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Marmion/Defauconpret, 1830/Notes

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Traduction par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret.
Œuvres de Walter Scott, tome 1Furne, Libraire-éditeurTome I. — Ballades, etc (p. 321-328).

NOTES.


CHANT PREMIER.

Note 1. — Introduction, page 193, ligne 25. — La pieuse recherche du Saint-Graal.

Un jour qu’Arthur faisait un grand festin avec tous les chevaliers de la Table Ronde, le Saint-Gréal, vase dans lequel le Christ avait fait la cène, et qui était resté long-temps caché aux regards des hommes, en punition des crimes de la terre. Ici apparut tout à coup, ainsi qu’à tous ceux dont il était environné. A la suite de cette vision, ils firent tous le vœu solennel d’aller chercher le Saint-Gréal. Mais, hélas ! il ne devait être trouvé que par un chevalier accompli, et qui fût pur de tout commerce charnel. Ainsi l’intrigue que le sir Lancelot avait avec la dame Genièvre ou Ganore, rendit inutiles toutes ses nobles perfections ; il ne rencontra que désastres et malheurs dans la longue et pieuse recherche qu’il entreprit, etc. etc.

Note 2. — Paragraphe i. — Norham.

Les ruines du château de Norham (anciennement appelé Ubbandfond) sont situées sur la rive méridionale de la Tweed, à six milles environ au-delà de Berwick, et dans un lieu où cette rivière sépare l’Écosse de l’Angleterre.

Note 3. — Paragraphe i. — Le donjon.

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler à mes lecteurs qu’à proprement parler on entend par donjon la partie la plus forte d’un ancien château. C’était une tour haute et carrée formée par quatre murs d’une épaisseur effrayante, et située au milieu des fortifications, dont elle était ordinairement isolée. C’était là que, lorsque les ouvrages extérieurs avaient été emportés, la garnison se retirait pour tenter un dernier effort. Le donjon contenait la grande salle, les salles de cérémonie et la prison du château. C’est cette dernière circonstance qui a fait donner au mot dongeon la signification qu’il a maintenant. Ducange (au mot donjon) conjecture, non sans quelque vraisemblance, que ce mot vient de ce que ces espèces de prisons étaient bâties autrefois sur les collines, qui, dans la langue celtique, s’appellent dun. Borlase suppose que ces tours ont été ainsi appelées à cause de l’obscurité qui régnait dans leurs appartemens, ce qui fit qu’on leur donna le nom de prison : c’est faire dériver l’ancien mot de l’application qui en a été faite dans les temps modernes.

Note 4. — Paragraphe xi.

Lord Marmion, qui joue le principal rôle dans ce roman, est un personnage tout d’imagination : cependant il a existé autrefois nue famille de Marmion, seigneurs de Fontenay en Normandie, qui jouissait d’une haute considération. Robert de Marmion, seigneur de Fontenay, l’un des seigneurs les plus distingués qui suivirent Guillaume-le-Conquérant, reçut en récompense le château et la ville de Tamworth, et en outre la Seigneurie de scrivelbaye, dans le Lincolnshire.

Note 5. — Paragraphe xviii.Warbeck.

L’histoire de Perkin Warbeck ou Richard d’York, est assez connue. En 1496, il fut reçu en Ecosse avec les plus grands honneurs, et Jacques IV, après lui avoir donné en mariage lady Catherine Gordon, une de ses parentes, fit la guerre à l’Angleterre pour appuyer ses prétentions. Voulant tirer vengeance de l’invasion qui avait été faite en Angleterre, Surrey s’avança dans le Berwickshire à la tête d’une armée considérable ; mais il fit retraite après avoir pris le petit fort d’Ayton.

Note 6. — Paragraphe xxi. — L’abbé de Shoreswood.

Ce prêtre était sans doute un peu cousin de Welsh, vicaire de Saint-Thomas d’Exeter, qui, en 1549, commandait les insurgés de Cornish, et eut le malheur d’être pendu au clocher de son église.

Note 7. — Paragraphe xxvii. — Le pèlerin fut appelé.

L’expression palmer (porte-palme), par opposition au mot pilgrim (pèlerin), signifie un homme qui ne s’occupait qu’à visiter les lieux honorés des reliques des saints, passant toute sa vie à voyager, et vivant de la charité des fidèles. Les pèlerins revenaient chez eux, et reprenaient leurs anciennes occupations, lorsqu’ils avaient une fois fait leurs dévotions au lieu qui faisait l’objet principal de leur pèlerinage ; mais les porte-palmes semblent avoir été les quœstionarii dont il est mention dans les anciens canons d’Ecosse.


