cesse, et les puisoient abondamment dans les sources sacrées des divines Ecritures, sur-tout dans le saint Evangile, dont la méditation faisoit leurs plus cheres délices, et dans les Ecrits des Apôtres, qu’ils méditoient avec le même respect et la même affection, comme en étant les prédicateurs et les interprêtes infaillibles.

Mais, de peur de se méprendre sur le sens de ces divins oracles, pour en avoir la vraie intelligence, ils lisoient assidûment les ouvrages des SS. Peres, comme en étant les commentaires les plus exacts et les plus sûrs. Ils ne tenoient nul autre guide pour sage et éclairé, qu’autant qu’il en empruntoit la lumiere, et marchoit exactement sur leurs pas dans la voie étroite de l’Evangile dont ces SS. ne s’écarterent jamais. Quiconque prétendant avoir des lumières plus sûres, faisoit profession de s’éloigner de cette voie, pour conduire dans une autre plus large, plus douce, plus commode, plus facile, n’étoit, à leurs yeux, digne que de mépris et d’horreur. Cependant, quoique pleins de respect et de vénération pour tous ces SS. docteurs dont ils lisoient les ouvrages, ils s’attachoient néanmoins plus particulierement à la lecture de ceux de saint Augustin, dont les principes clairs et lumineux sur toutes les vérités de la religion fournissent des armes invincibles contre toutes les erreurs passées, présentes et à venir.

Comme la plûpart d’entr’eux n’entendoient que leur langue maternelle, ils avoient tous le plus tendre attachement et la plus vive reconnoissance pour ces savans respectables du XVIIe siecle, qui, s’élevant au-dessus des préjugés de leurs temps, se sont immortalisés en traduisant exactement et purement en français, la Bible, les offices de l’Eglise, une grande partie des ouvrages de S. Augustin et des autres Peres de l’Eglise ; alimens solides de leur piété, et dont, sans ce précieux bienfait, la plûpart d’entr’eux, qui s’en nourrissoient assidûment, n’auroient pu faire aucun usage.

Cette association ou communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine étoit composée, 1o. des Vétérans qui avoient tenu les Ecoles, 2o. des Instituteurs qui les tenoient, 3o. des Eleves destinés à les tenir.

Il y avoit à la tête de la Communauté un Supérieur pour la gouverner et la conduire ; et, à la tête du Noviciat, un Maître pour l’instruire et le former.

Nul n’y était reçu que sur le témoignage avantageux de personnes vertueuses et bien connues de la Communauté.

L’âge ordinaire de réception étoit de 18 à 20 ans, ou, par extension, de 17 à 21. On n’y recevoit personne au-dessous ni au-dessus de cet âge, qu’autant qu’on y étoit déterminé par la considération de vertus et de connoissances acquises.

On n’exigeoit d’eux ni dot, ni pension : ils étoient reçus gratuitement, et sans les obliger à autre chose qu’à pourvoir à leur entretien pour l’habillement pendant le noviciat.

Le temps du noviciat n’étoit point limité : on y restoit jusqu’à ce qu’on fut en état de tenir une Ecole, et qu’on en fût chargé.

Quand une Ecole venoit à vaquer, on choisissoit parmi les éleves celui qu’on en jugeoit le plus capable pour l’y placer. A mérite, capacité, instruction à-peu-près égales, le plus ancien de réception avoit la préférence.

La Communauté avoit toujours la liberté de congédier ceux qui ne lui convenoient pas ; et ceux qui lui convenoient avoient toujours la liberté de se retirer. Personne ne pouvoit y rester malgré elle, ni y être retenu malgré lui.

Tous ceux qui, par défaut de conduite ou de capacité, paroissoient n’être pas propres à l’état, étoient priés de se retirer ; et ceux dont la conduite exacte étoit accompagnée d’une capacité convenable, avoient la liberté de rester.

Tout Postulant, qui étoit reçu, étoit conduit, en arrivant, à la chapelle de la Communauté, pour s’y offrir à Dieu, et lui demander la grace de connoître sa volonté.

Pour le mettre tout de suite à même de juger si la vie de la Maison lui conviendroit ou non, le premier livre qu’on lui mettoit entre les mains, étoit la Regle de la Communauté, qui en marquoit tous les exercices et tous les devoirs, ainsi que la maniere dont on devoit s’en acquitter.

Après cette lecture, s’il étoit animé du même esprit de zele, de charité et de désintéressement dont on usoit à son égard, il bénissoit Dieu de lui avoir fait trouver le précieux trésor qu’il cherchoit, et ne pensoit qu’à se rendre digne de le posséder pour toujours. Si, animé d’un esprit tout opposé, il n’étoit venu qu’avec des pensées d’ambition et de fortune, ou d’une vie oisive et toute sensuelle, n’appercevant dans cette lecture qu’une route qui l’en éloignoit, ou il s’élevoit à des pensées plus nobles et plus chrétiennes, ou il retournoit sur ses pas.

Tous les momens de la journée étoient tellement remplis par les différens exercices de la Communauté, qu’il n’y restoit aucun vuide.

Pendant toute l’année, excepté les vacances, on se levoit tous les jours au son de la cloche, à cinq heures du matin. On se hâtoit de s’habiller et de faire son lit, pour être rendu au plus tard à cinq heures un quart à la salle d’exercice pour la Priere du matin, qui s’y faisoit en commun, et dont le commencement, au quart précis, étoit annoncé par un coup de cloche. Le Supérieur, le Maître des Novices, et deux anciens, la faisoient tour à tour, chacun leur semaine, et la terminoient par une priere dressée sur le plan de l’Angelus, pour honorer le mystere de la Résurrection.

La Priere du matin étoit suivie de la lecture de deux paragraphes du Nouveau Testament, sur lesquels chacun méditoit ensuite pendant un quart d’heure en silence. La plûpart s’aidoient en cela de l’excellent livre des Réflexions morales, ou des ouvrages des SS. Peres, dont il est comme la quintescence.

On terminoit cette méditation par les Offices de Laudes, Prime et Tierce, que l’on psalmodioit très-posément, ainsi que tous les autres offices, à deux chœurs, en français, afin que tous pussent également en profiter. Pour la même raison, toutes les autres Prieres de la Communauté et des Ecoles se faisoient aussi en français, n’y ayant que cette langue intelligible à tous, qui pût, suivant l’intention de l’Eglise, en rendre toutes les parties propres à faire passer, par le moyen des sens, dans l’ame de tous ceux qui y participoient, les lumieres de l’instruction chrétienne, et tous les sentimens d’une véritable piété[1] : effets précieux, que des termes latins n’auroient jamais pu produire dans l’ame de ceux qui ne les entendoient pas.

Excepté les dimanches et fêtes, on se bornoit à un seul pseaume pour chacune des petites heures, et à deux pour chacun des deux grands Offices, Laudes et Vêpres. En se bornant ainsi à un tiers d’office par semaine, on le récitoit en entier tous les trois semaines. On aimoit mieux en faire moins, et le bien faire.

L’intervalle d’environ une heure qui restoit depuis Tierce jusqu’à sept heures étoit employé à l’étude.

Chacun des Maîtres lisoit en particulier un chapitre de l’Ecriture-Sainte, et se préparoit ensuite au catéchisme qu’il devoit faire à son Ecole.

Tous apprenoient par cœur un même paragraphe du Catéchisme de Montpellier, qu’on leur faisoit répéter en commun après l’étude.

Après avoir satisfait à ces trois articles, ce qu’il restoit de temps, plus ou moins à chacun, selon qu’il avoit plus ou moins de facilité, étoit employé à s’avancer et à se perfectionner de plus en plus dans l’étude de la religion, par la lecture des ouvrages les plus instructifs et les plus solides, sur-tout des SS. Peres.

Les Eleves, de leur côté, employoient cette heure d’étude à apprendre par cœur chacun douze versets du Nouveau Testament, et quatre demandes du Catéchisme du diocese : versets et demandes qui, étant les mêmes pour tous, étoient également répétés en commun par tous après l’étude. Le reste de cette heure étoit employé aux lectures que leur Maître avoit prescrites à chacun, selon son degré d’instruction ou de capacité ; sur-tout à apprendre par cœur l’abrégé de l’Ancien Testament de Mesengui, et dont ils rendoient compte le dimanche. Ceux qui depuis leur entrée au Noviciat avoient ainsi appris par cœur l’Ancien et le Nouveau Testament, apprenoient le paragraphe du Catéchisme de Montpellier pour le répéter en commun avec les Maîtres. Ceux qui ayant été élevés dans les Ecoles, soit du Faubourg, soit d’Auxerre, ou d’autres tenues ailleurs par d’anciens confreres de la Communauté, y avoient appris exactement par cœur ces deux livres, au-lieu de les apprendre de nouveau, apprenoient tout de suite le Catéchisme de Montpellier avec les Maîtres.

Au coup de sept heures, le Supérieur faisoit répéter le paragraphe du Catéchisme de Montpellier aux Maîtres et à ceux des Eleves qui l’avoient appris ; mais sans suivre dans ses interrogations un ordre fixe, pour tenir tout son monde en haleine, et obliger d’apprendre exactement. Le lendemain, ils apprenoient et répétoient de même le paragraphe suivant ; et le troisieme jour, c’est-à-dire le mercredi, il les rapprenoient tous les deux, et les répétoient de la même maniere à sept heures. Ils en usoient de même les trois autres jours de la semaine, pour les deux paragraphes suivans ; et toujours ainsi durant toute l’année. Quand, au bout d’environ deux ans, ils avoient répété ce Catéchisme en entier, ils recommençoient. Ceux qui l’avoient appris pendant 12 ou 15 ans, étoient dispensés de continuer.

Après cette répétition, qui duroit au plus un demi-quart d’heure, ils se rendoient au réfectoire pour déjeûner.

Alors le Maître des Novices leur faisoit répéter les douze versets et les quatre demandes qu’ils avoient appris, et de maniere à s’assurer qu’ils avaient appris exactement. Le lendemain, ils apprenoient et répétoient de même douze autres versets et quatre autres demandes, etc., de la même maniere que les Maîtres. Après cette répétition et les courtes réflexions que le Maître y ajoutoit, ce qui duroit en tout environ un demi-quart d’heure, ils se rendoient tous au réfectoire pour y déjeûner avec les Maîtres. Alors un d’eux qui, pendant toute une semaine, faisoit l’office de portier, de sonneur, etc., lisoit pour l’édification de tous une figure de la Bible de Royaumont. Après quoi tous les Maîtres qui avoient déjeûné partoient pour se rendre à leurs Ecoles, où ils arrivoient pour la plûpart vers les sept heures et demie.

