Mémoires (Saint-Simon)/Tome 19/11

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CHAPITRE XI.


Voyage à Balsaïm. — Fraîche réception tôt réchauffée. — Audience à Balsaïm. — Je couche à Ségovie. — Ségovie. — Cordelier de M. de Chalois. — Je dîne à Balsaïm, et suis Leurs Majestés Catholiques à la Granja. — Comment la Granja devenue Saint-Ildephonse. — Saint-Ildephonse. — Superbe et riche chartreuse. — Manufactures de Ségovie fort tombées. — Je réponds aux lettres du cardinal Dubois et de Belle-Ile. — Bruit ridicule que fait courir mon voyage de Balsaïm. — Hardiesse étrange de Leurs Majestés Catholiques allant et venant de Balsaïm. — Autres lettres curieuses du cardinal Dubois à moi. — Vif sentiment du duc d’Arcos sur la préséance des cardinaux au conseil de régence. — Cardinaux, chanoines de Tolède, mêlés avec les autres chanoines en leur rang d’ancienneté entre eux.


Nous arrivâmes sur le midi au vrai pied de la Guadarama, après avoir déjà assez longtemps monté et fait à peu près comme de Paris à Senlis. Nos voitures y demeurèrent, et nous montâmes nos mules. Je ne vis jamais un si beau chemin ni si effrayant en voiture. On affronte un mur de roc d’une effroyable hauteur par un chemin uni, mais étroit, qui va en zigzag, assez droit, avec peu de roideur, en sorte qu’en parlant un peu haut on peut causer un peu avec des gens au-dessous et au-dessus de soi, qui sont à près d’une lieue les uns des autres. La montagne et le chemin étoient couverts de neige fort épaisse ; tout étoit rempli d’arbres entre les rochers, dont les branches, toutes chargées de frimas, n’étoient que les plus belles grappes et les plus brillantes. Toute cette singularité faisoit dans son affreux quelque chose de charmant. On parvient ainsi à la cime, à force de contours. Le terre-plein n’en est pas long, et la descente de l’autre côté est bien plus aisée et plus courte, à la moitié de laquelle on découvre Balsaïm, dans une vallée étroite, placé à une distance assez grande du pied de la montagne. Balsaïm, bâti par les Maures, et brûlé par malice sous Charles II, qui y alloit trop souvent, et point réparé depuis, est le reste d’un grand et beau château. Ce reste est fort petit, avec un jardin médiocre et rien autour qui s’aperçoive. Nous fûmes mettre pied à terre à un reste de bâtiment bas, qui étoit du château tout contre, mais sans communication à couvert.

On nous fit entrer dans l’office du duc del Arco, où ses sommeliers travailloient, qui nous quittèrent civilement la place, après nous avoir présenté des chaises de paille auprès du feu, dont nous avions grand besoin, et nous avoir offert de nous rafraîchir, dont nous les remerciâmes. Il n’étoit guère que quatre heures après midi, et nous y attendîmes une heure et demie le retour de Leurs Majestés de la Granja, qui est devenu Saint-Ildephonse. La cuisine du duc del Arco étoit à côté. Au-dessus, il y avoit quatre petites cellules pour les trois seigneurs qui étoient du voyage, et pour Valouse, et, en bas, près de la cuisine, une espèce de petite salle longue et étroite, où le duc del Arco tenoit sa table. Avertis de l’arrivée de Leurs Majestés, nous allâmes les voir descendre de carrosse. Grimaldo les avoit averties ; elles s’attendoient à me trouver. La réception du roi fut froide, pour ne pas dire rechignée, sans dire une parole ; celle de la reine, embarrassée mais plus humaine. Elle me dit quelques mots, mais leur suite me fit la meilleure réception du monde. Le roi et la reine montèrent un degré de bois, entre deux bâtons pour garde-fous, où on ne pouvoit aller qu’un à un. Il étoit en dehors appuyé contre le pignon, et en l’air comme la montée d’un paysan dans son village. Au haut il y avoit un petit carré à tenir cinq ou six personnes pressées, d’où on entroit directement dans la chambre du roi et de la reine, sans rien de plus qu’une garde-robe au delà, et vis-à-vis la porte de la chambre de Leurs Majestés, en repassant le petit carré, une autre chambre toute seule. C’est là tout le logement avec quelques trous au-dessus ; et dessous, au rez-de-chaussée, la cuisine et l’office de Leurs Majestés.

