Mémoires (Saint-Simon)/Tome 19/12

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CHAPITRE XII.


Mon audience de congé. — Singularité unique de celle de la princesse des Asturies. — Maulevrier reçoit enfin le collier de l’ordre de la Toison d’or, mais avec un dégoût insigne. — Je pars de Madrid. — Alcala de Henarez. — Guadalajara. — Agreda. — Pampelune. — Roncevaux. — Bayonne. — Réponse curieuse du cardinal Dubois et de Belle-Ile. — Trois courriers me sont dépêchés. — Je me détourne pour passer à Marmande, où le duc de Berwick étoit venu m’attendre de Montauban, où il commandoit en Guyenne. — Bordeaux. — Blaye. — Loches. — Chastres. — Belle-Ile vient à Chastres me proposer, de la part du cardinal Dubois, le dépouillement du duc de Noailles, et me presse d’y entrer, auquel je m’oppose. — Je vais au Palais-Royal. — Long entretien entre le régent, le cardinal Dubois et moi. — Friponnerie sur la restitution aux jésuites du confessionnal du roi. — Je me démets de ma pairie à mon fils aîné, et lui fais présent des pierreries du portrait du roi d’Espagne. — Je visite pendant la tenue du premier conseil de régence tous ceux qui en étoient sortis, et vais à Fresnes voir le chancelier exilé.


Je pris le 21 [mars] mon audience de congé, en cérémonie, du roi et de la reine séparément. Je fus de nouveau surpris de la dignité, de la justesse et du ménagement des expressions du roi, comme je l’avois été en ma première audience, où je lui fis la demande de l’infante, et les remerciements de M. le duc d’Orléans sur le mariage de madame sa fille. Je reçus aussi beaucoup de marques de bonté personnelles et de regrets de mon départ de Sa Majesté Catholique, et surtout de la reine ; beaucoup aussi du prince des Asturies. Mais voici, dans un genre bien différent, quelque chose d’aussi surprenant que l’exacte parité qu’on vient de voir des cardinaux-chanoines de Tolède avec les autres chanoines de cette église, et que je ne puis m’empêcher d’écrire, quelque ridicule que cela soit. Arrivé avec tout ce qui étoit avec moi, à l’audience de la princesse des Asturies, qui étoit sous un dais, debout, les dames d’un côté, les grands de l’autre, je fis mes trois révérences puis mon compliment. Je me tus ensuite, mais vainement, car elle ne me répondit pas un seul mot. Après quelques moments de silence, je voulus lui fournir de quoi répondre, et je lui demandai ses ordres pour le roi, pour l’infante et pour Madame, M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans. Elle me regarda et me lâcha un rot à faire retentir la chambre. Ma surprise fut telle que je demeurai confondu. Un second partit aussi bruyant que le premier. J’en perdis contenance et tout moyen de m’empêcher de rire ; et jetant les yeux à droite et à gauche, je les vis tous, leurs mains sur leur bouche, et leurs épaules qui alloient. Enfin un troisième, plus fort encore que les deux premiers, mit tous les assistants en désarroi et moi en fuite avec tout ce qui m’accompagnoit, avec des éclats de rire d’autant plus grands qu’ils forcèrent les barrières que chacun avoit tâché d’y mettre. Toute la gravité espagnole fut déconcertée, tout fut dérangé ; nulle révérence, chacun pâmant de rire se sauva comme il put, sans que la princesse en perdît son sérieux, qui ne s’expliqua point avec moi d’autre façon. On s’arrêta dans la pièce suivante pour rire tout à son aise, et s’étonner après plus librement.

Le roi et la reine ne tardèrent pas à être informés du succès de cette audience, et m’en parlèrent l’après-dînée au Mail. Ils en rirent les premiers pour en laisser la liberté aux autres, qui la prirent fort largement sans s’en faire prier. Je reçus et je rendis des visites sans nombre ; et comme on se flatte aisément, je crus pouvoir me flatter que j’étois regretté. Je comptois partir le 23, mais les bulles de dispense étant arrivées depuis quelques jours à Maulevrier pour l’ordre de la Toison d’or, et la cérémonie de sa réception étant fixée à ce même jour, je crus devoir déférer à ses instances et ne pas affecter de partir ce même jour, après tout ce qui s’étoit passé. J’assistai donc en voyeux à sa réception, comme j’avois fait à celle de mon fils aîné, et je fus témoin de l’insigne dégoût qu’il y essuya.