Le Novice qui, la semaine précédente, avoit fait l’office de portier, passoit la suivante dans les Ecoles pour apprendre à les tenir ; allait un jour avec l’un, un autre jour avec un autre, suivant que le Supérieur le marquoit.

Tous les autres, après le déjeûner, s’occupoient jusqu’à huit heures des ouvrages manuels, soit dans la maison soit dans le jardin, tels qu’on les leur marquoit chaque jour.

A huit heures précises, un coup de cloche les avertissoit de se rendre à la salle d’exercice, où on les faisoit épeller et syllaber dans un syllabaire court, excellent et très-méthodique, pour que tous eussent exactement la même maniere. Ensuite on les faisoit lire alternativement jour dans le Nouveau Testament de Sacy, et l’autre dans l’Ancien Testament de Mesengui. Après quelques courtes réflexions sur ce qu’ils avoient lu, on leur enseignoit la Grammaire.

A neuf heures commençoit l’exercice de l’écriture, qui duroit jusqu’à dix heures. Après cet exercice, ils apprenoient tous une même leçon du petit Catéchisme historique que le Maître leur faisoit répéter en commun. Et après le développement qu’il leur en donnoit, on les occupoit de travaux manuels jusqu’à onze heures. Alors ils se rendoient tous à une salle particulière, Où on leur enseignoit le plein-chant jusqu’à onze heures et demie, excepté les mardis et vendredis qu’ils assistoient à la Messe.

Les Maîtres, de retour de leurs Ecoles vers les onze heures, réunis en la salle d’exercice s’y préparoient au catéchisme qu’ils devoient faire le soir leurs Ecoles.

A onze heures et demie l’office de Sexte, suivi de l’examen de conscience, et d’une Priere dressée sur le plan de l’Angelus, pour honorer le mystere de la Rédemption.

Ensuite toute la Communauté se rendoit en silence au réfectoire pour le dîner. La table y étoit simple et frugale, mais les alimens en étoient solides, bien nourrissans, et en suffisante quantités. Tout metz recherché ou trop dispendieux en étoit banni. On n’y servoit jamais que de bon vin ; mais en si petite quantité, que, vu la fatigue du travail, on auroit pu en doubler portion sans sortir des bornes de la plus exacte sobriété.

Il y avoit chaque semaine un jour de jeûne : c’étoit le vendredi ; mais le jeûne en étoit moins rigoureux qu’aux jeûnes ordonnés par l’Eglise et dans les grandes chaleurs on s’en dispensoit.

La bénédiction de la table étoit suivie de la lecture d’un chapitre de l’Ecriture-Sainte ; ensuite de celle de l’Histoire Ecclésiastique jusqu’à la fin du dîner ; et enfin de celle du Martyrologe, terminée par l’actions de graces.

Depuis le premier jusqu’au dernier, on servoit à table chacun à son tour ; et celui qui avoit été serveur la veille, étoit le lendemain lecteur.

Après le dîner, suivoit la récréation qui se passoit pour l’ordinaire en conversations amicales, où l’on apprenoit mille choses utiles.

A une heure, l’office de None : après quoi les Maîtres partoient pour leurs Ecoles.

Alors le Maître des Novices resté avec eux, corrigeoit leur écriture ; ensuite leur enseignoit le calcul jusqu’à deux heures.

A deux heures, la lecture dans les manuscrits ; ensuite alternativement un jour en latin, dans le Pseautier distribué ; et l’autre en français, dans les Regles de la Civilité, de M. de la Salle. Depuis trois heures jusqu’à quatre, l’exercice de l’écriture, comme le matin. A quatre heures, ils apprenoient une seconde leçon du petit Catéchisme historique que le Maître leur faisoit répéter à quatre heures et demie, et dont il leur donnoit le développement, comme il avoit fait à dix heures et demie.

Après cette répétition, ceux qui le vouloient, ainsi que les Maîtres revenus de leurs Ecoles, alloient goûter.

A cinq heures toute la Communauté se réunissoit au son de la cloche dans la salle d’exercice pour entendre la lecture de la vie du Saint du lendemain : c’étoit le Novice portier qui faisoit cette lecture, pendant laquelle chacun s’occupoit à quelque chose d’utile, qui ne pût nuire à l’attention, telle qu’à écrire, tailler des plumes, coudre des papiers, etc.

Cette lecture étoit suivie de l’Office des Vêpres.

A cinq heures et demie, on récitoit, le dimanche, les Litanies du S. Nom de Jésus ; et le samedi, celles de la Ste.-Vierge.

Depuis cet Office jusqu’à six heures un quart les Maîtres s’occupoient en silence, les uns à étudier, les autres à écrire, à copier, à faire des extraits des Saintes-Ecritures et des saints Peres, à faire des exemples d’écriture pour leurs Ecoles. Les Novices, après avoir étudié jusqu’à six heures, alloient alors prendre quelque relâche par quelque travail, dans le jardin, ou ailleurs dans la maison, selon qu’on le marquoit à chacun.

A six heures un quart, les Complies, suivis d’une nouvelle méditation sur les deux paragraphes du Nouveau Testament qui avoient été lus après la priere du matin.

Cette méditation se terminoit par l’Angelus pour honorer le mystere de l’Incarnation. Ensuite un confrere répétoit par cœur les deux paragraphes sur lesquels on venoit de méditer, et faisoit part à toute la Communauté des réflexions qu’ils lui avoient donné lieu de faire. Chacun, depuis le premier jusqu’au dernier, remplissoit cette tâche à son tour. Quand un Novice n’étoit pas encore en état de fournir ses réflexions, le Supérieur, ou, en son absence, le Maître des Novices y suppléoit. Le temps qui restoit, plus ou moins, après cette répétition et ces réflexions jusqu’à sept heures, étoit employé à une lecture spirituelle que l’on faisoit pour l’ordinaire dans les Eclaircissemens et Réflexions de Mesengui sur l’Ancien Testament, ou dans son Exposition de la doctrine chrétienne. Mais dans le carême, où l’évangile de chaque jour étoit le sujet de méditation, après quelques courtes réflexions de celui qui venoit de la répéter, on en lisoit l’explication dans Nicole.

Depuis sept heures jusqu’à sept heures et delie, on faisoit de même, chacun à son tour, le catéchisme, Les samedis, c’étoit sur l’évangile du lendemain. Les veilles de fêtes, sur le mystere ou sur l’histoire du Saint. Tous les autres jours, sur la lettre du Catéchisme du diocese, que l’on expliquoit et développoit avec plus d’étendue. Celui qui étoit chargé de le faire, en exposoit de suite clairement et simplement toutes les questions et réponses. Ensuite il interrogeoit tous ses confrères, en commençant par le Supérieur, dans les mêmes termes qu’il avoit exposés, et chacun répondoit à ses questions à-peu-près dans les mêmes termes qu’il y avoit répondu, et qui étoient, autant qu’il se pouvoit, les propres termes de l’Ecriture, ou des SS. Peres. Il étoit libre à chacun de proposer ses objections et ses difficultés au catéchiste, qui y répondoit aussi briévement et solidement qu’il pouvoit. S’il n’étoit pas en état d’y répondre, il prioit le Supérieur, ou, en son absence, le Maître des Novices d’y répondre pour lui. Quand une question étoit mal présentée, ou que la réponse n’étoit pas convenable, le Supérieur, ou tout autre, à son défaut, en faisoit l’observation, et on la reformoit : et cette inexactitude donnoit quelquefois lieu à des observations plus utiles à tous, que n’auroit été la chose dite d’abord exactement. Le catéchisme se terminoit par le récit de quelqu’exemple ou trait d’histoire de l’Ecriture-Sainte ou de l’Histoire Ecclésiastique, propre à appuyer les vérités ou points de morale qu’on y avoit traités.

A sept heures et demie, le souper, avec la lecture d’un chapitre de l’Ecriture-Sainte, et celle de l’Histoire Ecclésiastique, jusqu’à la fin du repas comme à dîner.

Après le souper, la récréation jusqu’à neuf heures, et de la même manière qu’après dîner.

A neuf heures, les Matines, suivies de la Priere du soir, qui étoit terminée par la lecture du premier des deux paragraphes sur lesquels on devoit méditer le lendemain.

Après cette lecture, chacun se retiroit en silence, et alloit se coucher.

Chaque journée ainsi remplie par des exercices si nombreux et si variés, loin d’être ennuyeuse à quiconque avoit bien l’esprit de son état, lui paroissoit au contraire toujours trop courte.

On avoit ordinairement deux congés par semaine : savoir, le mercredi soir et le samedi soir. Le premier étoit un congé de récréation pour aller prendre l’air à la campagne ; le second, un congé de retraite et d’étude : ceux qui avoient quelques affaires en ville profitoient du loisir de ce dernier congé pour les faire.

Les dimanches et fêtes, on entendoit la Messe à la Paroisse. Les Maîtres assistoient à la premiere Grand’Messe, et les Novices à la seconde. Il y avoit aussi, à huit heures, sous les charniers, une Messe-basse avec instruction pour les enfans des Ecoles. Les Maîtres s’y rendoient à sept heures et demie, pour les assembler et les contenir dans l’ordre.

Au retour, vers les neuf heures, le déjeûner, suivi de l’office de Tierce.

Depuis Tierce jusqu’à onze heures, l’étude que les Maîtres employoient principalement à se préparer au catéchisme qu’ils devoient faire le soir à leurs Ecoles. Les dimanches, ce catéchisme étoit une récapitulation de tous ceux qu’on avoit fait pendant la semaine.

Les dimanches à onze heures, la répétition de l’Epître et de l’Evangile. Le Supérieur commençoit, et faisoit ensuite répéter tous les autres, ce qui duroit environ un demi-quart d’heure. On en lisoit ensuite l’explication dans les Instructions de Singlin, jusqu’à onze heures et demie, que l’on psalmodioit l’office de Sexte : ce qui pouvoit rester de cette lecture, étoit continué au réfectoire après la lecture du chapitre de l’Ecriture-Sainte. Les jours de fêtes, ces Instructions se lisoient en entier au réfectoire.

Après None, chaque Maître, accompagné du Novice qu’on lui avoit marqué, alloit à son Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/17 ne faisoient qu’épeller et syllaber, et ceux qui commençoient à lire.

Les Moyennes comprenoient les enfans qui ne faisoient que lire passablement ; et ceux qui, lisant un peu mieux, commençoient à écrire.

Les Grandes comprenoient les enfans plus avancés, que l’on perfectionnoit dans la lecture et l’écriture, et auxquels on enseignoit le calcul et la Grammaire française, ainsi qu’à déchiffrer toutes sortes de manuscrits.