Arrivé dans ce carré où Leurs Majestés s’étoient arrêtées pour m’attendre, je leur demandai la permission de les suivre et d’avoir l’honneur de leur dire un mot. Toute la suite demeura dans ce carré et dans la chambre joignante, et je me trouvai en tiers avec Leurs Majestés Catholiques, qui me menèrent dans la fenêtre, parce que le jour baissoit fort. « Qu’y a-t-il, monsieur, donc de si pressé ? » me dit le roi sèchement. Je commençai par des excuses d’être venu sans permission sur les ordres les plus exprès que j’en avois reçus pour leur rendre compte de ce qui s’étoit passé au conseil de régence, que je leur expliquai fort simplement, sans dire un mot de cabale et seulement pour les informer de la raison qui avoit fait sortir les ducs, le chancelier et les maréchaux de France du conseil, qui n’étoit autre que la préséance des cardinaux et qui étoit chose toute simple et sans nulle sorte de conséquence pour la tranquillité et pour les affaires, mais dont l’attention de M. le duc d’Orléans à les informer des moindres événements avoit voulu que je fusse le premier à le leur apprendre tout tel qu’il étoit de la part du roi et de la sienne, par son respect et son attachement pour Leurs Majestés. Le roi, toujours sec, me répondit que cela ne valoit pas la peine d’être venu, que cela eût été aussi bon à Madrid. Je regardai la reine, et, m’adressant à elle, je lui dis qu’on étoit bien empoché quand on avoit affaire au cardinal Dubois, et sur un fait encore où le moindre retardement m’eût fait une affaire, parce qu’il étoit persuadé, sans doute avec raison, que je ne serois pas plus content de ce qui s’étoit passé que ceux qui en avoient quitté le conseil. La reine se mit à rire, me dit qu’elle le comprenoit bien, et, s’adressant au roi, ajouta qu’il n’y avoit pas grand mal, sinon ma peine, et tout de suite me fit quelques questions sur ce qui s’étoit passé, mais courtes et simples. Le roi se radoucit et me dit qu’il ne se soucioit point de ces choses-là, qu’il ne vouloit point se mêler de l’intérieur de la cour de France, encore moins des disputes et des querelles. Je finis ce propos par leur présenter la relation que j’avois reçue de tout ce qui s’étoit passé à l’arrivée de l’infante, et des fêtes qui l’avoient suivie, ce qui plut fort au roi et le remit de belle humeur. Je leur en dis les principaux articles. Ils furent fort sensibles à l’appareil de la réception, et surtout de ce que le roi étoit sorti assez loin de Paris au-devant d’elle.

Après quelques propos là-dessus qui achevèrent de les égayer, la reine proposa au roi de faire entrer ce qui étoit dehors pour leur donner part de ces nouvelles, et me dit de les appeler. Tous entrèrent. La reine leur répéta ce que je venois de lui en dire, et ajouta qu’il falloit lire la relation. Puis, s’interrompant, elle eut la bonté de se mettre en peine de mon gîte et de ce qui m’accompagnoit. Le duc del Arco m’offrit un lit et à souper, mais en peine de lits et de chambres pour ce que j’avois amené. Tout cela causa force compliments et de la meilleure grâce du monde de la part du duc del Arco, même du marquis de Santa-Cruz, où le roi entra un peu et la reine avec vivacité. Je ne voulois incommoder personne, et, pour ce qui étoit avec moi, il n’y avoit nul moyen de les gîter. Je proposai donc qu’il nous fût permis d’aller coucher à Ségovie, et cela finit par là. Le duc del Arco vouloit nous donner à souper, mais je fis si bien que je m’en exemptai. Il me fit donner une berline à quatre personnes pour nous y mener. La reine, pendant cette conclusion, avoit parlé bas au roi, et me dit après qu’ils ne me laissoient aller qu’à condition de revenir tous le lendemain dîner chez le duc del Arco, et de les suivre après dîner à la Granja, où le roi me vouloit montrer les bâtiments et les jardins qu’il y faisoit faire. Le roi ajouta quelque chose du sien avec un air content et ouvert, et la reine les plus gracieuses bontés. Valouse nous vouloit donner son lit et sa chambre, et le comte de San-Estevan de Gormaz fit aussi très bien. Mais il n’y eut rien d’égal à la politesse et à l’empressement du duc del Arco. Nous prîmes congé et nous partîmes pour Ségovie, distant de Balsaïm comme de la place de l’ancienne porte de la Conférence [1] à Sèvres, par une plaine fort unie qu’on gagne après avoir un peu monté fort doucement. On nous fournit aussi des gens à cheval avec des flambeaux.