Quand ce fut à le revêtir du collier, le marquis de Villena s’approcha de lui pour le lui attacher sur l’épaule droite, mais le prince des Asturies ne branla pas de sa place, en sorte que le marquis de Grimaldo, après avoir attaché le collier par derrière, l’attacha aussi sur l’épaule gauche. Je remarquai la surprise du chapitre et de tous les assistants, mais elle augmenta bien davantage aux révérences. Lorsque Maulevrier la fit au prince des Asturies, ce prince, au lieu de se découvrir, se lever et l’embrasser, demeura assis sans se découvrir ni en faire aucun semblant, et dans cette posture lui présenta sa main à baiser comme avoit fait le roi, et il la baisa. Il me parut à l’instant que ce procédé fut extrêmement senti, qui ne pouvoit être que de concert avec le roi. Maulevrier n’en parut point du tout embarrassé. Il avoit choisi le marquis de Santa-Cruz pour son parrain, qui ne l’aimoit point, et qui se moquoit souvent de lui et en face. Aussi fit-il sa fonction avec un air de dédain qui n’échappa à personne. Il vint pourtant dîner chez lui après la cérémonie, où nous nous trouvâmes douze ou quinze au plus. Avant de se mettre à table, je vis le peu de chevaliers de la Toison qui étoient là se pelotonner, dont quelques-uns ne me cachèrent pas leur scandale, et leur crainte que le mépris public qui venoit d’être fait de Maulevrier par le prince des Asturies, conséquemment par le roi son père, sans l’aveu duquel il n’eût pas osé contrevenir à ce qui s’étoit toujours pratiqué en toutes les réceptions jusqu’alors, ne devînt un exemple qui seroit suivi désormais, et je les laissai dans le mouvement de se concerter pour faire là-dessus leurs représentations au roi. Comme je partis le lendemain 24, je n’ai point su ce qui en est arrivé. J’eus l’honneur de faire encore ma cour à Leurs Majestés Catholiques toute cette après-dînée, au Mail, qui me comblèrent de bontés, et de prendre un dernier congé d’elles en rentrant dans leur appartement.

J’avois donné la plupart de ces derniers jours à ce qu’un aussi court séjour qu’un séjour de près de six mois avoit pu me faire regarder comme des amis particuliers, surtout à Grimaldo. Quelque sensible joie et quelque empressement que je sentisse d’aller retrouver Mme de Saint-Simon et mes amis, je ne pus quitter l’Espagne sans avoir le cœur serré, [sans] regretter des personnes dont j’avois reçu tant de marques personnelles de s’accommoder de moi, et dont tout ce que j’avois vu dans le gros de la nation m’avoit fait concevoir de l’estime jusqu’au respect, et une si juste reconnoissance pour tant de seigneurs et de dames en particulier. J’ai conservé longtemps quelque commerce de lettres avec quelques-uns, mais avec Grimaldo tant qu’il a vécu, et après sa disgrâce et sa chute, qui n’arriva que longtemps après, avec plus de soin et d’attention qu’auparavant. L’attachement plein de respect et de reconnoissance pour le roi et la reine d’Espagne m’engagea à me donner l’honneur de leur écrire en toutes occasions, surtout à répandre mon extrême douleur à leurs pieds au renvoi de l’infante [1]. Je consultai là-dessus l’évêque de Fréjus, déjà plus maître que M. le Duc, qui me manda que je pouvois écrire, résolu, s’il m’eût refusé, de le dire à Laullez et de le prier de le mander à Leurs Majestés Catholiques. Elles me firent souvent l’honneur de me répondre avec toutes sortes de bontés, et de charger toujours leurs nouveaux ministres en France, et les personnes considérables qui y venoient se promener avec leur permission, de me renouveler expressément les mêmes bontés de leur part.

Je partis donc, enfin, de Madrid le 24 mars, prenant ma route par Pampelune. Une de mes premières dînées fut à Alcala. C’est une petite ville fort bien bâtie, dont douze ou quinze collèges font tout l’honneur, tous bâtis très bien, et encore plus splendidement fondés par le cardinal Ximénès, qui n’est connu en Espagne que sous le nom du cardinal Gisneros, et respecté presque autant que l’a mérité ce grand homme. J’allai voir quelques-uns de ces collèges. Il est enterré dans la chapelle du principal, qui feroit ici une jolie église. Son tombeau de marbre est beau, environné d’une grille à hauteur d’homme, dans le chœur, devant le grand autel. Il étoit assez gâté faute de soin et de réparation, ce qui excita tellement mon indignation que je n’épargnai pas les principaux de ce collège en reproches de leur négligence et de leur ingratitude. Je couchai une nuit à Guadalajara, où arriva la catastrophe de la princesse des Ursins, et où je vis le panthéon du duc del Infantado, dont j’ai parlé ailleurs.