CHANT II.

Note 1. — Introduction, page 209, ligne 2 en remontant. — Le lac silencieux de Sainte-Marie.

Cette belle pièce d’eau forme le réservoir dans lequel l’Yarrow prend sa source. Non loin de là est un lac plus petit, appelé le Loch of the towes, et environné de montagnes de tous côtés. A l’extrémité inférieure du lac se trouvent les ruines de la tour de Dryhope, berceau de Marie Scott, fille de Philippe Scott de Dryhope, et connue sous le nom de Fleur de l’Yarrow ; elle fut mariée à Walter Scott de Harden, qui fut aussi célèbre par ses rapines que sa femme le fut par sa beauté.

Note 2. — Paragraphe xiii.

La tradition populaire de cette singulière servitude, probablement exagérée, est rapportée en ces termes dans un véritable récit, imprimé et publié à Withby : « Dans la cinquième année du règne de Henri II, après la conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie, le seigneur d’Uglebarnby, alors appelé Guillaume de Bruce, le seigneur de Smeaton, nommé Ralph de Perey, et un gentilhomme nommé Attatson, se donnèrent rendez-vous pour la chasse au sanglier, dans une forêt ou désert appartenant à l’abbé de Withby ; le nom de ce lieu était Eskdale-Side, et celui de l’abbé Sedman. Au jour fixé, ils vinrent au rendez-vous, armés d’épieux et suivis de leurs meutes. Ayant aperçu un énorme sanglier, ils lancèrent leurs chiens, qui le poursuivirent jusqu’auprès de la chapelle de l’ermitage d’Elslsdale-Side, où était un moine de Withby, qui y vivait en anachorète. Le sanglier, poursuivi vivement et accablé de fatigue, entra dans la chapelle, se coucha par terre, et expira. L’ermite ferma la porte et resta dans la chapelle, occupé de ses prières et de ses méditations. Tandis que les chiens étaient à attendre au dehors, les jeunes seigneurs, poursuivant le cours de leur chasse, arrivèrent à l’ermitage, guidés par les aboiemens de leurs limiers ; ils appelèrent l’ermite, qui ouvrit sa porte, et vint se présenter à eux. Les chasseurs ayant vu le sanglier mort dans la chapelle, entrèrent en fureur ; ils se portèrent à des violences envers l’ermite, le maltraitèrent avec leurs épieux : l’ermite en mourut, après avoir fait commuer la peine de mort à laquelle ses meurtriers furent condamnés, en cette espèce de vasselage dont leur postérité ne s’affranchit que difficilement. »

Note 3. — Paragraphe xiii.La belle Edelfled.

Elle était fille du roi Oswy, qui pour remercier le ciel de la grande victoire qu’il lui fit remporter, en 635, contre Peuda, roi païen de Mercie, voua Edelfled, à peine âgée d’un an, au service du Seigneur, dans le monastère de Withby, dont sainte Hilda était alors abbesse. Dans la suite, elle orna avec beaucoup de magnificence le lieu où elle avait été élevée.

Note 4. — Paragraphe xiii.

Ces deux miracles sont rapportés par tous les anciens auteurs qui ont eu occasion de parler de Withby ou de sainte Hilda. On trouve encore au milieu des rochers les restes de ces serpens qui infestaient le couvent, et qui, à la prière de l’abbesse, furent non-seulement exterminés, mais encore pétrifiés. Les naturalistes protestans les nomment ammonitœ.

L’autre miracle est rapporté en ces termes par Camdem : « Voici une autre preuve de la toute-puissance de la sainte : les oies sauvages qui, dans l’hiver, fuient par bandes vers le sud, pour y chercher des rivières ou des lacs qui ne soient pas gelés, s’abaissent soudain à terre lorsqu’elles passent sur certains endroits des environs. »

Note 5. — Paragraphe xv.

Tout le monde sait que lorsque David Ier et son fils Henry envahirent le Northumberland, en 1136, les Anglais marchèrent contre eux sous la bannière de saint Cuthbert, et ce fut à sa vertu divine que l’on attribua la grande victoire qu’ils remportèrent à la sanglante bataille de Northallerton, ou Cuton-Moor. Mais dans le fait, les vainqueurs ne durent leurs succès qu’à la jalousie des différentes peuplades qui composaient l’armée de David, qui était une réunion de Galwégiens, des habitans de Strath-Clyde, d’hommes de Teviotdale et du Lothian, avec beaucoup de soldats normands et allemands, qui tous avaient embrassé sa cause. (Voyez Chalmers Caledonia, page 622.)