Ceux qui, venus avec moi, y allèrent à cheval, précédèrent l’arrivée de la berline. Nous les trouvâmes dans la rue, n’ayant pu se faire ouvrir aucune maison. On les renvoyoit par les fenêtres comme des bandits dont on avoit peur. Malgré l’équipage nous eûmes le même sort partout où nous frappâmes, en sorte que pendant près d’une heure nous eûmes toute la peur de coucher sur ce pavé sans souper. Enfin nous fîmes tant de bruit à la porte d’une grande maison, qu’après avoir longtemps prié et menacé par la fenêtre, bravé par notre nombre et par la livrée du roi qui nous menoit, ces gens comprirent enfin que nous disions vrai et que nous n’étions pas des bandits. Ce fut un grand contentement que de voir ouvrir cette porte. On nous fit monter et montrer des chambres et des lits. C’étoit déjà beaucoup. Mais quand on parla de souper, point de pain ni de viande, ni de tout l’accompagnement. Le repas en chemin avoit été fort léger, et nous n’avions pas compté d’avoir rien à porter pour le soir. Il fallut bien du temps et de l’industrie pour surmonter la mauvaise humeur de gens qui nous avoient reçus malgré eux, qui trouvoient fort mauvais que nous troublassions leur repos, et pour ramasser de quoi souper et l’apprêter à l’heure qu’il étoit, et dans un pays où les cabarets et les hôtelleries sont inconnus. Néanmoins avec de la patience nous soupâmes et nous couchâmes pas trop mal.

La curiosité m’éveilla le lendemain de bonne heure. Mes fenêtres me présentèrent tout près ce superbe aqueduc construit par les Romains ; qui paroît d’une seule pierre, et qui, sans s’être encore démenti, porte l’eau de la montagne voisine par toute la ville, qui est grande, bien bâtie, avec des places, de belles églises, et des rues moins étroites, moins obscures, moins tortues que je ne les ai vues dans les autres villes d’Espagne, excepté Madrid et Valladolid. En approchant tout contre l’aqueduc, qui est d’une grande hauteur, et plus que les plus hauts qu’on voit autour de Versailles et de Marly, et sans arcades que quelques portes pour la communication nécessaire, on est surpris de l’énormité des pierres dont il est bâti et de la presque imperceptibilité de leurs séparations, où il ne paroît pas trace d’aucune espèce de liaison. Je ne pouvois me lasser de considérer ce merveilleux édifice que tant de siècles ont respecté.

La ville est au fond d’une plaine de quatre ou cinq lieues, belle, unie, fertile et appuyée à la montagne, qui est là fort haute et fort escarpée. À l’autre bout, du côté de la plaine, est le château de Ségovie qui, comme Vincennes, est un palais, mais vaste et beau, embelli et presque tout rebâti par Charles-Quint, et une prison de criminels d’État. Il a, chose rare en Espagne, une belle et vaste cour, et les appartements des rois sont admirables par leur plain-pied, leur étendue, leur structure et les ornements sages, magnifiques et très bien exécutés, dont ils sont enrichis. Leur dorure épaisse, foncée, brillante comme si elle venoit d’être faite, les plafonds avec leurs peintures exquises, et l’ordonnance des ornements, tant dés murailles, des portes, des fenêtres et des plafonds, me rappela tout à fait ceux de Fontainebleau, ne balançant pas toutefois à préférer ceux de Ségovie. La principale vue donne sur une petite rivière qui serpente tout proche, et sur toute cette magnifique plaine bordée de montagnes inégales et de quelques hauteurs.

Au plus haut du donjon, qui a sept étages, et qui est tout contre le château, dans la même cour, étoit ce cordelier fameux que H. de Chalois amena à Paris avec tant de précaution et de mystère, dont il a été ici parlé en son temps, et qu’il ramena bien escorté à Ségovie, d’où il n’étoit pas sorti depuis. J’appris de celui qui avoit soin des prisonniers, car il y en avoit dans ce donjon plusieurs autres, que ce cordelier étoit insatiable de romans, et guère moins de vin et de viande ; qu’il juroit et blasphémoit sans cesse, et qu’il passoit sa vie à hurler de fureur ou à chanter pour se divertir. Il crioit à l’injustice contre la cour d’Espagne, mais sans jamais rien laisser entendre de la cause de sa prison ; qu’il avoit tenté bien des fois de se sauver, ce qui l’avoit fait mettre au plus haut étage ; qu’il ne s’accoutumoit point à sa prison, et qu’il étoit comme désespéré. Ce concierge me parut excédé d’un tel hôte, dont l’impiété et le goût de la débauche lui faisoit horreur, et qu’il lui donnoit plus de soin et de peine que tous les autres prisonniers ensemble. Je fis ce que je pus pour le lorgner à sa fenêtre, mais je ne pus l’y apercevoir. Il y avoit du moins une belle vue, et on lui donnoit les livres qu’il demandoit, et tant de vin et de nourriture qu’il vouloit, mais on ne lui laissoit voir personne ni rien de quoi il pût s’aider pour écrire. La matinée se passa en ces curiosités, et nous partîmes pour Balsaïm par les mêmes voitures qui nous avoient amenés la veille.