Il y avoit d’autres Ecoles distribuées en deux classes. L’une comprenoit les enfans depuis l’alphabet jusqu’à ce qu’ils sussent lire suffisamment pour passer à l’écriture : l’autre comprenoit les enfans que l’on perfectionnoit dans la lecture, tant imprimée que manuscrite, et auxquels on enseignoit l’écriture, le calcul et la Grammaire française.

Il y en avoit enfin de Mixtes, qui comprenoient les enfans de tous les dégrés, depuis l’alphabet jusqu’à la Grammaire française : Celles-ci ayant à elles seules autant d’exercices que deux ou trois des autres, sans avoir plus de temps, chaque exercice en étoit nécessairement plus court.

Il y avoit en chaque Ecole quatre enfans en charge pour y maintenir le bon ordre : savoir, un Censeur, un sous-Censeur, un Bibliothécaire et un Portier. Ces charges étoient des récompenses de l’application et de la bonne conduite : ceux qui en étoient revêtus jouissoient de divers privileges. Le Censeur étoit à la tête de l’Ecole, et comme le premier représentant du Maître. Toutes les autres places de l’Ecole étoient plus ou moins honorables suivant qu’elles approchoient plus ou moins de Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/19

Le plus profond silence régnoit dans l’Ecole depuis le commencement jusqu’à la fin. On n’y entendoit absolument que la voix de celui qui répétoit, ou lisoit, ou répondoit aux questions qu’on lui faisoit. Du reste, personne ne parloit, en cas de nécessité, qu’après en avoir obtenu la permission, qui se demandoit par signe.

La bonne conduite et l’application au travail étoient récompensées ; et la mauvaise conduite et la paresse étoient punies. Outre les assistances de la Communauté, dont chaque Maître faisoit l’application en sa classe, la plûpart avoient encore différentes ressources pour assister les enfans pauvres : mais aucun d’eux ne recevoit de présent de leurs Ecoliers ni de leurs parens, quoiqu’il n’y en eût point de défense formelle. Le Regle s’exprimoit seulement ainsi : « Nous ne pouvons qu’applaudir à la conduite des Maîtres, qui ont toujours fait honneur jusqu’ici à la louable coutume qui s’est introduite d’elle-même dans la maison, de ne recevoir aucun présent de la part des peres et meres des enfans qu’on instruit. Nous souhaitons que cet exemple de désintéressement soit, aux yeux de tous leurs successeurs, un trésor plus précieux que toutes les richesses de l’Egypte ». Ce simple souhait fut plus efficace pour maintenir parmi eux jusqu’à la fin la pratique du désintéressement, que n’auroient peut-être été les défenses les plus rigoureuses.

A huit heures précises, le Censeur et le sous-Censeur, à genoux au-milieu de l’Ecole, y faisoient distinctement, sans lenteur ni précipitation, la priere du matin. Tous les autres l’écoutoient avec attention, et la répétoient tout bas avec eux.

La priere étoit suivie de la lecture, qui duroit ordinairement jusqu’à neuf heures.

Dans les Petites Ecoles, la premiere leçon se faisoit tous les matins dans le petit Catéchisme historique ; et tous les soirs dans celui du diocese : elle duroit une heure. La seconde, qui duroit trois quarts d’heure, se faisoit matin et soir dans un syllabaire que M. l’Abbé Bouillette, auteur du Traité des sons de la langue française, loué par l’Académie, composa, en 1769Note de Wikisource, exprès pour Communauté : ce syllabaire, aussi excellent que méthodique, (qui est un abrégé du Traité des sons) ne contient que 32 pages in-16 de principes présentés d’une maniere tout-à-fait naturelle, et aussi propre faciliter l’attention de la vue et de l’ouïe, qu’à contrarier la routine qui n’agit qu’à l’aveugle et sans examen. Tout enfant qui en possede bien les principes, d’autant plus aisés à retenir, qu’un même principe se trouve souvent répété jusqu’à douze ou quinze fois de suite en des mots différens, peut, au sortir de là, lire également en tout livre français qu’on lui présente. Dans l’espace d’environ vingt-cinq ans, il a servi à plus de quarante mille enfans, tant à Paris qu’à Auxerre, pour apprendre à lire.

Dans les Grandes Ecoles, dans les Moyennes et dans les Mixtes, la premiere lecture se faisoit le matin, alternativement un jour dans le Nouveau Testament de Sacy, et l’autre dans l’Ancien Testament de Mesengui. Tandis que chacun lisoit de suite son verset ou sa phrase tout haut à son tour, tous les autres suivoient exactement des yeux, pour être en état de continuer sitôt que le Maître l’ordonneroit : car il interrompoit fréquemment le cours ordinaire pour avertir un autre de continuer et tenir ainsi tout son monde en haleine. Enfin il ne terminoit cet exercice de la lecture qu’après avoir fait rendre compte à plusieurs de ce qui venoit d’être lu.

L’exercice de l’écriture duroit depuis neuf heures jusqu’à dix. Pendant la correction de l’écriture, le sous-Censeur lisoit une figure de la Bible de Royaumont, dont chacun devoit être prêt de rendre compte.

Avant dix heures, les enfans répétoient, dans les Grandes Ecoles, chacun quatre demandes du Catéchisme du diocese. Dans les Moyennes et les Mixtes, chacun trois ; et dans les Petites, chacun deux. La même chose avoit lieu le soir, avant quatre heures, et ainsi toute la semaine ; excepté le mercredi matin, qu’au-lieu de catéchisme on répétoit l’Epître du dimanche suivant ; et le samedi matin, l’Evangile. Les enfans des Petites Ecoles, et les moindres des Moyennes et des Mixtes, n’étoient point obligés à ces deux dernieres répétitions : ceux qui faisoient l’une ou l’autre en étoient récompensés.

Les jours que les enfans entendoient la Messe, on abrégeoit un peu chaque exercice de l’Ecole pour satisfaire à ce devoir.

Depuis dix heures jusqu’à dix heures et demie, et le soir depuis quatre heures jusqu’à quatre heures et demie, les Maîtres faisoient un catéchisme qui étoit une explication du Catéchisme du diocese que les enfans venoient de répéter. Les jours où, au-lieu de répéter le Catéchisme du diocese, on venoit de répéter l’Epitre ou l’Evangile, le catéchisme en étoit également une explication. Et aux jours de fêtes, le catéchisme se faisoit sur la fête. En chacun de ces catéchismes, on traitoit les vérités avec plus ou moins d’étendue, suivant la portée des enfans. Ainsi les vérités traitées avec peu d’étendue dans les Petites Ecoles, étoient traitées avec un peu plus d’étendue dans les Moyennes, et avec beaucoup plus d’étendue dans les Mixtes et dans les Grandes.

Après le catéchisme et la priere qui le terminoit, le Maître congédioit les enfans, qui s’en alloient tranquillement en rang deux à deux sous la conduite des charges.

L’après-midi, tous les Maîtres, rendus à leurs Ecoles avant une heure et demie, s’occupoient jusqu’à deux heures de la répétition des enfans. Depuis deux heures jusqu’à trois, la lecture se faisoit, tous les lundis et jeudis, en latin, dans le Pseautier distribué. Tous, les mardis, dans les Regles de la Civilité de M. de la Salle ; et tous les vendredis, dans la Grammaire française.

Depuis trois heures jusqu’à quatre, le calcul et ensuite l’écriture. Pendant l’écriture et la correction que le Maître en faisoit, le Censeur lisoit la vie du Saint du lendemain, dont chaque enfant devoit être prêt de rendre compte.

Depuis quatre heures jusqu’à quatre heures et demie, le catéchisme, comme il a déja été dit. Ensuite la priere du soir. Après quoi les enfans se retiroient tranquillement chez eux dans le même ordre que le matin.

Le Supérieur faisoit de temps en temps la visite de toutes les Ecoles, pour examiner le progrès des enfans : cet examen fait, et le Maître entendu sur l’application et la bonne conduite d’un certain nombre d’enfans, et sur la négligence et inconduite de quelques au( 22) tres, il récompensoit les premiers par des li. vresou des images, suivant que chacun avoit plus ou moins profiré ; et faisoit aux autres les repréhensions qwils méritoient.

Il faisoit aussi tous les mois une visite culiere aux Grandes Ecoles, pour reconnoître le nombre d’enfans qui avoient quitté Ecole pendant le trimestre : ensuite il faisoit une autre visite aux Moyennes, ot il choisissoit parmit les plus avaneés un pareil nombre d’en- fans, pour remplir le vuide desGrandes. Enfin il faisoit une antre visite dans les Petites Eco- les, ol il chosissoit également parmi les plus avances un nombre suffisant d’enfans pour remplir le ynide des Moyennes,

Tous les ans à la fin de année classique, qui étoit du vingt an vingt-cing Aott, on dis. tribuoit des livres aux enfangs qui s’étoient dis- tingués par leur assiduité 4 répeter des cha- nitres, particulierement du Nouyean et de ’Ancien. Testament : car il y en ayoit qui ayant une mémoire plus heureuse, et fyi quentant’Ecole plus long-tems, ajout la répétition de ces deux livres, Pseaumes, des Vies des Saints, de des Confessions de S. Anoustin, des Poémes de Racine sur la Religion ct sur la Grace » et du grand Catéchisme de Montpellier ; Vantres celui de Naples, en trois volumes, Le Curé de la paroisse faisoit la distribution des pr et la Communauté en faisoit la dépens qui, avec les autres livres qui se 4 Sts le cours de’année, montoient me de huit ou neuf cents francs.

Le temps des vacances duroit depuis environ le 20 Aotit jusqu’au premier lundi d’Octobre.

On faisoit tous les ans trois pelerinages : le Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/25

En 1713, M. l’Abbé Goury, de sainte mémoire, qui avoit la surveillance des Ecoles de la Paroisse Saint Gervais, engagea M. l’Abbé Potherie, qui, depuis quelques années, étoit retiré dans les excellentes Ecoles d’Orléans, à venir se mettre à la tête des Ecoles du faubourg Saint-Antoine. Ce digne Ecclésiastique connu, estimé et respecté de Mme. d’Orléans, Abbesse de Chelles, retirée au monastere de Trainel, qui le fit son Aumônier, gouverna les Ecoles avec zele et intelligence pendant 44 ans. Tout pauvre qu’il étoit lui-même, il employoit tous les ans deux cents francs, c’est-à-dire, la moitié de son revenu, à fournir aux pauvres enfans de ses cheres Ecoles, des sabots, des bas et d’autres hardes ; du pain, des légumes, et du bouillon lorsqu’ils étoient malades.