Une autre dînée fut à Agreda, assez gros bourg oie est un monastère de filles, où la fameuse Marie d’Agreda a vécu et est morte, que la gent quiétiste a fait enfin canoniser depuis, à toute peine, à l’appui de la constitution Unigenitus. J’allai à ce couvent, dont on m’ouvrit l’église, qui n’a rien que de très simple et commun. On me montra à côté du portail, qui est aussi plus que médiocre, comme un grand soupirail de cave ouvert sur la rue, où on me dit que reposoit son corps. Je n’en voulois pas davantage, et j’avois déjà fait quelques pas pour aller trouver mon dîner, lorsque les religieuses, informées que j’étois là, m’envoyèrent prier de les aller voir. Je ne pus honnêtement refuser cette demande, plus curieuse sûrement encore que civile. Je fus conduit dans une grande cour, à une grande porte, qui étoit assez loin à gauche, ce qui ne me laissa pas douter que le dessein ne fût de me faire entrer dans le monastère. Aussitôt que j’en fus tout proche, la porte s’ouvrit tout entière, qui se trouva bordée de religieuses, touchant le seuil, mais en dedans. La supérieure me fit un compliment en assez bon françois, et me pria de m’asseoir dans un fauteuil qu’on avoit mis derrière moi. Elles s’assirent toutes sur de petites chaises de paille. Après quelques courts propos sur mon voyage, on peut juger qu’il ne fut plus mention que de leur sainte, déjà béatifiée, mais depuis peu. Elles m’en firent apporter des choses de dévotion, un petit Jésus de cire, quelques livres, quelques chapelets, dont elles me donnèrent quelques-uns. J’admirai tout ce qu’elles me voulurent conter, mais j’abrégeai poliment la conversation plus qu’elles n’auroient voulu, et je m’en allai trouver mon dîner, peu satisfoit de ma curiosité.

J’avois pris ma route par Pampelune. Le gouverneur vint aussitôt où j’étois logé, et voulut me mener chez lui et me donner à souper et à ceux qui étoient avec moi. Après force longs compliments, j’obtins de demeurer où j’étois, à condition que nous irions souper chez lui. La chère ne se fit point attendre, fut grande, à l’espagnole, mauvaise ; des manières nobles, polies, aisées. Il nous fit fête d’un plat merveilleux. C’étoit un grand bassin plein de tripes de morue fricassées à l’huile. Cela ne valoit rien, et l’huile méchante. J’en mangeai, par civilité, tant que je pus. En me retirant je lui demandai la permission de voir la citadelle, où on ne laisse entrer aucun étranger. J’y fus avec ce qui étoit avec moi le lendemain matin. Je visitai tout à mon aise, et je la trouvai fort belle, bien entretenue, ainsi que la garnison, qui me reçut sous les armes, au bruit du canon, et tout en fort bel et bon ordre. Nous allâmes de là voir et remercier le gouverneur, qui peu après revint chez moi nous voir partir.

À peu de distance, nous primes des mules pour passer les Pyrénées. Le chemin est par là plus court et un peu moins rude que par Vittoria. Mais il étoit devenu fort mauvais, parce que les Espagnols, qui l’avoient fort aplani pour y pouvoir mener aisément de l’artillerie depuis qu’ils avoient un roi françois, en avoient soigneusement rompu tous les chemins lors de la guerre que l’abbé Dubois leur fit faire par M. le duc d’Orléans pour complaire aux Anglois et pour son chapeau, où le maréchal de Berwick commanda. Nous couchâmes à Roncevaux, lieu affreux, tout délabré, le plus solitaire et le plus triste de ce passage, dont l’église n’est rien, ni ce qui reste de l’ancien monastère, où nous fûmes logés. L’abbé me vint voir, vêtu de long, avec un grand manteau vert, ce qui me surprit beaucoup. La visite fut courte. On nous montra l’épée de Roland et force pareilles reliques romanesques. Nous partîmes de bon matin de ce désagréable gîte, et arrivâmes enfin le jeudi saint à Bayonne, chez M. d’Adoncourt, par une pluie effroyable et continuelle qui ne nous avoit point quittés depuis la sortie des montagnes. Il sembloit qu’elle n’osoit les passer. Je n’en avois presque point vu tomber en Espagne. Le ciel y est sans cesse d’une sérénité admirable, et les vents ne s’y font presque point sentir.

D’Adoncourt, quoi que nous pussions dire, nous logea et nous fit la plus grande et la meilleure chère du monde. J’assistai les jours saints aux offices de la cathédrale, dans la place et avec le même traitement usité pour le gouverneur de la province, l’évêque y officiant. J’eus l’honneur de faire ma cour plusieurs fois à la reine douairière d’Espagne, qui m’ordonna de dîner dans sa maison de la ville, le jour de Pâques, dont le sieur de Bruges, dont j’ai parlé lors de mon passage, fit très bien les honneurs ; et comme on savoit que j’étois affamé de poisson, on y en servit en quantité et d’admirables, que je préférai à la viande. L’évêque, dont j’ai parlé aussi en même temps, et quelques principaux du lieu s’y trouvèrent. J’allai de là remercier et prendre congé de la reine, qui me fit présent elle-même d’une fort belle épée d’or sans diamants, avec beaucoup d’excuses de me donner si peu de chose. L’évêque voulut me donner à souper si absolument qu’il fallut s’y rendre. J’y trouvai bonne compagnie, bonne chère et force poisson, qui ne laissa pas de trouver encore place.