Nous descendîmes chez le duc del Arco vers une heure après midi, et bientôt après on y servit un fort splendide dîner et fort bon, quoique presque tout à l’espagnole. Le marquis de Santa-Cruz, le comte de San-Estevan de Gormaz et Valouse dînèrent avec nous, et le duc del Arco en fit les honneurs le plus noblement et le plus poliment du monde. On fut longtemps à table, de fort bons vins, de très bon café, bon appétit, bons propos. Ces seigneurs espagnols étoient ravis de me voir donner sur leurs mets de bonne grâce. Peu de moments après dîner, ils nous menèrent au bas de ce petit escalier de bois, sur lequel, tôt après, nous vîmes paroître le roi et la reine et monter en carrosse, dont je fus fort accueilli. Le roi me parut tout accoutumé à me voir à Balsaïm, et lui et la reine se faire un plaisir de me faire voir leurs ouvrages à la Granja. Ce mot espagnol veut dire une grange. C’en étoit une en effet, et tout esseulée, qui appartenoit aux moines de l’Escurial, à une lieue, de celles d’autour de Paris, de Balsaïm. De cette maison, le roi y avoit été faire des chasses. La solitude lui en avoit plu ; la facilité d’y avoir de l’eau en abondance et beaucoup de chasse l’avoit déterminé à acheter de ces moines ce qu’ils y avoient, et à y bâtir la retraite dans laquelle il méditoit de se jeter dès que le prince des Asturies commenceroit à pouvoir porter la couronne, qu’il lui vouloit remettre, comme il l’exécuta depuis. Mais ce dessein, alors ni de longtemps après, ne fut connu que de la reine et du P. Daubenton, qui tous deux en mouroient de peur, et n’oublioient aucune adresse pour l’en détourner doucement.

Le duc del Arco et le marquis de Santa-Cruz se partagèrent pour nous mener. Le chemin couloit le long de la vallée, traversant souvent de beaux ruisseaux et des ravins, et se rapprochant du pied de la chaîne de ces hautes montagnes que nous avions traversées en venant de Madrid. Plus on approche de la Granja, plus la vallée s’étrécit. Tout y étoit ouvert comme en plein champ, et nous arrivâmes par le côté. La cage de la maison étoit faite, distribuée, couverte ; on en étoit aux dedans, mais encore en maçons ; et la plupart des jardins étoient faits, mais grossièrement encore. La chapelle, qui est au flanc par où nous arrivâmes, étoit à peine sortie de terre, comme une fort grande église, qui devoit être accompagnée de logements pour le chapitre et les gens de la chapelle, qui n’étoient pas commencés. Cette chapelle étoit déjà fondée pour une riche collégiale [2]. Son titre étoit destiné de Saint-Ildephonse, sous l’invocation duquel elle devoit être consacrée ; et c’est ce qui a donné le nom à ce vaste palais. Avant d’aller plus loin, il faut donner l’idée de ce lieu, que la retraite de Philippe V, pendant sa courte abdication, a rendu célèbre.

Il seroit difficile de trouver une situation plus ingrate, ni d’avoir mieux réussi à la rendre triste, pour ne pas dire affreuse, par le choix de l’emplacement du château. Ce château est un long et vaste bâtiment qui est double, presque au bas d’une pente fort douce et fort unie partout, qui, en s’élevant peu à peu, arrive jusqu’au bord de la plaine de Ségovie, que cette hauteur presque insensible dérobe au château, qui l’auroit vue en plein, avec la ville de Ségovie, son aqueduc et le couronnement de ses montagnes, s’il avoit été placé vingt ou vingt-cinq toises plus haut, ce qui auroit formé à ses pieds une terrasse telle qu’on auroit voulu, dominant sur les jardins, mais avec une douceur très agréable, et qui n’auroit que plus invité à y descendre, au lieu que l’emplacement où il est ne lui laisse que la vue et le plain-pied de la vallée, et masque entièrement la vue de tous les étages du double par cette hauteur qui s’élève si doucement jusqu’à la plaine, et qu’on semble toucher des fenêtres avec la main. Le rez-de-chaussée me parut destiné en salle des gardes, pièces à tenir des tables, et quelques logements. Tout le premier étage pour les appartements de Leurs Majestés Catholiques, distribués en belles pièces, de belles mais de diverses grandeurs, dont le double aveuglé, comme je viens de l’expliquer, en commodités et en garde-robes, logements de caméristes et de petits domestiques du roi les plus nécessaires, avec, au bout du flanc, des tribunes percées sur la chapelle, mais point encore faites. Nous ne vîmes pas l’étage de dessus. La cage de l’escalier vaste et agréable dans sa forme, au milieu du bâtiment, et à droite et à gauche de jolis escaliers dérobés par lesquels nous passâmes.

À l’autre flanc opposé à la chapelle étoit un bâtiment double, qui ne débordoit pas le château en avant, placé en potence à l’égard du château, qui s’étendoit assez loin en le débordant par derrière, avec des cours et de grands bâtiments intérieurs. Il étoit bâti pour servir de commun pour les équipages, les cuisines et les offices, et pour loger les seigneurs et toute la suite de la cour. Du flanc du château à ce bâtiment, il n’y avoit au plus que trois toises. J’en témoignai ma surprise à la reine, qui me répondit qu’ils vouloient entendre du bruit et voir aller et venir. L’intention secrète, que je ne pouvois comprendre alors, étoit de désennuyer leur retraite par entendre et voir du monde auprès d’eux. Les jardins alloient jusqu’au pied de la montagne, dont l’espace étoit court, et sur la fin montoient un peu dans la racine de la montagne ; mais, à droite et à gauche, ils s’étendoient déjà fort loin, et ils ont été depuis fort allongés de part et d’autre, remplissant toujours toute la largeur de la vallée.