CHANT III.

Note 1. — Paragraphe xiii.

Le tintement d’oreille est regardé par les Ecossais comme le présage de la mort d’un ami.

Note 2. — Paragraphe xx.

En 1263, Hacon, roi de Norvège, vint dans le détroit de la Clyde avec un formidable armement, et fit une descente à Large, dans le Ayrshire. Alexandre III fut à sa rencontre, et le défit le 2 octobre. Bacon se retira aux Orcades, où il mourut quelque temps après la disgrace qu’avaient essuyée ses armes. Il existe encore près du champ de bataille un grand nombre de tombeaux, plusieurs d’entre eux ayant été ouverts, on les a trouvés, comme d’ordinaire, remplis d’ossemens et d’urnes funéraires.

Note 3. — Paragraphe xx.Un pentacle, etc.

Le pentacle est une pièce de linge fin, pliée de manière à présenter cinq coins, pour correspondre aux cinq sens, et couverte de caractères mystérieux. Les magiciens déploient le pentacle vers les démons qu’ils évoquent, lorsqu’ils sont rebelles et obstinés et qu’ils refusent de se soumettre aux rites et cérémonies magiques.

Note 4. — Paragraphe xxii.

C’est un article de foi parmi le peuple, que ceux qui sont nés le jour de Noël, ou le vendredi saint, peuvent voir les esprits, et même leur commander. Les Espagnols attribuent les regards égarés de leur Philippe II aux désagréables visions auxquelles ce privilège l’avait soumis.

Note 5. — Paragraphe xxv.

J’ai puisé les détails du combat entre Alexandre III et le fantôme chevalier dans Gervais de Tilbury, maréchal du royaume d’Arles. (Otia imperial. op. script. rer. Brunswick, vol. 1, p. 797.)


CHANT IV.

Note 1. — Paragraphe xiv.Apparition de saint Jean.

Cette histoire est rapportée par Piscottie avec une simplicité vraiment caractéristique.

Note 2. — Paragraphe xv.

La révolte qui eut lieu contre Jacques III fut signalée par une circonstance bien cruelle pour lui, la présence de son fils dans l’armée ennemie. Lorsque le roi vit sa propre bannière déployée contre lui-même, et son fils uni avec ses ennemis, il perdit le peu de courage qu’il avait, se sauva du champ de bataille, tomba de son cheval, qui se cabra à la vue d’une cruche d’eau que portait une femme ; et il fut tué, on ne sait pas bien par qui.

Jacques IV, après la bataille, passa à Stirling ; et entendant les moines de la chapelle royale déplorer la mort de son père, leur fondateur, il fut saisi d’un profond remords qu’il manifesta par une austère pénitence.

Note 3. — Paragraphe xxviii.

Voyez dans Patten (de l’Expédition de Sommerset), la description curieuse d’un camp écossais après la bataille de Pinkey.

Note 4. — Paragraphe xxviii.

Selon Bœtius et Buchanan, le double trescheur autour du bouclier, contrefteurdelisé ou lampassé et armé d’azur, fut adopté pour la première fois par Achaius, roi d’Ecosse, contemporain de Charlemagne.


CHANT V.

Note 1. — Introduction, page 266, ligne 30. — Henry fuyant, etc.

Henry VI, après la désastreuse bataille de Towton, se sauva en Ecosse avec la reine, son fils et les princes de sa famille. Dans les notes des éditions précédentes, j’avais mis en doute si Henry VI vint à Edimbourg, quoique la reine y fût venue certainement : M. Pinkerton penchait à croire qu’il était resté à Kirkendbright ; mais mon noble ami lord Napier m’a montré une concession d’une rente de cinquante marcs d’argent, faite par Henry à l’un de ses ancêtres, John Napier, signée par le roi lui-même à Edimbourg le 28 août, dans la trente-neuvième année de son règne, qui correspond à l’an de grace 1461. Douglas, avec sa négligence ordinaire, date cette concession de 1368 ; mais cette erreur ayant été corrigée dans la copie sur les manuscrits de Macfarlane, pag. 119 et 120, il ne peut plus rester de doute à ce sujet. John Napier était fils et héritier d’Alexandre Napier, et prévôt d’Edimbourg ; l’ac- cueil hospitalier que trouva l’infortuné monarque valut à l’Écosse les éloges de Molinet, poète contemporain ; il dit en parlant des Anglais :

Ung nouveau roy creerent
Par despiteux vouloir :
Le vieil en debouterent
Et son legitime hoir :
Qui faytif alla prendre
D’Escosse le garand
De tout le mendre
Et le plus tollerant.