Un courrier m’arriva à Bayonne, qui avoit été précédé de deux autres qui, pour ne me pas manquer, avoient pris, l’un par Vittoria, l’autre par Pampelune. Tous trois apparemment portoient des duplicata, car je n’ai point vu les dépêches des deux autres. Je fus agréablement surpris de celles qui me trouvèrent à Bayonne. C’étoit la réponse à celle que j’avois faite et à ce que m’avoit apporté Bannière. Le cardinal y avoit vu fort nettement mon sentiment sur la préséance et sur la sortie du conseil de ceux qu’elle blessoit. Il pouvoit bien avoir aussi aperçu ce que je pensois de sa prétendue cabale. Enfin il avoit vu que son éloquence entortillée, ses prétextes recherchés et appuyés, ni la crainte de lui déplaire, ne pouvoient me retenir en Espagne. Peut-être les courriers qui m’étoient allés chercher jusqu’à Madrid me portoient-ils des ordres si positifs qu’ils m’eussent embarrassé, qu’il n’étoit plus temps de me donner en deçà des Pyrénées, et que ce fut pour cela que je reçus à Bayonne ce troisième courrier avec des lettres ajustées pour le lieu, au cas qu’il m’y trouvât, comme il arriva, avec ordre de m’y attendre, et peut-être de rebrousser chemin avec ses dépêches au bout d’un certain temps que j’aurois reçu en Espagne celles qui m’y étoient portées par les deux courriers qui avoient passé et qui ne m’avoient point rencontré, car ces sortes de ruses étoient tout à fait dans le caractère du cardinal Dubois. Quoi qu’il en soit, j’ouvris sa lettre avec curiosité.

Je n’y trouvai plus mention de rester encore en Espagne, ni de Chavigny, ni d’aucun autre prétexte, et pas un mot qui laissât sentir que je lui eusse répondu franchement sur l’affaire du conseil. Je n’eus que des louanges de la promptitude avec laquelle j’avois été à Balsaïm, et de la manière dont je m’étois acquitté de ce qui m’y avoit fait aller ; des impatiences nonpareilles d’amitié et de besoin de mon arrivée ; une prière, qui alloit à la défense, de m’arrêter nulle part, même de faire le très petit détour de passer à Blaye, parce que les choses du monde les plus pressées et les plus importantes m’attendoient, qui ne pouvoient se faire sans moi. Cette lettre si singulière étoit accompagnée d’une autre de Belle-Ile, qui en faisoit le commentaire. Il me répétoit les mêmes choses, me disoit que le cardinal Dubois étoit charmé de la réponse que j’avois faite aux dépêches que j’avois reçues par Bannière ; qu’il m’écrivoit par son ordre exprès pour me conjurer d’arriver avec toute la diligence possible, et que je ne pouvois me rendre assez tôt pour l’importance des choses que le régent et le cardinal avoient à me communiquer, et sur lesquelles, toutes pressées qu’elles fussent, il ne se pouvoit rien faire sans moi. Il ajoutoit qu’il étoit chargé de m’assurer qu’il ne me seroit rien proposé qui pût m’être désagréable ou m’embarrasser, rien surtout qui pût en aucune sorte intéresser ma dignité de duc et pair, sur [ce] qu’ils étoient bien persuadés qu’il n’y avoit rien à espérer de moi là-dessus. Rien de plus pressant enfin ni de plus flatteur. Il finissoit enfin en me conjurant de ne m’arrêter pas un instant et de ne passer point à Blaye.

Un si grand changement de style et tant de merveilles à l’instant de mon départ, malgré tant de fortes insinuations, et quelque chose même de plus, d’y demeurer encore sous les prétextes qu’on a vus, me parut fort suspect d’une part si peu sûre, car il étoit visible que le cardinal avoit pour ainsi dire dicté, au moins vu et corrigé, la lettre de Belle-Ile, comme il avoit fait celle que Bannière m’avoit apportée : on verra bientôt que je ne me trompois pas. Je leur mandai par une réponse courte à chacun le jour que j’avois supputé pouvoir arriver ; que j’étois fatigué du voyage à tour de roue jusqu’à Bayonne ; que cette raison de m’y reposer et celle des jours saints m’y retiendroient jusqu’au lundi de Pâques ; enfin que je n’avois pu refuser au duc de Berwick de prendre les petites landes pour l’aller trouver, où il venoit exprès de Montauban pour me voir ; et du reste force compliments.

