Mes souvenirs (Stern)/Première partie/X
L’année qui suivit fut longue et triste. J’ai beau chercher dans ma mémoire ce qui se passa chez nous, je ne me rappelle rien ni de mes études, ni de mes distractions, ni de mes amitiés, ni même de mes sentiments intimes. On dirait que le vide s’était fait dans mon existence, et que, avec la personne adorée de mon père, tout avait disparu, tout s’était évanoui dans mon cœur et dans mon esprit.
Cependant la jeunesse a trop besoin de mouvement, la vie, en elle, est trop intense pour qu’elle puisse indéfiniment s’absorber dans un regret, si profond qu’il soit. Un événement extérieur vint faire diversion à ma douleur qui, en se prolongeant, altérait ma santé et même mon caractère.
À la fin de notre deuil, nous allâmes en Allemagne (1820-1821). Mon père qui avait, paraît-il, le goût, mais non la capacité des affaires, avait compromis la fortune de ma mère dans des entreprises malheureuses et qui embarrassaient la succession. L’oncle Bethmann conseillait à sa sœur de venir à Francfort, promettant d’obtenir de mon aïeule, pour cette première année d’une liquidation difficile, la remise de la pension de vingt-cinq mille francs que, en vertu du testament de mon grand-père, chacun de ses enfants servait a la vieille dame.
Mon frère, par la protection de M. Pasquier, ami et allié de notre grand’mère Lenoir, et qui avait depuis un an (novembre 1819) le portefeuille des affaires étrangères, entrait dans la carrière diplomatique[1]. Il était attaché à la légation de France en Prusse, et devait rejoindre, à Berlin, son ministre, le marquis de Bonnay. Nous partîmes donc tous trois ensemble pour Francfort vers la fin de novembre de l’année 1820. Il ne pouvait plus être question de me mettre en pension. — J’avais quatorze ans et je paraissais en avoir seize. La tristesse qui m’avait pénétrée après la mort de mon père, la nature, qui s’était déclarée en moi dans ce premier ébranlement, la rêverie romanesque qui m’avait tout envahie, me donnaient un air de gravité au-dessus de mon âge. Comme aussi ma mère, que mon oncle avait priée d’aller dans le monde avec sa jeune femme, ne voulait pas me laisser aux soins d’une dame de compagnie, chez ma grand’mère aveugle, elle me conduisit avec elle au bal, dans les concerts, dans les réunions de la société francfortoise et du Bundestag. C’était un moment très-brillant. Les ambassadeurs accrédités auprès de la diète germanique, que présidait alors le comte de Buol-Schauenstein, ministre d’Autriche, donnaient des fêtes splendides ; le haut commerce et la banque ne restaient pas en arrière : magnificences de toutes sortes, orchestres retentissants, buffets immenses tout chargés de vaisselle d’or, riches livrées, c’était une émulation sans paix ni trêve de plaisirs et de vanités. Un concours extraordinaire de belles personnes, les demoiselles de Buol-Schauenstein, la comtesse de Maltzahn, belle-fille du comte von der Goltz, ministre de Prusse, ma tante Bethmann, madame de Guaita et ses deux sœurs, les demoiselles Schweitzer, les deux filles de la comtesse de Pappenheim, etc., répandaient sur ces assemblées un éclat de vie que toutes les profusions du luxe ne sauraient suppléer là où il manque.
C’était véritablement un monde féerique ; et quand je me le rappelle aujourd’hui, je me demande quelle supériorité ou quelle infériorité de nature m’y laissait comme indifférente.
Ma mère me conduisait aussi au théâtre. On y donnait l’opéra allemand avec une troupe excellente. J’y retrouvais, vivantes, animées, les partitions où l’on m’avait enseigné la musique : les Noces de Figaro, Don Juan, Obéron, l’Alceste et l’Orphée de Gluck, la Vestale de Spontini. Là, j’étais véritablement charmée. Là, mon âme s’ouvrait à des joies profondes. Là, tout enfant que j’étais par les années, j’éprouvais des émotions si vives que le souvenir m’en est resté ineffaçable.
Au bal, sans me dire pourquoi, ma mère m’interdisait de valser. Elle suivait en cela les bienséances françaises, qui ne permettaient pas à cette époque la valse aux jeunes demoiselles. Mais sa prudence, si c’en était une, y gagnait très-peu, ou point du tout. Comme l’orchestre ne jouait pas plus de deux ou trois contredanses par bal, le reste du temps, les banquettes se dégarnissant des jeunes valseuses, j’y restais seule assise, sans occupation ni contenance. Il arriva qu’un jour, par hasard, un vieux diplomate étant venu s’asseoir auprès de moi, il noua la conversation en m’interrogeant sur la société parisienne ; mes réponses lui plurent. Il le dit à ses collègues et leur vanta mon esprit.