Ces jardins assez unis pour donner de vastes plains-pieds, et point assez pour manquer des agréments qu’on tire des terrains inégaux. Beaucoup d’allées d’arbres plantés tous grands, comme le feu roi faisoit à Marly, des terrasses peu élevées, revêtues et bordées de gazons, des bosquets sortant encore peu de terre, des bassins, des canaux, des pièces d’eau sans nombre, de toutes les formes, des cascades, des nappes, des effets d’eau de toutes les sortes, de la plus belle eau et de la meilleure à boire, et dans la plus prodigieuse abondance, et des jets d’eau partout en gerbe et de toutes les formes, dont plusieurs, qui étoient seuls, jetoient gros comme la cuisse, le double de la hauteur de ce beau jet d’eau de Saint-Cloud, qui faisoit la jalousie du feu roi, et que tout le monde admire avec raison. Les plus fâcheux inconvénients ont quelquefois leur utilité : cette longue chaîne de montagnes qui bornoit les jardins, qui s’élevoit presque jusqu’aux nues, toute de rochers parsemés d’arbres mal semés, couverte de neige presque toute l’année, dont la cime ne fondoit jamais, dont la hideuse beauté faisoit tout l’aspect du château, et dont un mulet rapportoit de la glace et de la neige en moins de deux heures, aller et venir, cette chaîne de montagnes fourmilloit des plus grosses sources, à toutes hauteurs, et fournissoit sans cesse toutes les eaux des jardins, en telle quantité qu’on vouloit, et pour telle hauteur où on désiroit les faire jaillir. Ces jardins avoient déjà quantité d’orangers, et ils étoient aussi ornés de vases de métal et de tous les plus précieux marbres, et les plus ornés d’excellents bas-reliefs et des plus belles statues de bronze et de divers marbres que le sont les jardins de Versailles et de Marly, avec des ateliers dans les jardins mêmes, où travailloient sans cesse les meilleurs maîtres de France et d’Italie qu’on avoit pu attirer. Mais ces jardins, véritablement charmants par la variété et le bon goût, l’agrément, la fraîcheur, la facilité, l’étendue des promenades, avoient un inconvénient bien fâcheux ; c’est que tout le terrain de ces jardins n’étoit que roche vive et dure, avec une légère croûte de terre par dessus, de manière qu’il avoit fallu employer le pic et très ordinairement le secours de la poudre pour écaver tous les bassins et pièces d’eau, les trous de tous les arbres, les tranchées des palissades, et tous les terrains des massifs, en emporter les pièces à dos de mulet et rapporter de même la bonne terre de loin pour en remplir toutes les excavations ou on avoit planté, et qu’il en falloit user de même pour toutes les nouvelles plantations et pièces d’eau qu’on y voudroit ajouter dans la suite en allongeant les jardins [aux] deux extrémités. Voilà pour la cherté qui ne pouvoit être que fort grande ; mais le pis est que quelque profondeur qu’on eût pu donner aux endroits destinés à planter, les racines des arbres, dont leur vie et leur beauté dépend, s’étendent toujours tout autour d’elles, et il y en a qui percent à pic. Dès qu’elles se trouveront arrêtées par le roc, ce qui y touchera séchera bientôt, la terre rapportée se consumera et ne pourra plus fournir autant de sucs qu’il en faudra pour la nourriture des racines et des arbres, qui dépériront et mourront en peu d’années.

Je ne vis aucun projet de cour ni d’entrée. Ils me dirent que les deux extrémités du jardin et le bas de cette petite hauteur, qui monte à la plaine de Ségovie, se fermeroient le long des jardins avec un pavillon pour porte à chacun des deux bouts ; qu’on entreroit toujours par où nous étions venus, et qu’un pavé étroit en rue feroit toute la séparation entre le château et les jardins. La plus proche maison d’autour du château étoit une méchante maison de garde-chasse, qui en étoit à une demi-lieue, et nulle autre que beaucoup plus loin, ce qui charmoit le roi d’Espagne en effet, dont la reine faisoit aussi le semblant. J’eus l’honneur, et ce qui étoit venu avec moi, de suivre Leurs Majestés Catholiques partout, qui se promenèrent d’abord dans la maison, et après dans les jardins toute la journée sans se reposer, qu’elles prirent plaisir à me faire voir, et moi à leur faire ma cour en admirant tant de beautés et tant de miracles d’eaux, qui en effet sont uniques. La conversation se soutint pendant toute la promenade, où ces seigneurs espagnols et Valouse entroient fort aussi, [et] où la reine étoit toujours charmante, Le roi s’y mêla quelquefois. Ils firent l’honneur de parler aussi à ceux qui étoient avec moi, et s’amusèrent fort à donner leurs ordres et à se faire rendre compte par ceux qui avoient le principal soin des bâtiments, jardins, etc., sous la direction du duc del Arco, gouverneur du lieu, par lequel tout pas soit.