Le duc de Berwick, qui commandoit en Guyenne, et qui trouvoit Montauban plus commode que Bordeaux pour fixer son séjour, m’avoit en effet demandé ce rendez-vous avec instance ; et l’amitié qui étoit entre nous, et toutes celles que j’avois reçues du duc de Liria, ne me permettoit pas un refus. Il étoit bien naturel au maréchal de désirer de m’entretenir sur la situation de son fils en Espagne, sur une cour qu’il avoit tant fréquentée, et sur les dispositions, pour lui-même, de Leurs Majestés Catholiques après tout ce qui s’étoit passé. Je partis donc de Bayonne seul avec l’abbé de Saint-Simon, le lendemain de Pâques, et m’y séparai jusqu’à Paris de tout ce qui étoit avec moi. Je passai un jour franc avec le maréchal de Berwick à Marmande, et avec le duc de Duras, qui étoit venu avec lui, et qui commandoit en Guyenne sous lui. J’appris là que nous n’étions qu’à quatre lieues de Duras. Je voulus y faire une course pour en dire des nouvelles à Mme de Saint-Simon et des beautés que le maréchal son oncle y avoit fait faire toute sa vie avec attache, sans jamais les avoir été voir. J’en avois aussi curiosité ; mais quoi que je pusse faire, jamais ils ne voulurent y consentir. Malheureusement ils savoient, comme tout le pays, les courriers qui m’avoient été dépêchés ; ils n’osèrent prendre part à mon retardement, dont j’eus un véritable regret. Je m’embarquai de bon matin sur la Garonne, et j’arrivai de bonne heure à Bordeaux, chez Boucher, intendant de la province. Les jurats me firent aussitôt demander par Ségur, leur sous-maire, l’heure de me venir saluer. Je les priai à souper, et dis à Ségur que les compliments se feroient mieux le verre à la main. Ils vinrent donc souper, et me parurent fort contents de cette honnêteté. Le lendemain la marée me porta de fort bonne heure à Blaye par le plus beau temps du monde. Je n’y couchai qu’une nuit et ne passai point à Ruffec pour abréger.

J’arrivai le 13 avril à Loches sur les cinq heures du soir. J’y couchai parce que j’y voulus écrire un volume de détails à la duchesse de Beauvilliers, qui étoit à six lieues de là, dans une de ses terres, que je lui envoyai par un exprès ; et je pus de la sorte lui écrire à découvert sans rien craindre de l’ouverture des lettres. J’arrivai d’assez bonne heure le lendemain 14 à Étampes, où je couchai, et le 15, à dix heures du matin, à Chastres [2], où Mme de Saint-Simon devoit venir dîner et coucher, au-devant de moi, pour jouir du plaisir de nous recevoir, de nous retrouver ensemble, de nous mettre réciproquement au fait de tout, en solitude et en liberté, ce qui ne se pouvoit espérer à Paris dans ces premiers jours de mon retour. Le duc d’Humières et Louville vinrent avec elle. Elle arriva une heure après moi dans le petit château du marquis d’Arpajon, qu’il lui avoit prêté, où la journée nous parut bien courte et la matinée du lendemain 16 avril.

Comme nous causions, sur les dix heures du matin, arriva Belle-Ile. Après les amitiés et les compliments, il me pria qu’il pût m’entretenir en particulier. Après de nouveaux compliments, des louanges de ma conduite en Espagne et de mes lettres, et une courte peinture de la situation de la cour, se taisant sur la préséance et glissant sur la cabale, il me peignit le duc de Noailles comme l’homme le plus dangereux, et le plus ennemi de M. le duc d’Orléans et de son gouvernement, et n’oublia pas d’animer ma haine autant qu’il lui fut possible, et de me présenter tout l’intérêt que j’avois de saisir l’occasion de le perdre sans ressource, qui s’offroit d’elle-même à moi, et pour laquelle j’étois attendu avec tant d’impatience.