M. Goy, de son côté, fournit jusqu’à la fin de ses jours à la dépense de la Communauté, tant par lui-même que par ses amis.

Un de ceux qui s’intéresserent le plus à cette bonne œuvre, fut M. l’Abbé Tabourin, l’un des Supérieurs de la Communauté de Ste Barbe. Ce vertueux Prêtre qui, pénétré de douleur à la vue de l’ignorance, ne voyoit rien de plus utile que la distribution de bons livres, et l’établissement d’Ecoles où les enfans de l’un et l’autre sexe fussent solidement instruits de la religion ; et qui, en conséquence, fournissoit à l’entretien, nourriture et logement d’un grand nombre de Maîtres et Maitresses d’Ecoles en différentes Paroisses, tant de Paris que de la campagne, habilloit les enfans, les mettoit en mêtier, leur donnoit du pain, etc. ; logea aussi gratuitement ceux du faubourg Saint-Antoine dans une Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/27 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/28 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/29 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/30 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/31 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/32 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/33 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/34 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/35 remplir exactement toutes leurs fonctions jusqu’à cette époque, malgré toutes les tentatives du fameux abbé Bernard pour accélérer leur séparation, et la chûte des Ecoles où il avoit été élevé, La reconnoissance et l’attachement du grand nombre firent toujours échouer ses efforts et ceux de deux ou trois compagnons de son ingratitude, comme ils le furent ensuite de sa fin malheureuse. En vain, dans le cours de brumaire 1793, les dénonça-t-il jusqu’à trois fois à la section de la rue Montreuil, comme contrevenant aux Décrets de la Convention en vivant en communauté : d’après la réponse qu’y fit, le 5 frimaire an 2, un des Instituteurs (le cit. R.), la Section se reposant sur les Autorités constituées, de l’exécution des Décrets de la Convention, et ne voyant dans cette réunion d’amis, que les avantages qu’ils lui procuroient, sans être à charge à personne, déclara, Qu’ils avoient toujours mérité sa confiance, les invita à lui continuer leurs services, et les exempta de monter la garde qu’ils avoient toujours payée jusques-là. Bernard qui, après avoir marié l’Abbé Aubert, s’étoit aussi marié lui-même, dénonça alors cet Instituteur et ses confrères ; comme signataires d’une pétition incivique contre le mariage des Prêtres. L’Instituteur répondit : Que laissant les citoyens Aubert et Bernard pour ce qu’ils étoient, il avoit déclaré par écrit, comme il le déclaroit encore de vive voix, en présence de toute l’Assemblée, Que ces deux Prêtres mariés avoient entiérement perdu sa confiance, et ne la récouvreroient jamais. Ce n’est point, ajouta-t-il, comme le prétend un des préopinans, à l’instigation du cit. Curé de Ste-Mar- Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/37 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/38 enfans et les fideles coopérateurs de sa charité et de ses bienfaits, il les récompensa autant qu’il put, chacun en proportion du temps qu’il y avoit coopéré. Comme depuis long-temps il étoit très-infirme, sitôt qu’il fut entièrement débarrassé des soins qui le retenoient à Paris, il se retira à sa maison de Conges, où il mourut le 2 mars 1796, encore plus chargé de vertus et de bonnes œuvres, que d’années. Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur. Dès à présent, dit l’Esprit, ils vont se reposer de leurs travaux : car leurs œuvres les suivent.

Le 14 germinal 1794, tous les Instituteurs remirent les clefs de leurs Ecoles aux différens Comités de Bienfaisance, qui, en les recevant, leur témoignerent tous leurs regrets. Alors les vues et raisons d’utilité publique qui avoient engagé tant de personnes estimables à se réunir ensemble n’ayant plus lieu, ils se séparerent peu-à-peu, jusqu’à ce qu’enfin il n’en resta plus que deux, le Supérieur qui y demeura jusqu’en 1797, et son voisin qui y demeure encore, tant par opposition naturelle à tout changement, que par attachement aux nouveaux Propriétaires, qui, de leur côté, lui ont toujours témoigné de l’estime.

Ainsi finit la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg S.-Antoine, après avoir subsisté 81 ans ; et celle des Ecoles S.-Charles d’Auxerre, après avoir subsisté 31 ans.

Après cette séparation, chacun prit, suivant que l’occasion s’en présenta, un emploi proportionné à ses talens et à son goût. Quelques-uns s’occuperent et s’occupent encore aujourd’hui à montrer en ville, et continuerent ainsi en particulier ce qu’ils avoient Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/40 met pas de jouir du succès des soins qu’on en prendroit, puisque la requisition viendroit les enlever à mesure qu’on les formeroit : cependant si des circonstances plus heureuses permettoient au Gouvernement de prendre cela en considération, il sauroit bien trouver dans sa sagesse un moyen de favoriser l’un sans nuire à l’autre.

Nota. Nous croyons devoir prévenir ici le Public, que nous avons dessein de rédiger, sur cet objet, un Mémoire de la valeur d’un volume in-8°., dont nous nous proposons de déposer un exemplaire manuscrit à la Bibliotheque des Archives nationales, où nous espérons qu’on voudra bien le recevoir ; afin que si, par la suite, il plaît à Dieu de susciter, dans sa miséricorde, quelqu’homme de bonne volonté, comme il en a suscité dans le siecle dernier, qui veuille rétablir quelque chose de semblable, il puisse consulter là ce Recueil, et y puiser quelques lumieres.





Rétablissement de la communauté des écoles chrétiennes du faubourg S.-Antoine[3]

Le respectable M. Renaud, ancien Membre de la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine, et auteur du Mémoire historique précédent, avait à peine cessé de pleurer sur les ruines Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/43 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/44 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/45 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/46 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/47 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/48 en faire eux-mêmes aux autres ; mais les nombreuses occupations de cet abbé ne lui ayant pas permis de continuer cet exercice si utile, M. Delhère, homme fort instruit, fut invité à le suppléer ; il donnait aussi des leçons de grammaire et d’écriture.

Les instructions sur la Religion par M. Delhère étaient très-solides et fort goutées ; M. Laideguive en faisait grand cas, et se plaisait à y assister. Pour encourager cette œuvre naissante, et tracer aux élèves la voie qu’ils devraient suivre dans l’exercice des fonctions auxquelles on les destinait, ce respectable M. Laideguive rédigea surtout pour leur usage, l’ouvrage qu’il publia en 1807, sous ce titre :


M. Laideguive

Manuel du Catéchiste et du Maître d'Ecole (in-18 chez Ad Leclère etc.)

Ces essais de restauration se faisaient en 1803 et 1804 ; mais l'on a eu à regretter que le plus grand nombre de ces jeunes gens, réunis peut-être trop à la hâte, et sans assez de choix Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/52 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/53 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/54 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/55 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/56 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/57 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/58 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/59 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/60 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/61 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/62 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==
VIES
des
FRERES
==

== Vies des frères qui ont été la bonne odeur de Jésus-Christ dans la communauté St. Antoine depuis l’époque de sa fondation ==


M. l’Abbé Tabourin.

Vie
de
M. l’abbé Tabourin,
fondateur de la Communauté
[modifier]

Monsieur Charles Tabourin, Prêtre, naquit le 4 Décembre 1677 d’une famille honnête, à Doulevant-le-Château, près Joinville en Champagne, diocèse de Verdun. Ses parents l’envoyèrent très jeune à Paris pour faire ses études dans la communauté de Sainte-Barbe, où il se distingua particulièrement par sa piété, sa régularité, et sa mortification.

Appelé à l’état Ecclésiastique, il mérita par son progrès dans l’étude et par les vertus convenables à cet état, de recevoir les saints Ordres jusqu’à la Prêtrise qui lui fut conférée en 1707.

Les supérieurs de cette maison bons connaisseurs, l’élevèrent cette même année de la place de maître des Humanités qu’il remplissait, à celle de Supérieur des Philosophes. Occupé du soin des jeunes gens qui lui étaient confiés, Mr. Tabourin ne les perdait pas de vue et tâchait d'attirer sur eux l’Esprit de Dieu par ses prières et ses austérités.

Depuis 1707, on s’aperçut qu’il ne se couchait plus. Quelques écoliers pour s’en assurer, attachèrent ensemble avec des épingles la couverture et les draps de son lit ; au bout de plusieurs jours, ils trouvèrent les choses dans le même état : et dans une grande maladie dont il fut attaqué, il fallut que Monsieur Durieux, Principal du collège du Plessis, et premier supérieur de Sainte-Barbe, usât de toute son autorité pour le faire mettre au lit.

Il était dès lors en relation avec grand nombre de personnes de piété, qui connaissant son amour pour les pauvres, lui donnaient de quoi les assister.

Mais ces bonnes œuvres extérieures ne nuisaient point aux devoirs qu’il avait à remplir dans la maison. Voici un trait de son exactitude à cet égard. C’était une loi pour les maîtres de cette Communauté de ne jamais manger en ville. Un particulier promit un jour à Mr. Tabourin cent écus pour les pauvres, à condition qu'il viendrait les recevoir en dînant chez lui. Monsieur Tabourin les refusa à ce prix-là ; et s’il se rendit aux instances réitérées ce ne fut que parce que Monsieur Durieux leva son scrupule. Fidèle observateur des réglements de Sainte-Barbe, il était très attentif à les faire observer aux autres : à cet égard il ne contribua pas peu à perfectionner cette maison, comme aussi en y introduisant un peu plus de propreté dans les chambres et dans les meubles.

La vie dure et pénitente que Monsieur Tabourin menait à Sainte-Barbe fut à peu près la même dans la suite de toute sa vie. Il ne s’approchait du feu que rarement, et dans les plus grands froids : il s’y tenait même debout et s’en éloignait presque aussitôt : il était rare qu’il en allumât dans sa chambre, et pour échauffer les personnes qui le venaient voir, il les faisait promener avec lui en long et en large en conversant avec eux. Dans une de ses maladies, Madame la Duchesse de Montmorenci débarrassa elle-même sa cheminée, appela ses gens et fit allumer du feu. Pour ne point désobéir à une dame si respectable, il en eut depuis durant cette maladie. Mais quel feu ! Lorsqu’il recevait quelques visites, il rapprochait deux tisons, s’échauffait à les souffler et à peine étaient-ils allumés au bout d’une demi-heure qu’on s’en allait. Durant sa dernière maladie, il ne voulut point non plus de feu dans sa chambre, malgré son grand âge et ses infirmités, mais on crut devoir passer outre. Indépendamment des jeûnes commandés par l’Eglise, il jeûnait tous les Vendredis de l’année. Sa vie était d’ailleurs comme un jeûne continuel ; il ne buvait presque jamais de vin et ne faisait qu’une légère collation le soir.