Dans cette promenade, le courrier qui m’étoit arrivé se présenta sur leur passage. Je l’avois amené pour l’expédier de Ségovie, qui est presque sur le chemin de Madrid à Bayonne. C’étoit Bannière, si fort en réputation par le nombre et la promptitude de ses courses, et qui étoit fort connu du roi et de la reine par toutes celles qu’il avoit faites à l’occasion des deux mariages, tellement que Leurs Majestés l’appelèrent et lui parlèrent assez longtemps. J’appris qu’au revers de cette chaîne de montagnes, et presque vis-à-vis des jardins qu’elle bornoit, étoit une superbe et vaste chartreuse, de plus de cent mille écus de rentes, dont le principal revenu étoit des laines fines de leurs immenses troupeaux. Leurs Majestés Catholiques y alloient quelquefois sans y coucher que rarement. Elles et leur suite y étoient parfaitement défrayées. Mais la chère ne pouvoit être bonne dans un pays sans poisson et presque sans légumes. À l’égard de leurs laines, j’en vis les manufactures à Ségovie, qui me parurent peu de chose et fort tombées de leur ancienne réputation. La fin du jour approchant termina le voyage.

En arrivant à Balsaïm, le roi m’ordonna de monter et de le suivre dans sa chambre. Là, en tiers avec lui et la reine, ils me demandèrent si j’étois pressé de renvoyer Bannière, et que, si je pouvois attendre des paquets dont ils avoient en vie de le charger, je leur ferois plaisir. Je répondis qu’il n’y avoit rien de pressé, mais que, quand je le serois, leur ordre me suffiroit pour différer aussi longtemps qu’il leur plairoit. Je pris congé d’eux, et fis après mes remerciements à ces seigneurs, surtout au duc del Arco, dont les soins, les prévenances, la politesse n’avoient rien oublié. Il me fournit la même voiture et des montures de la veille pour aller coucher à Ségovie, qui le lendemain nous menèrent au pied de la montagne, où nous trouvâmes nos mules pour la passer, et nos voitures où nous les avions laissées, dans lesquelles nous arrivâmes le même soir à Madrid. Le lendemain j’allai conter à Grimaldo ce qui s’étoit passé en mon voyage, et je n’oubliai pas de lui dire combien j’étois charmé de toutes les merveilles que j’avois vues, mais combien aussi j’étois étonné de la situation et de la position. Il me répondit qu’il s’étoit bien douté que tout s’y passeroit comme je venois de lui raconter, et qu’il étoit fort aise que le roi, malgré le froid de l’abord et l’indifférence sur ce qui m’amenoit, dit voulu me faire voir ses ouvrages, et que la promenade l’eût remis dans son état ordinaire avec moi. Grimaldo ne me dissimula point ce qu’il pensoit du choix du lieu et de sa disposition, et nous causâmes longtemps ensemble.

Il fallut après rendre compte de mon voyage au cardinal Dubois, et répondre à sa lettre. Je lui mandai nettement que j’étois d’autant plus aise de mon éloignement de Paris, que, s’y j’y avois été, rien ne m’auroit empêché de sortir du conseil ; qu’à l’égard de la cabale et de ses desseins, je me flattois qu’ils ne feroient ni peur ni mal à M. le duc d’Orléans ni à son gouvernement ; que, dans le compte que j’avois rendu à Leurs Majestés Catholiques, elles m’avoient paru ne faire aucun cas de cet événement et y être fort indifférentes ; qu’il ne devoit avoir aucune inquiétude des impressions que Leurs Majestés Catholiques en pourroient prendre, non plus que M. de Grimaldo. Pour allonger une réponse si courte, je me jetai sur la hardiesse que j’avois prise de forcer les barricades de Balsaïm, sur les beautés et les singularités de Saint-Ildephonse et sur le retardement du renvoi de Bannière, que le roi d’Espagne m’avoit demandé, ce qui faisoit que je ne lui écrivois que par l’ordinaire. Enfin je finissois par des compliments sur ses lumières à prévenir, et sa sagesse et son habileté à détruire tous les complots dont il m’avoit écrit. Je tâchai d’ajuster cette fin, en sorte qu’il ne crût pas que je me moquois de lui, comme néanmoins je faisois en effet. J’écrivis à Belle-Ile en même sens, parce que je prévis bien qu’il ne seroit pas le maître de cacher sa réponse. J’y ajoutai ce que je n’avois pas voulu dire si directement au cardinal sur Chavigny, qu’il n’y avoit que lui-même qui pût, par une conduite suivie, faire revenir les esprits en sa faveur, et que cette entreprise seroit pour moi de trop longue haleine, à laquelle Maulevrier, après mon départ, pourroit le servir. C’étoit encore me moquer d’eux et leur faire comprendre que je ne serois pas la dupe de leurs prétextes de me retenir en Espagne. Je crus bien que ces réponses ne plairoient pas au cardinal Dubois ; mais il n’étoit pas en moi de ployer misérablement sous sa préséance, ni de me ruiner sans ressource pour me stabilier [3] en Espagne à son gré.