Après ce vif préambule, il me dit merveilles du cardinal Dubois à mon égard, et enfin qu’il l’avoit chargé de venir me trouver à Chastres pour me confier de quoi il s’agissoit ; en quoi il ne doutoit pas que l’amour de l’État, mon attachement personnel pour M. le duc d’Orléans, la connoissance expérimentale que j’avois du caractère du duc de Noailles, enfin que mon intérêt, si fort uni à celui de M. le duc d’Orléans, ne me portât à me joindre à lui, cardinal Dubois, dans ce qui étoit projeté, pour l’exécution de quoi il m’avoit attendu avec une extrême impatience ; en un mot, qu’il falloit chasser le duc de Noailles et lui ôter sa charge de premier capitaine des gardes du corps. Je répondis à Belle-Ile par une autre préface, mais bien plus courte que n’avoit été la sienne, sur tous les points qu’il avoit traités. Je m’étendis un peu plus sur ma haine pour le duc de Noailles, sur ses causes, sur ma soif ardente de vengeance, sur ce que je n’avois nul ménagement à garder avec lui, et sur ce qu’en effet je n’en gardois publiquement aucun. Ensuite je lui dis qu’en affaires de cette nature ce n’étoit pas son intérêt ni sa passion qu’il falloit consulter ; que, si je n’écoutois que l’un ou l’autre, il n’y avoit rien à quoi je ne me portasse pour écraser le duc de Noailles ; mais que l’intérêt et la passion étoient des conseillers dont un homme d’honneur et de bien se devoit garder, sans toutefois exclure la satisfaction qu’ils pourroient prendre dans les conseils sages, justes et prudents qui, sans égard à eux, et pour des causes réelles et sans reproche, se trouveroient d’ailleurs concourir avec eux ; que c’étoit ce que je ne pouvois apercevoir dans la proposition qu’il me faisoit, où je ne voyois nulle raison qui pût imposer à personne, mais beaucoup de danger à s’y abandonner. Belle-Ile, fâché de ce qu’il entendoit, m’interrompit de vivacité et voulut pérorer. À mon tour je lui demandai audience. Je le priai de considérer que ce n’étoit pas tout de frapper de grands coups, mais qu’il en falloit considérer la conséquence et les suites ; que je n’ignorois pas le pouvoir du roi sur les charges qui ne sont pas offices de la couronne, mais que je savois aussi qu’il n’est pas souvent à propos de faire tout ce qu’on peut exécuter ; que quelque haine que j’eusse pour le duc de Noailles, et quelque juste mépris que j’eusse de son âme, de sa conduite et de ses quarts de talents, je le voyois revêtu, et point de crime qui autorisât à le dépouiller. S’il y en avoit quelqu’un, il le falloit montrer, le prouver et l’établir publiquement, avec tant de solidité, sans même rien de forme juridique, que cela fermât la bouche au monde. Mais s’il n’y avoit que des sujets de simple mécontentement, le dépouiller seroit et paroîtroit une violence qui irriteroit tout le monde, et en particulier tous ceux qui avoient des charges, et tous leurs entours, dont chacun se diroit avec raison : « Aujourd’hui le duc de Noailles, et demain moi, si la fantaisie en prend ; et qui me garantira d’une fantaisie ? » Dès lors, voilà tout ce qu’il y a de gens les plus établis et les plus considérables, et tout ce qui tient à eux, dans le plus grand éloignement de M. le duc d’Orléans et d’un gouvernement sous lequel il n’y a de sûreté pour personne ; et c’est la semence la plus fertile et la plus dangereuse des associations, des complots, et de tout ce qu’ils enfantent de plus sinistre. « Voyons les choses, ajoutai-je, comme elles sont et comme elles se présentent. Bien ou mal à propos, le duc de Noailles est le troisième capitaine des gardes, et le troisième gouverneur du Roussillon, de père en fils. Il a, depuis qu’il a commencé à paroître, été sans cesse dans des emplois brillants. Les établissements de ses sœurs et de toute sa famille sont immenses, tous gens qui, par intérêt et par honneur ne peuvent pas ne point sentir vivement le coup dont il sera frappé ; et plus il tombe sur un homme si grandement établi, et lui et ses plus proches et nombreux entours, plus M. le duc d’Orléans s’en fait des ennemis irréconciliables, plus toutes les charges du royaume tremblent et s’indignent d’autant plus que la plupart de leurs possesseurs, quant à leurs personnes, aucun, quant à leurs entours, n’ont pas à beaucoup près des considérations de ménagement telles que les a le duc de Noailles. » Je priai ensuite Belle-Ile de considérer la proximité du moment de la majorité, et tout ce que M. le duc d’Orléans auroit à craindre de tous les gens en charge d’approcher à toutes heures un roi dont l’esprit ne pouvoit pas être formé, encore moins le jugement, et qui seroit en proie aux flatteries, aux calomnies, aux adresses de tous gens si intéressés à perdre auprès de lui le régent et sa régence, et qui auroient tant de choses spécieuses à se ballotter entre eux, pour les mettre sans défiance dans la tête du roi, sur les finances, sur la marine, sur l’Angleterre, sur la guerre faite à l’Espagne, sur la vie particulière de M. le duc d’Orléans, et sur tant d’autres points qui se présentent si aisément quand on veut nuire et qu’un grand intérêt y pousse, sans compter les autres mécontents. Belle-Ile ne sut que répondre de précis à des objections si fortes et si évidentes. Mais pour ne pas se rendre, il battit la campagne, et chercha tant qu’il put des ressources dans ma haine et dans son bien dire.

Cette conférence, où il ne fut question que de ce point, dura plus d’une heure, et finit par me prier de faire encore des réflexions. Je lui dis qu’elles s’étoient toutes présentées à la première mention de sa proposition ; qu’elles se fortifioient toutes l’une par l’autre ; que je ne voyois pas qu’il eût répondu à aucune ; qu’ainsi je demeurois dans mon sentiment ; que je le priois de les porter toutes et dans toute leur force au cardinal Dubois pour lui faire sentir les suites funestes de ce projet, auquel l’accablement d’affaires de toutes les sortes ne lui avoient pas permis de penser avec l’attention qu’il méritoit. J’assaisonnai cela de tous les compliments capables d’adoucir le dépit de ma résistance, qui fut d’autant plus vif que le cardinal n’osa le montrer. Belle-Ile dîna avec nous en sortant de cette conversation parce que nous voulions arriver à Paris de fort bonne heure, et partit avant nous.