Pendant la cherté du pain en 1709, il ne voulut manger que du très gros pain-bis, pour ne point s’exempter de ressentir la misère commune.

Lorsque ses occupations lui laissaient quelques loisirs, il faisait à pied des voyages de piété, comme à Port-Royal-des-Champs où il était connu, et où il a exercé plusieurs fois le St Ministère ; à Clairvaux, pour y visiter le tombeau de St Bernard, et ailleurs. Il était bon piéton, et il a conservé l’usage de ses jambes jusqu’à la fin de sa vie. Dans un de ses voyages à la Trappe, les Religieux proposèrent en chapitre de se procurer une loterie pour subvenir à différents besoins de la maison, et rétablir les fonds qui étaient en désordre.

Monsieur Tabourin l’ayant su, représenta fortement au P. Abbé combien ces sortes de ressources étaient illégitimes. Il fut écouté et dans le chapitre suivant, on changea d’avis, à l’exception d’un seul religieux, ex-Jésuite, qui dit tout haut qu’il était aisé de donner de tels conseils quand on avait son pain cuit. Pour les dédommager, Monsieur Tabourin leur procura par un de ses amis, une somme assez considérable.

Vers l’an 1709, dit Monsieur Grivel, dans un manuscrit de sa main que nous avons sous les yeux, un Porte-Dieu de la paroisse St-Étienne-du-Mont, fit Monsieur Langlet, qui pour lors était supérieur des humanités à Ste-Barbe, son exécuteur testamentaire.

Entre autres legs, il y avait une somme destinée pour fonder une école sur la paroisse de St-Etienne-du-Mont. Monsieur Langlet se voyant chargé de cette bonne œuvre en parla à Monsieur Tabourin, tous les deux de concert louèrent une chambre, et lorsque tout fut disposé à recevoir des enfants, Monsieur Tabourin donna pour Maître Monsieur Bezin alors étudiant en Théologie. Le bien que produisit cette école fit naître à Monsieur Tabourin la pensée d’en former d'autres : il ne s’agissait rien moins que d’avoir une maison et des fonds pour faire vivre les maitres. La Providence y pourvut bientôt. Un Intendant qui avait fait les affaires d’une ou plusieurs personnes, offrit généreusement la maison sise rue de Lappe, faubourg St-Antoine. Ce don encouragea Monsieur Tabourin et quelques autres comme Messieurs de Sarcy, Goury, Rollin, frère du grand Rollin. Bientôt, on trouva d’autres secours ; Monsieur le Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris, voulut avoir part à la bonne œuvre, et donna une somme d'argent. Ce digne prélat conseilla fort à Monsieur Tabourin de ne point faire faire de vœux aux frères de la communauté qu’il méditait d’établir, à cause des mauvais temps qui pourraient venir dans la suite ; et jeter ces pauvres frères dans de grands embarras, si on venait à les obliger à faire quelque chose contre leur conscience. Monsieur Tabourin fut fidèle, comme on le va voir.

Monsieur Delêtre voulut donner cent mille livres pour fonder ce nouvel établissement, mais à condition que les frères feraient des vœux, et seraient sous la direction du Grand-Chantre de l’Eglise de Paris, Monsieur Tabourin alla consulter Monsieur le Cardinal qui s’en tint toujours à son premier sentiment, alléguant que Mr. le Grand-Chantre actuel était bon, mais qu’il pourrait en venir un autre dans la suite qui ne le serait pas. On fit plusieurs représentations à Monsieur Delêtre qui ne voulut rien rabattre de ses conditions, tenant à assurer ses fonds. Monsieur Tabourin, de son côté, demeura ferme, il se passa de l’offre qu’on lui faisait, et n’en travailla pas moins à réaliser ses pieuses intentions. Pendant qu’on préparait la maison du faubourg, Monsieur Tabourin loua, en 1711, un appartement au collége de Reims, et y plaça quelques étudiants de Ste-Barbe qui voulurent bien se consacrer à cette bonne œuvre ; là il les instruisait lui-même de la méthode qu’ils devaient suivre dans la tenue des écoles pour les faire d’une manière qui fut véritablement chrétienne.

Lorsque tout fut disposé pour les recevoir au faubourg ; ils y entrèrent au nombre de six ou sept, et en 1713, Monsieur Potherie fut mis à leur tête, en qualité de premier supérieur. Telle fut l’origine de l’établissement de la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg St-Antoine. Dans la suite les écoles ont beaucoup augmenté.

Monsieur Tabourin s’intéressa aussi très-efficacement à l’Instruction Chrétienne des Enfants de l’autre sexe. Cette même année 1713, une pieuse Dame Françoise Elisabeth Jourdain, Veuve du célèbre Théodon Directeur des Académies de peinture et de sculpture, jeta les fondements de la communauté des Sœurs de Sainte-Marthe,[4] et rencontra en Monsieur Tabourin un puissant auxiliaire dans lequel elle trouva des

ressources, porte une notice communiquée par la deuxième supérieure de cette

Congrégation ; car ce respectable Prêtre, pénétré de douleur à la vue de l’ignorance, ne voyait rien de plus utile que la distribution des bons livres, et l’Etablissement d’Ecoles où les enfants de l’un et de l’autre sexe fussent solidement instruits de la Religion ; et en conséquence, il fournissait à l’entretien, à la nourriture et au logement d’un bon nombre de maîtres et de maîtresses.

Monsieur Tabourin avait été placé Supérieur des théologiens dans le temps qu’une partie de la Communauté de Sainte-Barbe avait été transférée au Collège de Lizieux. On commença en 1721 à porter le premier coup à cet établissement par l’exil de ce respectable Prêtre. Zélé comme il était pour la défense de la Vérité, il n’avait perdu aucune occasion de lui rendre témoignage, il était Appelant et Réappelant. En conséquence, le 13 Mai 1721, on lui signifia une Lettre de Cachet qui l’exilait à Luçon. De plus, les liaisons qu’il avait avec M. l’Abbé Dubois, chanoine de St-Honoré, furent peut-être la principale cause de cet exil ; parce que le Cardinal Dubois, oncle de cet Abbé, mécontent de ce qu'il ne pouvait point le faire entrer dans ses vues, s’en prit à Monsieur Tabourin qu’il regardait comme le confident et le conseil de son neveu. Quoiqu’il en soit, M. Tabourin partit plein de joie de souffrir pour une aussi bonne cause, et arriva à Luçon dès le 4 Juin. M. de Lescure, évêque de Luçon, l’accueillit fort mal, l’interdit de toutes fonctions, et le priva même de la communion laïque : il eut beaucoup à souffrir aussi de la part du peuple qui lui insultait. Monsieur le Cardinal de Noailles informé de Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/178 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/179 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/180 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/181 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/182 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/183 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/184 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/185 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/186 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/187 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/188 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/189 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 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PRÉCIS
DE LA VIE DE M. FOISSIN.
[modifier]


M. Nicolas-Etienne Foissin, dernier supérieur des Ecoles Chrétiennes du faubourg S.-Antoine, et ensuite prêtre du diocese de Paris, naquit de parens chrétiens, le 26 septembre 1743, an village de Bondy, près Paris. Son pere voulant lui procurer une éducation chrétienne, dont il connoissoit tout le prix, le confia à M. Vaury, maître d’école à Chilly, et le mit sous la conduite du célebre M. Delaune auquel il continua de s’adresser jusqu’à la mort de ce saint prêtre. Le jeune Foissin, qui, comme Salomon, avoit reçu de Dieu une bonne ame, avec les plus heureuses dispositions pour la piété, et l’étude de la religion qui fit toujours ses délices, répondit si parfaitement aux leçons de son habile et vertueux maître, ainsi qu’aux avis et exhortations de son sage et pieux directeur, que non-seulement il fit les plus rapides progrès dans la piété et l’instruction, mais que tous ceux qui l’ont connu particulierement, depuis son enfance jusqu’à sa précieuse mort, sont persuadés qu’il conserva toujours son innocence baptismale.

M. Vaury trouvant donc dans son humble et docile élevé les plus excellentes qualités de l’esprit et du cœur ; une bonne main, un esprit ouvert, un jugement solide, une mémoire heureuse ; un air de gravité, de décence, de candeur, de simplicité, de modestie, de douceur qui le faisoit admirer de tous ceux qui le voyoient ; un caractere sensible et obligeant qui lui gagnoit l’estime et l’affection de tous ses condisciples ; un goût décidé pour la piété et la vertu ; l’amour de la priere, de la retraite, du travail, de l’étude, et sur-tout de celle de l’écriture-sainte et des SS. Peres ; le mépris du monde, l’horreur du vice, l’exactitude et la fidélité à tous ses devoirs, il s’appliqua à le cultiver avec un soin tout particulier. Et voyant le succès répondre de plus en plus à son travail, il crut devoir lui procurer, dans un asile propre à conserver et à accroître tant de dons précieux de la nature et de la grace, un emploi qui les fit tourner tous à l’utilité spirituelle et corporelle du prochain.

M. Vaury ne fut pas un instant indécis sur le choix de l’emploi, ni du lieu propre à mettre en sûreté, et à utiliser les talens et les vertus de son cher disciple. Il se souvenoit toujours avec plaisir d’avoir renoncé à la profession d’avocat pour devenir membre de la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine, où le pere de M. Foissin, qui y avoit aussi passé quelque tems, l’avoit connu : Communauté que M. Vaury n’avoit quittée que de corps, et non d’esprit ; qu’il n’avoit quittée qu’à regret, et par soumission à la voix de la divine providence qui l’avoit appellé pour faire ailleurs la même œuvre, et dans le même esprit ; et avec laquelle il n’avoit cessé d’entretenir les liaisons les plus intimes ; ainsi que nombre d’autres de ses confreres ; qui, comme lui, conserverent toujours, dans leur conduite, les sentimens de piété etde religion qu’ils y avoient puisés ; et dans leur cœur, ceux d’estime et d’affection qu’ils lui avoient voués. Quand ces vertueux confreres trouvoient, parmi leurs éleves, des jeunes gens de bonne volonté, avec les talens et les dispositions de M. Foissin, et dont les parens entroient dans leurs vues, ils ne manquoient pas de les présenter à la Communauté. M. Vaury, qui en avoit déja procuré plusieurs, y présenta aussi M. Foissin, qui y fut reçu vers le commencement de Février 1702.