Collection des Aventures.
Note 2. — Introduction, page 268, ligne 3. — M. Ellis.

M. Ellis, dans l’introduction qui précède son ouvrage intitulé Specimens of romance, a prouvé par les témoignages réunis de La Ravaillère, de Tressan, et principalement de l’abbé de La Rue, que c’est à la cour de nos rois anglo-normands, et non à celle des rois de France, qu’est née la littérature romane. Marie pilla les originaux armoriques, et traduisit en français-normand nu langue romane les douze curieuses ballades dont M. Ellis nous a donné un précis dans l’appendix qui suit son introduction.

Note 3. — Paragraphe i.

Ce n’est point une exagération poétique ; il y a encore en Angleterre quelques comtés renommés par leurs archers, où l’on se sert de flèches de la longueur d’une verge.

Il existe en Écosse, au rapport d’Asham, un proverbe qui dit que chaque archer anglais porte dans son carquois vingt-quatre Ecossais, par allusion à ses flèches, qui sont inévitables.

Note 4. — Paragraphe vi.

Dans toutes les négociations un présent de vins était un préliminaire indispensable. Sir John Falstaf n’était pas le seul qui eût besoin d’une telle introduction.

Note 5. — Paragraphe ix.

Peu de lecteurs ont besoin que je leur rappelle le ceinturon ou baudrier auquel Jacques ajoutait régulièrement le poids de quelques onces tous les ans. Piscottie fonde l’opinion qu’il a que le roi Jacques ne périt pas à la bataille de Flodden, sur ce que les Anglais n’ont jamais pu montrer ce baudrier de fer à aucun Ecossais. La personne et le caractère du roi Jacques sont ici tracés d’après tous meilleurs historiens. Ses dispositions romanesques, qui lui faisaient pousser le goût du plaisir jusqu’à la licence, étaient mêlées d’une teinte d’enthousiasme religieux. Ces inclinations formaient quelquefois d’assez singuliers contrastes. Il avait coutume pendant ses accès de dévotion, de prendre l’habit des franciscains, et de suivre les règles de l’ordre lorsqu’il avait ainsi fait pénitence pendant quelque temps dans le couvent de Stirling, il allait se replonger dans les plaisirs. Probablement aussi que, par l’effet d’une inconséquence qui n’est pas sans exemple, il riait dans un temps des pratiques superstitieuses auxquelles il s’assujettissait dans un autre.

Note 6. — Paragraphe x.

La connaissance du roi Jacques avec lady Heron de Ford ne commença qu’à l’époque où il marcha sur l’Angleterre. Nos historiens imputent à l’aveugle passion du roi les délais qui amenèrent la perte de la bataille de Flodden. L’auteur de la généalogie de ta famille de Heron s’efforce, et son zèle est louable, de justifier Ford de ce scandale ; cependant il est certain qu’elle interposa sa médiation entre Jacques et Surrey. (Voyez L’Histoire de Pinkerton, et les autorités qu’il rapporte, vol. 2, p. 99.)

Note 7. — Paragraphe xvi.

Angus était déjà vieux lorsque la guerre contre l’Angleterre fut décidée : il ne cessa de la désapprouver ; et le matin de la bataille de Flodden, il remontra avec tant de liberté combien il était impolitique de livrer bataille, que le roi lui dit avec un ton de mépris et d’indignation, que s’il avait peur il était libre de s’en retourner. Cet affront insupportable arracha des larmes à ce vieux guerrier ; il se retira, laissant son fils George d’Anges et sir William de Glenbervie pour commander ses troupes. Ils furent tous deux tués dans la bataille, ainsi que deux cents gentilshommes du nom de Douglas. Le comte, désespéré des malheurs de sa maison et de son pays, se retira dans une maison de religieux, où il mourut environ un an après la bataille de Flodden.

Note 8. — Paragraphe xxix.

Le couvent dont on veuf ici parler est une fondation de L’ordre de Citeaux ; au nord de Berwick on en voit encore quelques vestiges. Il fut fondé par Duncan, comte de Fife, en 1216.

Note 9. — Paragraphe xxxi.