Je ne fis que changer de voiture au logis, et j’allai au Palais-Royal, droit chez le cardinal Dubois. Il accourut au-devant de moi. Ce fut des merveilles ; et sans rentrer ni s’arrêter, il me conduisit chez M. le duc d’Orléans, dont la réception fut aussi bonne et plus sincère. Il étoit dans son petit cabinet au bout de sa petite galerie. Nous nous assîmes, moi vis-à-vis de lui, son bureau entre deux, et le cardinal au bout du bureau. Je leur rendis compte de bien des choses, et je répondis à bien des questions. Ensuite je parlai à M. le duc d’Orléans de la conduite de la princesse des Asturies avec Leurs Majestés Catholiques, de leur patience et de leurs bontés pour elle ; et après ce sérieux je le divertis de mon audience de congé chez elle, dont il rit beaucoup. Ensuite il me parla de la sortie du conseil, glissant avec des patins sur la préséance ; et le cardinal se mit sur la cabale, sans toutefois enfoncer matière, et dit que Son Altesse Royale n’avoit pu moins faire que de chasser le chancelier. Je laissai tout conter ; puis je leur dis que je ne pouvois qu’apprendre, ne m’étant pas lors trouvé ici et n’ayant encore vu personne, sinon que je trouvois tout cela bien fâcheux. Et tout de suite, me tournant tout à fait à M. le duc d’Orléans et m’adressant à lui, j’ajoutai que, puisque le chancelier n’étoit à Fresnes que pour la même chose que j’aurois faite si j’avois été ici, j’espérois bien que Son Altesse Royale trouveroit bon que j’y allasse le voir incessamment. Cette parole fit comme deux termes du régent, qui baissa les yeux, et du cardinal, qui égara les siens, rougissant de colère. Je crois bien qu’ils n’avoient pas espéré me persuader de rentrer au conseil ; mais l’étonnement et le dépit d’une adhésion si nette et si peu attirée à la sortie du conseil, et la liberté avec laquelle je causois [3] mon empressement pour le chancelier déconcerta le régent comme un particulier, et le tout-puissant ministre comme un courtisan. Je me repus avec complaisance de l’état où je les vis, et du silence qui dura plusieurs moments. Le cardinal le rompit en se secouant comme un homme qui se réveille, et me dit, d’un air le plus bénin qu’il put, qu’ils avoient fait ce que le roi d’Espagne avoit désiré. Je lui demandai ce que c’étoit. Il me répondit : « Donner au roi un jésuite pour confesseur, et c’est le P. Linières. — Le roi d’Espagne ! repris-je, jamais il ne m’en a parlé. — Comment ? dit le cardinal ; il me semble pourtant qu’il vous a parlé de jésuite, et que vous nous en avez écrit. — Vous confondez, monsieur, repris-je ; le roi d’Espagne m’en a parlé pour l’instruction de l’infante, et pour sa confession pour la suite ; je vous en ai écrit et à M. le duc d’Orléans, et cela [a] été fait ; mais jamais le roi d’Espagne ne m’en a dit un seul mot pour le roi. Bien est vrai que le P. Daubenton m’en parla, et me dit que le roi d’Espagne avoit dessein de me charger de prier M. le duc d’Orléans, de sa part, de rendre le confessionnal du roi aux jésuites ; que je répondis au P. Daubenton que pour moi je serois ravi d’y pouvoir contribuer comme particulier, mais que je n’oserois pas me charger de faire cet office, parce que, comme le roi d’Espagne auroit raison de trouver mauvais que notre cour se voulût ingérer d’entrer dans les choses intérieures de sa cour, surtout de se mêler de son confesseur, aussi notre cour vouloit être en pleine liberté sur ces mêmes choses, et me blâmeroit aigrement de me charger d’une pareille commission ; qu’ainsi je le suppliois de détourner le roi d’Espagne de me la proposer, parce que j’aurois la douleur de ne la pouvoir accepter. Le P. Daubenton se rendit tout court à ces raisons, qu’il trouva ou qu’il fit semblant de trouver bonnes. Jamais le roi d’Espagne ne m’en a ouvert la bouche ni parlé de rien d’approchant, ni le P. Daubenton depuis. » Le cardinal balbutia entre ses dents je ne sais quoi qu’il n’achevoit pas de prononcer, et M. le duc d’Orléans, qui jusque-là l’avoit laissé parler là-dessus et moi lui répondre, se mit à rire et à me dire : « Oh bien ! donc, tout ce que nous vous demandons ( je remarquai bien ce nous de communauté avec le cardinal), c’est que vous ne nous démentiez pas ; car nous avons dit à tout le monde que c’étoit aux pressantes instances du roi d’Espagne que nous avions donné au roi un confesseur jésuite. » Je me mis aussi à rire, et lui répondis que tout ce que je pouvois pour son service, si on m’en parloit dans le monde, seroit de faire le plat important, et de payer de silence pour ne les point démentir et pour ne point mentir. Puis m’adressant au cardinal, je lui dis qu’il avoit toutes mes dépêches ; que, pour en avoir le cœur net, il prît la peine de les visiter, et qu’il n’y trouveroit que le fait d’un jésuite pour l’infante, et pas un mot pour le confesseur du roi. Le saint prélat le savoit de reste ; il se mit à rire aussi, mais du bout des dents ; me dit qu’il se rappeloit la chose, qu’elle étoit telle que je la leur disois, mais qu’il étoit important de la tenir secrète, et que je ne me laissasse pas entamer là-dessus.