Après la maniere dont M. Vaury l’avoit formé, et le témoignage qu’il en avoit rendu, il n’ayoit pas besoin d’un rigoureux examen, ni d’un long noviciat : aussi, quelques semaines après son entrée, une des dernieres écoles étant venu à vaquer ; on l’y plaça. Il s’en acquitta si bien, que, l’année suivante, on le choisit, tout jeune qu’il étoit, pour succéder à M. Grivel dans la première école du faubourg dont il fut chargé pendant onze ans. Il en remplit tous les devoirs avec la plus rigoureuse exactitude, malgré une solique d’entrailles dont il ne cessa d’éprouver plus où moins vivement les douleurs pendant presque tout ce tems, et dont il ne fut enfin délivré que par un topique des plus violens qui lui fit tomber toute la peau du ventre.

Il fut toujours aimé et estimé de ses écoliers, qui, malgré la légéreté naturelle à cet âge : étoient fort attentifs à ses leçons ; et goûtoient assez généralement ses instructions, d’autant plus solides, que ce n’étoit qu’un tissu de l’Ecriture et des Pères, dont il avoit fait de très-amples extraits, et dont les pensées se présentoient comme d’elles-mêmes à son esprit, et qu’il employoit fort à propos sur toute sorte de matieres. Ses confreres qui savoient mieux en apprécier le mérite et la solidité, ne les entendoient jamais qu’avec plaisir : parce que, vivement pénétré de toutes les vérités de la religion et de la morale chrétienne, il n’en parloit jamais qu’avec une effusion de cœur et une onction propre à faire une vive impression sur ceux qui l’entendoient. Aussi connoissons-nous, entre plusieurs autres, une famille chrétienne qui a passé par les plus dures épreuves, pour avoir coopéré de tout son pouvoir à la prolongation publique du culte après la fermeture des églises, qui n’oubliera jamais, qu’après Dieu, qui dispose les cœurs, et y fait fructifier la semence de sa parole comme il lui plaît, c’est aux entretiens édifians de M. Foissin qu’elle est redevable de la connoissance et du goût des lectures et instructions Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/414 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/415 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/416 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/417 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/418 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/419 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/420 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/421 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/422 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/423 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/424 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/425 qu’il avoit pratiqué avec une sage discrétion ; et envers d’autres, à s’accuser, avec de vifs sentimens de componction, des fautes auxquelles expose la fragilité humaine. Il recevoit avec douceur et reconnoissance les services qu’on lui rendoit. Les personnes qui désiroient se recommander à ses prieres, étoient accueillies avec tout l’intérêt que lui inspiroit la charité. Son zele se ranimoit pour leur adresser des paroles d’édification appropriées avec grande justesse à la situation de chacun. Enfin, une disposition persévérante de sacrifice fit du respectable malade une victime qui se consumoit de jour en jour en l’honneur de Dieu, à qui toute sa vie avoit été consacrée. Il la termina le 1 décembre 1800, après avoir reçu deux fois, dans le cours de sa maladie, les sacremens de l’Eglise.

Le concours considérable de personnes qui se firent un devoir d’assister à ses obseques, fut un témoignage de l’estime qu’on avoit pour ce saint prêtre, que chacun étoit plus porté à invoquer, qu’à soulager par ses prieres. (ce dont plusieurs assurent avoir éprouvé de très-heureux effets, qui leur font conclure qu’il est avec Dieu depuis sa mort, comme les fruits de son ministere leur avoient toujours persuadé que Dieu étoit avec lui pendant sa vie). On attachoit pareillement un grand prix à posséder quelque chose de ce qui lui avoit appartenu.

Je glorifierai, dit le Seigneur au grand-prêtre Héli, ceux qui m’auront rendu gloire ; mais ceux qui me méprisent tomberont dans le mépris. (II. liv. des Rois, ch. 2, v. 30).

N. B. Nombre d’amis et d’anciens confrères de M. Foissin, tant par estime de sa vertu, que par reconnoissance de ses services, ont fourni aux frais d’impression de ce petit précis de sa vie. Celui de ses confrères qui l’a redigé, a également rédigé, d’après le vœu de plusieurs personnes de mérite, un mémoire intéressant, sur la Communauté des Ecoles-Chrétiennes du faubourg S.-Antoine, qui peut contenir environ deux feuilles d’impression, même format, C’est un court exposé de tout ce qui se faisoit à la Communauté, et dans les Ecoles-Chrétiennes, qui en fait connoître l’origine, les progrès, l’esprit, la conduite, les moyens, l’utilité, et comment la Providence a soutenu cet établissement depuis son commencement, en 1713, jusqu’à sa fin, en 1794 : comment on y étoit admis, forme, entretenu et perfectionné dans toutes les connoissances convenables à des instituteurs chrétiens : enfin comment on tenoit les écoles, et quel en étoit le succès. On avoit dessein de publier ces deux Ecrits en même tems, en commençant par le mémoire ; mais les moyens ne l’ayant pas permis, on s’est borné pour le présent, à celui-ci, persuadé que si Dieu veut que l’autre devienne public, il saura bien inspirer à ceux en qui il a mis l’amour de la Religion et de la Patrie, et par conséquent le goût et le desir d’une éducation solidement chrétienne, qui ont quelques moyens, ce qu’il a inspiré aux amis de M. Foissin.

Premier Frimaire an XII.



PRÉCIS

DE LA VIE

DE M. RENAUD.

PRÉCIS
DE LA VIE DE M. RENAUD.
[modifier]


L’HISTORIEN qui écrit la vie des héros du siècle, des hommes que la providence a placés dans les postes éminens de la société, est obligé de travailler son style, de le proportionner à la grandeur des faits qu’il entreprend de louer et de transmettre à la postérité ; mais celui qui n’écrit que la vie simple et uniforme d’un instituteur dont chacun des instans qui la composent, est employé à la pratique constante des mêmes vertus, à l’exercice des mêmes fonctions, à l’art pénible et difficile d’éclairer les esprits et de former les cœurs, de développer les facultés de l’homme, et de créer, pour ainsi dire, les générations, n’a pas besoin d’un style recherché. L’éloquence humaine seroit déplacée dans un sujet de cette nature, sa pompe s’accorderoit mal avec l’humble modestie du personnage, et le cœur ne seroit pas satisfait d’un éloge qui ne seroit pas dicté par le cœur. Je raconterai donc tout simplement quelques circonstances de la vie de M. Renaud qui puissent, en édifiant, faire connoître son caractère et ses mœurs.

Louis Renaud naquit à Taroiseau, village près d’Avallon ; de parens pauvres, mais chrétiens. Jeanne Petit, sa mère, mourut en 1757, et laissa à son mari tous les soins de sa famille. Ce père peu fortuné ne put donner une grande éducation à ses enfans ; mais il leur légua la plus précieuse des successions, l’exemple de ses vertus et l’amour du travail. A la mort de sa mère, Louis Renaud n’avoit encore que douze ans. Sa mémoire étoit excellente, mais peu meublée ; sa pénétration vive, mais sans exercice. Il ne savoit pas lire et n’alloit pas à l’école. La garde des troupeaux ne lui permettoit pas d’assister assidûment au catéchisme. Quelques cantiques qu’il aimoit beaucoup à frédonner, faisoient toute sa science : ce fut la cause de son avancement. Le respectable M. Petitier, curé de Taroiseau, qui vit encore, se promenoit dans les champs la veille de la Pentecôte ; il entend chanter un assez long Cantique sur le mystère du lendemain ; il s’approche du petit berger pour lui dire quelques paroles d’encouragement, et lui faire de petites questions ; il lui demande s’il est assidu à l’école. Le jeune homme lui répond qu’il n’y va pas. Comment donc, dit le Pasteur étonné, avez vous pu apprendre ce cantique, ne sachant pas lire ? Je l’ai ouï chanter cinq ou six fois, répond l’enfant, et je l’ai retenu. M, Petitier découvrant en lui des dispositions heureuses, lui dit : je veux que vous alliez à l’école, j’en parlerai à vos parens, je m’arrangerai avec eux ; je veux aussi que vous assistiez exactement au catéchisme ; cela n’empêchera pas que vous leur soyez utile, en continuant de garder les troupeaux.

M. Petitier alla voir les parens de Louis Renaud, et en obtint facilement ce qu’il demandoit. Il le confia à un maître, et le recommanda à ses soins. Le jeune écolier fit des progrès rapides, il s’appliquoit beaucoup ; il emportoit son livre dans les champs, et mêloit à la vie pastorale les occupations de l’étude. Au bout de six mois il écrivoit et lisoit assez bien. Son bienfaiteur alors voulut bien consacrer une heure par jour à son instruction ; il lui enseigna la grammaire. Après huit mois de soins particuliers il parla à M. de Précy, seigneur de Taroiseau, et lui vanta les progrès du jeune Renaud. Il fut projetté de le placer au collége d’Avallon, en qualité de portier, sous la condition qu’un régent, de la connoissance de M. de Précy, se chargeroit de son éducation. Ce projet échoua ; par l’opposition d’un professeur qui dit : que Louis étoit né pour travailler à la terre, et qu’il falloit qu’il restât dans son état.

Le Seigneur, qui lui fermoit cette voie, ne l’abandonna pas. Le jeune Louis fut envoyé à St.-Palais, sous un bon maître ; bientôt après il fut reçu dans la communauté de St. Charles d’Auxerre ; ce fut là qu’il puisa la science des Saints pour la répandre ensuite dans cette ville, où l’on se rappelle avec satisfaction de l’avoir vu à la tête de l’institution ; et à Paris, où la volonté de ses supérieurs l’appella.

Après quelques temps de séjour dans la rue, de Lappe, il fut employé, pendant nombre d’années, aux Écoles de la section des Quinze-Vingts, jusqu’à la destruction de cette maison. Quand il y fut associé, il abandonna son patrimoine à sa famille, se contentant de la table et des vêtemens de la communauté, et pratiquant la pauvreté qui y étoit strictement gardée. Pour connoître M. Renaud, il faut lire l’origine et les réglemens de cette société qu’il a donnés au public, ainsi la vie de M. Foissin son confrère, avec lequel il a été lié, jusqu’à la mort de ce respectable prêtre. La carrière ordinaire des instituteurs n’est pas semée de ces traits honorables selon le monde, qui ne tient pour grand que ce qui est éclatant ; mais elle est remplie de travaux continuels et d’actes de charité envers le prochain, sur-tout envers les enfans. Rien de plus uniforme que la conduite d’un instituteur, ce qu’il a fait aujourd’hui, dirigé par sa règle, il le fera demain, il le fera toujours jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de le retirer de ce monde, ou de le mettre hors de combat par des infirmités, ou la décrépitude de la vieillesse, qui arrive plutôt chez les hommes fortement occupés. Quel fond inépuisable de charité ne doit-il pas avoir pour se renoncer ainsi soi-même, et ne s’occuper que du bien de ceux qui lui sont confiés ! Quelle patience imperturbable pour supporter leurs défauts sans se lasser et sans se plaindre ! Combien ne doit-il pas avoir travaillé à sa propre perfection, et être maître de soi-même, afin de donner constamment le bon exemple, de ne pas mettre sa conduite en contradiction avec la doctrine qu’il enseigne, et ne pas s’exposer à perdre tout le fruit de ses leçons, en détruisant d’une main ce qu’il plante de l’autre.