Le 13 mars, Leurs Majestés Catholiques revinrent de Balsaïm au Retiro. Le voyage si brusque que j’y avois fait sur l’arrivée d’un courrier, et malgré les défenses si précises à qui que ce fût, sans exception, d’y aller, et la journée que j’avois passée tout entière auprès d’elles à Saint-Ildephonse, joint à la façon pleine de grâces et de bontés constantes et si distinguées, avec lesquelles j’étois toujours traité depuis que j’étois en Espagne, firent courir le bruit le plus ridicule, qui prit assez de créance subite pour me surprendre beaucoup. Il se répandit donc que je quittois le caractère d’ambassadeur de France, et que j’allois être déclaré premier ministre d’Espagne. Le peuple, à qui ma dépense apparemment avoit plu, et à qui personne de chez moi n’avoit donné aucun sujet de plainte, se mit à crier après moi dans les rues, à me le dire, à témoigner sa joie et jusque du dedans des boutiques. Il s’en assembla même autour de ma maison avec les mêmes témoignages que je dissipai le plus civilement et le plus promptement que je pus, en les assurant qu’il n’en étoit rien, et que je partois incessamment pour retourner en France.

Je ne puis pas dire que je fusse insensible à ces marques d’estime et d’affection ; mais ce qui me toucha véritablement fut ce qui m’arriva avec le marquis de Montalègre, sommelier du corps. Je le rencontrai à l’entrée des appartements du Retiro. Il accourut à moi, m’embrassa et me dit qu’il étoit transporté de joie de ce que je leur demeurois et de ce que j’allois être premier ministre. Je le remerciai de cette marque si grande de l’honneur de son estime et de son amitié, et je l’assurai en même temps qu’il n’en étoit rien, et que je partirois dans fort peu de jours pour retourner en France. J’eus à peine achevé, que Montalègre, jetant sur moi des yeux de dépit et de colère, tourna tout court, et me quitta sans révérence et sans me répondre un seul mot. Beaucoup de seigneurs m’en firent des compliments, à qui je répondis de même.

Je réparerai ici, quoiqu’en lieu déplacé, l’oubli d’une bagatelle, mais singulière, sur le chemin dans la montagne, pour aller à Balsaïm : c’est que le roi et la reine d’Espagne faisoient toujours ces voyages dans un grand carrosse de la reine à sept glaces, en sorte qu’en passant la montagne par le même chemin que je fis, et qui étoit l’unique, il n’y avoit pas deux doigts de marge entre leurs roues et le précipice, presque tout le long du chemin, et qu’en plusieurs endroits les roues portoient à faux et en l’air, tantôt cent, tantôt deux cents pas, quelquefois davantage. Des paysans en grand nombre étoient commandés pour tenir le carrosse par de longues et fréquentes courroies, qui se relayoient en marchant à travers les rochers avec toutes les peines et les périls qui se peuvent imaginer pour la voiture et pour eux-mêmes. On n’avoit rien fait à ce chemin pour le rendre plus praticable, et le roi et la reine n’en avoient pas la moindre peur. Les femmes qui la suivoient en mouroient, quoique dans des voitures exprès fort étroites. Pour les hommes de la suite, ils passoient sur des mules. Je n’ajouterai point de réflexions à un usage si surprenant.

Les lettres que le courrier Bannière m’avoit apportées étoient du 2 mars. Un courrier, dépêché par le duc d’Ossone, qui étoit encore à Paris, m’en apporta une du cardinal Dubois, du 8 mars, dont le singulier entortillement me divertit et me confirma dans le parti que j’avois pris. J’avois reçu, il y avoit déjà quelque temps, mes lettres de récréance [4] et tout ce qu’il falloit pour prendre congé. Le cardinal, qui mouroit de peur que je ne m’en servisse, n’en avoit pas moins de me la laisser apercevoir. Sa lettre fut donc un tissu de oui et de non, de l’importance des services à rendre en Espagne pour consolider l’union, du désir de mon retour pour des raisons non moins pressantes pour le service de l’État et de M. le duc d’Orléans, toujours la condition de ne partir point sans avoir accrédité Chavigny jusqu’à la confiance, toutefois ne vouloir point entreprendre sur ma liberté, et de tout laisser à ma prudence. Je compris par le tissu de cette lettre que, pour peu que j’en attendisse d’autres, elles se trouveroient d’un style décisif, qui se trouveroient appuyées de celles de M. le duc d’Orléans, que le cardinal Dubois faisoit telles que bon lui sembloit. Je pris donc mon parti sur cette lettre de n’en point attendre d’autres, et, dès le lendemain que je l’eus reçue, je pris jour pour mon audience de congé.