Cette conversation, qui dura près de deux heures, finit le mieux du monde, mais, jointe à celle que j’avois eue le matin à Chastres avec Belle-Ile, ne me mit pas bien dans les bonnes grâces du cardinal Dubois, qui toutefois n’osa en rien faire paroître. Elle finit par la permission que je demandai au régent de me démettre de ma pairie à mon fils aîné. Je ne trouvois pas convenable que, destiné par son aînesse à être duc et pair, il n’en eût pas le rang, tandis que je l’avois acquis à son cadet par la grandesse.

Du Palais-Royal j’allai aux Tuileries faire ma révérence au roi, à son souper, à la fin duquel je lui demandai la même permission. Je m’en retournai de là chez moi, où je le dis à mon fils aîné, qui prit le nom de duc de Ruffec. Je lui fis en même temps présent des pierreries qui environnoient le portrait du roi d’Espagne, que le marquis de Grimaldo m’avoit apporté de sa part l’après-dînée de mon audience de congé. Elles furent estimées quatre-vingt mille livres pair les premiers joailliers de Paris. C’étoit le plus riche présent qui en eût été fait en Espagne à aucun ambassadeur. Je me plus à en faire faire une magnifique Toison à mon fils.

Il fallut se livrer pendant plusieurs jours aux visites passives et actives. Toutefois je me hâtai d’aller voir le cardinal de Noailles. Je ne voulois pas qu’il fût la dupe de la demande prétendue du roi d’Espagne d’un confesseur jésuite pour le roi. Je lui fis confidence, sous le secret, de ce qui s’étoit passé là-dessus, au Palais-Royal, entre le régent, le cardinal Dubois et moi. Je fis aussi la même confidence, et sous le même secret, à l’évêque de Fréjus et au maréchal de Villeroy, qui s’étoient opposés de toutes leurs forces à un confesseur jésuite, malgré l’ensorcellement de la constitution. Ils furent fort sensibles à cette confidence, que je crus nécessaire, et m’en ont toujours gardé le secret. Du reste, je fus fidèle à ne me laisser entendre là-dessus à personne, et à payer les questions de silence. C’étoit la condition remplie par Dubois à l’égard des jésuites du concours qu’il en avoit obtenu pour son chapeau. Je pris le premier jour du conseil de régence et le temps de sa tenue pour visiter tous ceux qui en étoient sortis. Cette affectation fut fort remarquée, comme c’étoit bien aussi mon dessein. Je sus que le maréchal de Villeroy, qui s’étoit conservé d’y assister, mais derrière le roi, sans opiner ni y prendre la moindre part, avoit envoyé voir dans la cour des Tuileries si mon carrosse y était. Il ne put s’empêcher de me témoigner sa joie de ce que je n’étois pas rentré au conseil. Je lui répondis froidement qu’il ne me connoissoit guère s’il m’en avoit pu soupçonner. Six jours après mon arrivée j’en allai passer trois à Fresnes. Cette visite fit grand bruit, et fit au chancelier un plaisir sensible. Tant qu’il y fut je l’y allai voir au moins deux fois l’année. Faisons maintenant une pause, et rétrogradons pour voir ce qui s’étoit passé hors de l’Espagne depuis le commencement de cette année.


  1. Ce fut le 5 avril 1725 que le duc de Bourbon, alors premier ministre, fit renvoyer la jeune infante, que l’on élevait à Paris depuis 1722.
  2. Chastres, ou Châtres, aux environs d’Étampes (Seine-et-Oise), porte aujourd’hui le nom d’Arpajon. On a changé ce nom en celui de Chartres dans les anciennes éditions. L’itinéraire de Saint-Simon se rendant d’Étampes à Paris suffirait pour prouver qu’il ne faut pas lire Chartres.
  3. J’indiquais la cause.