J’ai bien mal connu M. Renaud, s’il n’a pas rempli toutes les fonctions d’un instituteur vraiment digne de ce nom. Il étoit plein de zèle pour l’instruction des enfans ; il sembloit ne vivre que pour eux. Tout en lui respiroit ce tendre amour pour le premier âge dont J. C. nous a fourni le plus parfait modèle. Son extérieur simple et modeste annonçoit la candeur de son ame ; et la paix dont il jouissoit intérieurement se faisoit sentir dans toutes ses manières, toujours unies sans être compassées. Qui posséda mieux que lui toutes les qualités requises pour l'éducation de la jeunesse, et pour remplacer l'affectueux empressement des parens, chargés par la nature de ce devoir sacré ? M. Renaud ne bornoit pas sa sollicitude à l'instruction de la jeunesse qui lui étoit confiée, il se faisoit un plaisir, disons plus, un vrai besoin de propager les douces influences de la vérité, et la connoissance de la religion. Des livres de piété, dont il faisoit des envois, alloient porter la lumière dans la Bourgogne, dans la Champagne et dans d'autres provinces. Les enfans y apprenoient les Elémens du Christianisme ; les adultes y trouvoient des règles de morale pour toutes les circonstances de la vie ; tous y devenoient les disciples de ces illustres docteurs qui ont si bien connu et défendu la vérité.

M. Renaud faisoit plus : afin de lever tout obstacle qui auroit pu s'opposer à ses vues bienfaisantes, il envoyoit des secours pécunaires à des amis vertueux qui les dispensoient aux parens infortunés, et les mettoit ainsi à même de se priver du travail de leurs enfans durant le cours de leur éducation. Il falloit que M. Renaud sentir tout le prix de l'éducation chrétienne, pour se livrer avec tant d’ardeur à cette bonne œuvre et y consacrer ses facultés, dépositaire des aumônes que des ames charitables y versoient.

Les enfans, néanmoins, n’absorboient pas toute son attention et toutes ses forces. Ses compatriotes qui venoient à Paris trouyoient en lui un ami, un guide, un protecteur : il dirigeoit leurs pas dans cette ville, où les écueils sont si dangereux, et où la vertu sans appui vient souvent faire un triste naufrage ; il leur donnoit des avis sages qu'il fortifioit de ses exemples ; il garantissoit les jeunes gens de la séduction, en leur montrant les suites funestes d’une aveugle confiance, et les retenoit sur les bords de l’abîme, par les secours puissans de la Religion. Le misérable étoit sûr d'être assisté ; sa bourse étoit ouverte au besoin. L’affligé venait oublier ses afflictions auprès de lui, Ses enteetiens et ses lettres ont dissipé bien des chagrins et calmé bien des peines. La force que donne la Religion est un rempart contre tous les évènemens de la vie, Les plus violentes persécutions ne sauroient abattre un cœur plein de l’esprit de Dieu ; souvent même, le persécuté force l’estime et l’admiration des persécuteurs.

Cette vérité ne parut jamais mieux qu’en 1793, époque fatale dont le souvenir déchirant arrache des larmes à la sensibilité. L’abbé Bernard dénonça jusqu’à trois fois, dans le cours de Brumaire, à la section de la rue de Montreuil, les instituteurs du faubourg St. Antoine, comme contrevenant aux décrets de la convention, en vivant en communauté. D’après la réponse de M. Renaud, la section se reposant sur les autorités constituées, de l’exécution des décrets, et ne voyant, dans cette réunion d’amis, que les avantages qu’ils lui procuroient sans être à charge à personne, déclara : qu’ils avoient toujours mérité sa confiance ; les invita à lui continuer leurs services et les exempta de monter la garde, à laquelle ils avoient été assujettis jusques-là. Bernard, qui, après avoir donné la bénédiction nuptiale à l’abbé Aubert, s’étoit marié lui-même, dénonça cet instituteur et ses confrères, comme signataires d’une pétition incivique contre le mariage des prêtres. L’instituteur répondit : que laissant les citoyens Aubert et Bernard pour ce qu’ils étoient (ce sont ses propres termes) il avoit déclaré par écrit, comme il le déclaroit encore de vive voix, en présence de toute l’assemblée, que ces deux prêtres mariés avaient entièrement perdu sa confiance, et ne la recouvreroient jamais. Ce n’est point ; ajouta-t-il, comme on le prétend ; à l’instigation du curé de Ste Marguerite, qui ne m’en a pas dit un seul mot, que je l’ai fait ; mais de mon propre mouvement ; comme je le ferois encore aujourd’hui, si la chose évoit à faire ; la dénonciation fut méprisée par le comité, et M. Renaud dut son salut au respect que lui avoient acquis ses vertus. Bientôt après, la Providence délivra les Français du tyran Roberspierre, le jour même, où Bernard avoit envoyé ses agens prendre le nom de M. Renaud, pour le classer dans la liste de proscription.

M. Renaud étoit redevable de la solidité de sa vertu, à son amour pour la retraite. Il ne sortoit que quand il avoit du bien à faire, ou que le devoir l’y contraignoit ; il n’aimoit pas le monde et s’y trouvoit déplacé ; il savoit qu’on ne s’y montre jamais, sans perdre quelque chose de l’attachement à ses devoirs. Oui, le monde sera toujours l’écueil des personnes consacrées à Dieu, ou vouées à la piété. La retraite est leur élément dont elles ne peuvent sortir sans danger. Aussi, M. Renaud, semblable au pieux auteur de l’imitation, se sentoit soulagé d’un grand poids, quand il rentroit dans sa chère cellule ; où il pouvoit respirer à son aise, loin du fracas de la ville, et de la corruption du monde.

Nul ne fut plus humble que lui : plus son mérite étoit reconnu, plus il prenoit occasion de s’humilier devant Dieu, et à mesure qu’on louoit ses qualités précieuses, il se reprochoit à lui-même ses imperfections et ses fautes. La confiance que lui témoignoient ses confrères étoit sans bornes ; ils ne faisoient rien sans le consulter ; ils agissoient avec plus d’assurance, quand ils avoient obtenu qu’il approuvât leur conduite. Leurs écrits étoient soumis à sa révision, il pouvoit ajouter ou retrancher à son gré : tant on étoit persuadé qu’il n’abuseroit pas du droit qu’on lui laissoit, et que ce qu’il auroit corrigé acquerroit un degré d’exactitude plus propre à produire son effet. Ses confrères n’étoient pas les seuls qui rendissent justice à son jugement et à sa capacité. Combien de fois fut-il pris pour arbitre par des gens du dehors qui estimoient sa droiture ? Les administrateurs eux-mêmes ; voulant profiter de ses lumières et de son expérience, le firent entrer dans les assemblées du conseil qui se tenoient, au moins tous les mois.

Silencieux par goût et par principe, il parloit peu ; il fuyoit Les conversations oiseuses ; il n’avoit d’attrait, que pour les entretiens qui rouloient sur la Religion et avoient pour objet la gloire de Dieu et le bien du prochain. Dans ces entretiens même, il évitoit avec soin de passer pour savant ; il ne se faisoit pas remarquer, par un empressement déplacé. Sous prétexte de piété, il étoit bien éloigné de se permettre, à l’égard de qui que se soit, le moindre propos désavantageux ; il savoit que rien ne la rend plus méprisable, et ne la déshonore plus aux yeux des gens du monde que ces railleries, ces plaintes éternelles, ces critiques amères, dont on ne se fait pas assez de scrupule, parmi ceux qui en font profession publique. Autant il étoit circonspect dans ses paroles, autant il exigeoit que les autres le fussent en sa présence. Il ne prêtoit jamais l’oreille aux discours empoisonnés de la détraction, et ce qu’il en entendoit malgré lui, le couvroit d’une salutaire confusion. En voici un trait qui m’a paru caractéristique.

« Etant un jour avec lui, écrit un de ses amis, je lui parlois d’un confrère qui venoit de faire une faute scandaleuse : il répondit en soupirant : on fait des fautes à tout âge ; et se mit à me parler d’autre chose ». Sévère envers lui-même plein d’indulgence pour les autres, il pardonnoit aisément à la légèreté des jeunes gens, et couvrait du manteau de la charité les fautes des anciens. La charité est toujours accompagnée de l’aimable cortège de toutes les vertus ; elles se trouvoient éminemment réunies dans M. Renaud. Il fut sobre, tempérant, pacifique sans faiblesse, ami de la vérité sans affectation, pieux sans bigoterie, zélé sans excès, humble sans bassesse, austère sans dureté, actif, vigilant, laborieux, ménageant le temps pour ses devoirs, et pratiquant ses devoirs pour l’éternité.

S’il étoit à la promenade avec ses confrères et ses disciples, il ne prenoit aucune part à leurs amusemens : seul, retiré dans un coin, il méditoit à son aise ; il couchoit par écrit les pensées qui lui venoient en foule, se réservant de les mettre en ordre, dans des momens de loisir, et d’élaguer celles dont il ne pourroit faire usage.

C’étoit là sa méthode ordinaire quand il faisoit ses lectures. Sa plume et son papier l’accompagnoient toujours ; il notoit les passages les plus remarquables ; il recueilloit les observations qu’ils lui faisoient naitre, s’enrichissant par ce moyen, et de son propre bien et de celui des autres : méthode recommandée par de très-grands hommes, et notamment par dom Mabillon, dans son Traité des Études Monastiques, comme seule propre à former de vrais savans. M. Renaud, qui mettoit ainsi à profit les momens de récréation, ne pouvoit que bien employer les heures de travail. Alors, il se livroit à l’étude avec une ardeur incroyable. Il auroit souvent passé les bornes de la modération, si le besoin de repos ne se fût fait sentir avec trop d’empire, et si les exercices ne l’eussent empêché de prolonger ses études. Il n’est pas étonnant qu’avec une pareille préparation il ait répandu par-tout la bonne odeur de J. C., et formé des élèves selon le cœur de Dieu.