Depuis que je parlois de partir, il n’y avoit rien que la reine et même le roi ne fissent pour me retenir, ni amitiés et regrets que toute leur cour ne me fît la grâce de me témoigner. J’avouerai même que ce ne fut pas sans peine que je quittai un pays où je n’avois trouvé que des fleurs et des fruits, et auquel je tenois et je tiendrai toujours par l’estime et la reconnoissance. Je pressai une infinité de visites pour mes adieux, afin de ne manquer à personne. Dans celle que je fis au duc et à la duchesse d’Arcos, desquels j’avois reçu les politesses les plus marquées, et que je voyois assez souvent, le duc d’Arcos me conjura de ne rentrer point au conseil de régence et de ne céder point aux cardinaux. Je le suppliai de n’avoir pas assez mauvaise opinion de moi pour en être en peine, et qu’il pouvoit être sûr que je ne mollirois pas là-dessus. Quelque rang que les cardinaux eussent peu à peu usurpé en Espagne, on ne l’y supportoit qu’avec dépit ; et depuis que l’affaire du conseil de régence fut devenue publique, je ne vis, ni grands surtout, ni même gens de qualité qui n’en fussent indignés, et qui ne s’en expliquassent très fortement, nonobstant le silence et l’entière réserve que je m’étois imposée là-dessus.

Mais à propos de cardinaux et de tout leur grand rang en Espagne, que j’y laissai plus supposé qu’usité, je ne dois pas oublier de rapporter une curiosité que j’eus sur eux. Le cardinal Borgia étoit, comme je l’ai dit, chanoine de Tolède. Il prit le temps du voyage de Balsaïm pour y aller passer quelques jours. La singularité d’y avoir vu deux évêques portant les marques de leur dignité, confondus avec les chanoines sans la moindre distinction d’avec eux, m’inspira le désir d’être précisément informé de ce qui s’y passeroit avec un cardinal. Je priai donc Pecquet d’aller à Tolède le même jour que je me rendis à Balsaïm, d’y demeurer autant que le cardinal Borgia, et d’avoir la patience de le suivre pas à pas. Il l’exécuta dans toute l’exactitude, et il me rapporta que le cardinal Borgia s’étoit trouvé assidûment au chœur, en rochet et camail violet, à cause du carême, en calotte et bonnet rouge, ayant des chanoines au-dessous et au-dessus de lui, sans chaire vide entre eux et lui, mais ayant devant lui un tapis de la largeur de sa stalle, jeté sur l’appui régnant le long des stalles, faisant le dossier des stalles d’au-dessous, et sur ce tapis un carreau pour s’appuyer dessus, à ses pieds un carreau pour s’y mettre à genoux, le tout de velours rouge avec un peu d’or, qui est le traitement qu’ont les grands d’Espagne dans les églises, et qu’on a vu ci-dessus que mon second fils et moi eûmes aussi, mais à la tête du choeur. Le cardinal Borgia se découvrit et se couvrit toujours comme les autres chanoines, en même temps qu’eux. Pendant qu’il y fut, il y eut une procession du chapitre, que Pecquet ne manqua pas de voir et d’observer. Il y vit le cardinal Borgia marcher en son rang d’ancienneté de chanoine, qui alloient, en file, deux à deux, comme dans toutes les processions, un chanoine marchant à côté de lui, comme chacun des autres, et des chanoines devant et derrière lui sans aucune distance que la même gardée entre eux, sans que la queue du cardinal Borgia fût portée par personne, qui n’étoit pas plus longue que celles des autres chanoines, et sans avoir près de lui ni écuyer ni aumônier. Voilà de ces choses qu’il faut avoir vues pour les croire, avec la superbe cardinalesque et les immenses usurpations de ces prétendus égaux des rois.


  1. La porte de la Conférence se trouvait à l’extrémité occidentale de la terrasse du jardin des Tuileries qui longe les quais. Elle avait reçu ce nom parce qu’il y avait eu, dans ce lieu, des conférences entre les députés de Henri IV et ceux de la ville de Paris en 1592. Elle fut détruite en 1739.
  2. Les collégiales étaient des chapitres de clercs réguliers ou séculiers, réunis dans une église sans siège épiscopal. Le chapitre de Sainte-Geneviève, rétabli en 1863, est une véritable collégiale.
  3. Établir d’une manière fixe et définitive.
  4. Les lettres de récréance étaient celles qu’un souverain envoyait à son ambassadeur pour les remettre au prince dont il prenait congé.