Ceci se rapporte à une catastrophe qui arriva réellement à un Robert de Marmion sous le règne du roi Étienne. Guillaume de Newbury, qui en parle, lui donne quelques traits du caractère de mon héros : — Homo bellicosus, ferocia et astutia fero nullo sue tempore impar. Ce baron ayant chassé les moines de l’église de Coventry, ne tarda pas, selon eux, à éprouver les effets de la vengeance divine. Ayant entrepris une guerre contre le comte de Chester, Marmion chargeait à la tête de ses troupes un corps de l’armée du comte ; son cheval s’abattit, le cavalier se cassa la jambe en tombant, et il eut la tête coupée par un soldat avant qu’on put le secourir. Toute cette histoire est rapportée par Guillaume de Newbury.


CHANT VI.

Note 1. — Introduction, page 291. — La messe de minuit.

Dans les pays catholiques romains, on ne dit jamais la messe dans la nuit, excepté la veille de Noël. Chacune des folies avec lesquelles on célébrait jadis cette fête pourrait faire le sujet d’une note longue et curieuse.

Note 2. — Introduction, page 292. — Allégorie des mascarades.

Il paraît certain que les masques d’Angleterre, qui, comme l’usage existe encore dans le Northumberland, avaient coutume d’aller porter dans toutes les maisons voisines le soc de la charrue, oisif dans cette saison, et les guisards d’Ecosse, qui ne sont pas encore totalement tombés en désuétude, nous offrent une image imparfaite des anciens mystères. Ces mystères sont aussi l’origine du théâtre anglais.

En Écosse (me ipso teste) nous avions l’habitude, avec les enfans de mon âge, de prendre les rôles des apôtres, on du moins ceux de Pierre, de Paul, et de Judas Is- cariote. Le premier avait les clefs, le second portait une épée, et le troisième un sac dans lequel on déposait les pièces d’argent que nous récoltions dans le voisinage. L’un de nous faisait aussi un champion en récitant quelque vieille ballade ; un autre était… « Alexandre, roi de Macédoine, qui conquit le monde entier, excepté l’Écosse ; et qui, lorsqu’il vint pour l’attaquer, sentit sa valeur se refroidir en voyant une nation si courageuse et si fière. » Ces vers, et plusieurs autres, étaient récités par routine et sans suite ; nous avions aussi, je crois, un saint Georges.

Note 3. — Introduction, page 292. Sur la famille de Walter Scott.

M. Scott de Harden mon ami et mon parent éloigné, possède l’original d’une invitation en vers adressée par son aïeul au mien : c’est de ce morceau que sont imités quelques vers de cette introduction. Ils sont datés, comme mon épître, de Mertoun-House, qu’habite la famille de Harden.

Note 4. — Paragraphe xi.

Le fameux Gawain Douglas, évêque de Dunkeld, fils d’Archibald Bell-the-Cat, comte d’Angus. Il est l’auteur d’une traduction de l’Enéide en vers écossais, et de plusieurs autres poésies d’un grand mérite : à cette époque il n’avait pas encore obtenu la mitre.

Note 5. — Paragraphe xv.

De peur que le lecteur ne partage l’étonnement du comte, et ne regarde ce crime comme contraire aux mœurs du temps, je dois lui rappeler les falsifications sans nombre qu’avec l’assistance d’une femme Robert d’Artois employa pour gagner son procès contre la comtesse Mathilde. Convaincu de faux, Robert fut obligé de fuir en Angleterre ; et ce fut la cause éloignée des guerres mémorables d’Édouard III en France. John Handing fut aussi employé par Edouard IV à forger des documens qui pussent établir les prétentions de souveraineté des rois anglais sur l’Ecosse.

Note 6. — Paragraphe xxiv.

Sir Brian Tunstal, appelé dans la langue romantique du temps Tunstall le chevalier sans reproche, fut du petit nombre des chevaliers anglais tués à la bataille de Flodden.

Note 7. — Paragraphe xxxvi.

L’assaut de la cathédrale de Lichfeld, qui avait été fortifiée par le roi, eut lieu dans la guerre civile. Lord Brook, qui commandait les assaillans avec sir John Gill, fut atteint par une balle de mousquet qui traversa la visière de son casque : les royalistes remarquèrent qu’il avait été tué par un coup parti de la cathédrale de Saint-Chad, le jour de Saint-Chad, et qu’il avait été blessé à l’œil, lui qui avait dit qu’il espérait voir les ruines de toutes les cathédrales d’Angleterre. La belle église dont il est ici question souffrit considérablement en cette occasion et en plusieurs autres ; sa tour principale fut détruite par le feu des assiégeans.