Les fonctions d’instituteur lui avoient laissé, pendant dernières années de sa vie, assez de relâche pour composer quelques opuscules, dictés par l’amour de la Religion. Le premier, est un Essai pour chanter les Vêpres et Complies en français avec 37 airs notés. Ce Traité fut suivi d’une Dissertation sur la Célébration de la liturgie en langue française, déposée à la Bibliothèque impériale, le premier Juillet 1805. L’un et l’autre de ces deux opuscules ont été approuvés plusieurs hommes distingués dont on conserve les lettres.

Le dernier de ses ouvrages, qu’il déposa aussi à la bibliothèque impériale, est un Recueil de Chants pour le service divinRecueil de Chants pour le service divin, en français, et dont on a fait usage au salut, en l’église de Ste Marie, pendant tout le temps que M. Brugière y a exercé le culte catholique.

Le temps marqué par la Providence n’est peut-être pas éloigné, où les temples retentiront des actions de graces d’un peuple fidèle, en langue vulgaire ; où le cœur, d’accord avec la bouche, célébrera la grandeur de la divinité, avec effusion, avec intelligence. Si l’Eglise a des raisons légitimes pour se refuser maintenant aux vœux de quelques hommes instruits, et aux besoins du peuple, il faut espérer que ces obstacles seront un jour levés, et qu’il nous sera permis de mêler ensemble nos voix et nos prières dans un langage connu de tous. En attendant, gardons-nous de blâmer notre mère commune de sa conduite, et de lui reprocher avec amertume son attachement à la langue antique qui servit à transmettre à nos aïeux le don précieux de la foi et de la morale évangélique ; l’esprit de sagesse qui l’anime suffit pour la mettre à couvert de nos censures. Elle ne peut nous soustraire ce qui seroit essentiel au salut, et dès qu’elle nous prive de la satisfaction de chanter ses cantiques en français, il n’en faut pas davantage pour nous convaincre que la liturgie en latin n’est pas opposée à l’institution divine et à l’enseignement des pères.

À ces opuscules que M. Renaud composa de son fonds, il joignit encore l’édition des Sermons de M. Brugière, son digne ami. C’est la peine que lui donna la correction des épreuves, qui avança sa mort. Sa santé, déjà affoiblie par des études continuelles, par des courses longues et pénibles, par le travail de l’instruction, par les secousses de la révolution, par le chagrin de voir l’établissement auquel il appartenoit, détruit sans retour, et le vide qu’il laissoit dans l’éducation des pauvres enfans de cette immense capitale, alloit en dépérissant, lorsqu’il entreprit de donner au public deux volumes de Prônes. L’ardeur avec laquelle il poursuivit cet ouvrage le réduisit bientôt à l’extrémité ; il fut atteint d’une forte fièvre, suite inévitable d’un squirre au foie. Après un an de langueur et de souffrance, il mourut le 8 Février 1806, âgé de 62 ans.

Nous l’avons vu quelquefois dans son lit de mort ; et nous pouvons assurer qu’il nous à toujours édifié par les sentimens chrétiens dont il n’a cessé d’être animé. La patience, la résignation, le courage avec lequel il a supporté sa dernière maladie ne pouvoit partir que d’une ame, depuis long-temps sous l’empire de la grace, accoutumée aux souffrances et au mépris de tout ce qui flatte les sens. Quelle douceur ! quelle piété tendre ! Combien les paroles, qui sortoient de sa bouche mourante, respiroient le désir de quitter cette terre étrangère, de s’unir avec J. C. ! quelle soumission à la volonté de Dieu ! quelle conformité à la passion de son divin maître dont il étoit constamment occupé ! On n’eut pas besoin de l’exhorter à l’amour de Dieu, il en étoit pénétré : il ne fallut pas employer les moyens ordinaires pour lui adoucir les horreurs du trépas, il attendoit avec joie sa délivrance ; la sérénité qui brilloit sur son visage, et la piété qui éclatoit dans ses discours, édifioient tout-à-la-fois et rassuroient ses amis.

Ainsi meurent les justes. Toute la vie est pour eux l’apprentissage de la mort. Comme ils en font le sujet de leurs continuelles méditations, ils se familiarisent avec elle, ils la voient approcher sans effroi ; elle est pour eux le vestibule de l’immortalité.

Pour nous, les témoins de sa vie et les admirateurs de ses vertus, souvenons-nous qu’il nous fut uni par les liens de la charité ; que sa mémoire soit toujours en bénédiction parmi nous ; et s’il reste à son ame quelques imperfections à expier, offrons à Dieu, avec le tribut de nos prières, le sacrifice du sang de son divin Fils, qui est la propitiation des vivans et des morts.










NOTICE BIOGRAPHIQUE
sur trois frères
décédés depuis le rétablissement
de la Société

Frère Voisin.


Voisin, Pierre-Marie, né à St Leu-Taverny, département de Saône-et-Oise,

le 8 Décembre 1799, entra à la maison le 28 Avril 1818. Sa digne sœur[5] Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/439 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/440 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/441 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/442 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/443 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/444 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/445 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/446 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/447 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/448 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/449 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/450 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/451 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/452 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/453 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/454 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/455 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/456 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/457 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/458 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/459 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/460 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/461 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/462 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/463 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/464 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/465 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/466 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/467 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/468 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/469 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/470 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/471 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/472

Table générale
des ouvrages
et des principaux articles
contenus dans ce volume.


1o Mémoire historique sur la ci-devant Communauté du faubourg St Antoine, par le citoyen Renaud, ancien Instituteur.

 
Page
Ce que c’était que cette Communauté 
 1.
Sa composition 
 3.
Ses exercices 
 5.
Écoles, comment elles étaient distribuées 
 15.
Tenue des Écoles 
 17.
Origine des Écoles Chrétiennes du fbrg St-Antoine 
 23.
M. de Fays. — Sa générosité 
 31-36.
Fin de l’ancienne Communauté 
 36.

2o Rétablissement de la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg St-Antoine.

 
Page
Par qui ce rétablissement fut exécuté 
 2.
M. Vincent Derede 
 5.
M. Delhère 
 6.
M. l’abbé Labourderie 
 7.
Manuel du Catéchiste et du maître d’école [par qui composé] 
 9.
M. Durand 
 10.
M. Leboucher, supérieur général 
 12.
Statuts de la Communauté St-Antoine 
 19.
M. Henry [Jérémie] Supérieur général 
 27.
Supériorat de M. Hureau 
 34.
Ordonn. du Roi qui autorise la Société St-Antoine 
 42.
Ordonn. du Roi qui autorise la fondation des Ecoles de St-Lambert 
 61.
Etat des établissements de la Société, au mois de fevrier 1850 
 107.

3o Vies des frères qui ont été la bonne odeur de J-C, dans la Communauté St-Antoine depuis l'époque de sa fondation p.1-245.

Noms des supérieurs de l’ancienne Communauté St-Antoine depuis son origine jusqu'à la séparation de ses membres 
 246.
Table alphabétique des noms des frères dont la vie se trouve dans ce recueil 
 247.
Principaux faits dont il est question dans les notes 
 249.

4o Précis de la vie de M. Foissin.


5o Précis de la vie de M. Renaud.


6o Notice biographique sur trois frères décédés depuis le rétablissement de la Société.

Frère Voisin 
 1.
Frère Victor 
 14.
Frère Aubert 
 26.
Fini à Paris,
le 13 Février 1850.
  1. Voyez le projet du Calendrier liturgique.
  2. Note de Wikisource L’auteur fait erreur : il s’agit de 1760 et non 1769. L'erreur est reprise de la préface du Traité de la manière d'enseigner à lire.
  3. Ainsi désigné du lieu où fut fondée l’ancienne Communauté, rue de Lappe, faubourg St Antoine.
  4. Cette communauté, destinée à former des Sœurs qui se consacrent au service des malades et à l’instruction des jeunes filles, sans se lier par aucun vœu, fut honorée de la protection de Monsieur le Cardinal de Noailles qui leur nomma pour supérieur Monsieur l’Abbé d’Eaubonne, chanoine de l’Eglise de Paris, et fit bénir une chapelle dans leur maison de la rue de la Muette, faubourg Saint-Antoine. La première Supérieure fut la sœur Le Sourd qui mourut le 23 Avril 1777, âgée de près de 89 ans, après avoir gouverné sa Communauté pendant 56 ans. La sœur Gilles qui était alors Maîtresse des Novices, fut élue en sa place et gouverna pendant 50 ans jusqu’à sa mort, arrivée le 25 Juin 1827. Elle était âgée de 86 ans. Sous sa supériorité, le 14 Juin 1810, Napoléon rendit un décret contenant brevet d’Institution des Sœurs de Sainte-Marthe de Paris, et approbation de leurs statuts. Le Chapitre Général, convoqué le 17 Juillet 1827, à l’effet de nommer une supérieure générale, élut la sœur Hilaire, (Migaule) déjà supérieure de l’hopital St-Antoine, et assistante de feu la sœur Gilles. Sous le Gouvernement de la Sœur Hilaire, qui joignait dans sa conduite la prudence à la charité, arriva une scission fâcheuse dans la Communauté. Les sœurs dyscoles se séparèrent et formèrent une Communauté à part, sous le nom de Sœurs de Sainte-Marie. La Sœur Melthide (Vesnat) est la première Supérieure de cette nouvelle Communauté, dont le chef-lieu est établi à l’hopital Cochin. La sœur Hilaire étant morte le 12 Février 1844, la sœur Irénée (Brodier) fut nommée supérieure Générale le 17 du même mois. Elle est décédée le 13 Juin 1849. La Communauté de Sainte-Marthe se compose d’environ 130 sœurs qui suivent la même Règle, et restent soumises à la Supérieur-Générale ; mais chacune de leurs Maisons a une Supérieure particulière. Le Noviciat réside dans l’hopital St-Antoine. Elles desservent la maison de secours du quartier des Lombards depuis 1792 et celle du Quartier de l’Ecole de Médecine. Elles sont attachées en qualité d’hospitalières, à l’hopital St-Antoine depuis 1812 ; à l’hopital Beaujou depuis 1813 ; à l’Infirmerie du collège Louis-le-Grand (aujourd’hui Lycée (Descartes), depuis 1822 ; à celle de l’Ecole Polytechnique, depuis 1824 ; à celle du collège Henri iv (aujourd’hui Lycée Corneille) depuis 1831 ; à l’hopital de la Pitié depuis 1834. Cette même année 1834, elles ouvrirent un pensionnat et une école à Magny-les-hameaux près Chevreuse, et depuis elles ont été appelées à desservir l’infirmerie de l’hospice des Quize-Vingts. Le 19 Juin 1849, a été élue Supérieure Générale de cette Communauté la sœur Sébastien, née demoiselle Pouxeau.
  5. Marie Anne Véronique, dite Sœur Anastasie, décédée le 21 Décembre 1839.