Tous y vinrent l’un après l’autre : M. Lamb, ministre d’Angleterre ; M. de Pechlin, envoyé de Danemark ; M. de Blittersdorf ; le syndic de Hambourg, M. Gries ; curieux d’abord, puis charmés de trouver dans une enfant le sérieux d’une intelligence formée. On m’entoura, on me flatta, on me fit la cour. En voyant que des hommes de tant d’esprit préféraient ma conversation à toute autre, ma pauvre petite cervelle entrait en ébullition. Mon frère, qui nous arrivait de Berlin, s’en aperçut. Il en fit apercevoir ma mère ; et ils décidèrent entre eux que, s’il fallait revenir une autre année, on me laisserait à Paris, plutôt que de m’exposer encore une fois à des excitations de l’amour-propre qu’ils jugeaient, avec raison, au moins prématurées. Mais on ne me dit rien de ce complot, et je continuai à m’amuser dans la très-flatteuse et un peu dangereuse compagnie des vieux diplomates du Bundestag.
Un incident de cette vie, étrange pour une enfant, mérite d’être rapporté.
M. de Chateaubriand venait d’être nommé ministre plénipotentiaire de France en Prusse. Il se rendait à Berlin (6 janvier 1821), pour y remplacer M. de Bonnay, et devait, passant par Francfort, s’arrêter un jour chez le comte de Reinhardt[2]. Ma mère, qui désirait de recommander son fils au nouvel ambassadeur, avait prié un attaché à la légation française. M. Denys-Benoist, de la prévenir du passage de l’homme illustre. « Je vous annonce un voyageur », dit M. Denys-Benoist d’un air tout heureux, en entrant une après-midi dans le petit salon que nous occupions au Vogelstrauss : puis il nous invita, de la part du comte de Reinhardt, à venir prendre le thé. le soir même, à l’ambassade, avec le vicomte de Chateaubriand. Je me sentis très-émue à la pensée que j’allais voir tant de gloire. J’avais lu le Génie du Christianisme et les Martyrs. Les tableaux de Guérin, de Girodet, de Gérard, Atala et Chactas, Eudore et Cymodocée, hantaient mon imagination. Je voyais dans mes rêves l’immense Atlantique, les savanes, les forêts, les déserts du Nouveau-Monde, les rives du Meschacébé, et surtout cette cellule solitaire, sur les grèves de l’Armorique, où l’amour et la foi, la passion et l’honneur se livraient dans l’âme d’Amélie le combat mortel. Je me croyais, moi aussi, en proie au vague des passions, à cet ennui de source divine, dont Chateaubriand répandait, de sa coupe enchantée, sur toute ma génération, la dangereuse ivresse. Je me croyais, moi qui n’avais rien fait encore, et presque rien pensé, je me sentais, avec René, « fatiguée de la gloire et du génie, du travail et du loisir, de la prospérité et de l’infortune ! » J’étais chateaubrianisée enfin, de telle sorte qu’il ne fallut pas moins de deux révolutions et de toute leur puissance d’affranchissement pour m’arracher à ce grand fascinateur, à ce Jean-Jacques aristocratique qui régnait alors sur la jeunesse, sur les femmes en particulier, d’un empire aussi absolu que celui du Jean-Jacques plébéien sur le siècle qui venait de finir[3].
En voyant ma mère faire les apprêts de sa toilette sans s’occuper de la mienne, j’eus le cœur bien gros. Elle s’en aperçut, et me voyant prête à pleurer, elle me dit de passer une robe pour venir avec elle à l’ambassade. La joie que je ressentis n’est pas imaginable. Il me semblait que j’allais voir un être à part, un homme au-dessus de tous les autres, un demi-dieu ! — Le demi-dieu fat très-poli pour ma mère, mais il ne m’adressa pas la parole. Au bout d’une heure, nous partîmes sans qu’il eût daigné voir que j’étais là. Moi, je n’avais pas vu qu’il ne me regardait pas, tant je m’étais oubliée à le contempler.
Chateaubriand, bien qu’il eût alors cinquante-deux ans, et qu’il parût, comme on sait, un peu contrefait à cause de sa tête très-forte pour son corps assez petit, était d’une beauté frappante. La grandeur était à son front ; dans ses yeux, la flamme ; dans sa belle chevelure, le souffle du génie ; dans toute sa personne. une grâce superbe, un air d’ambition lassée qui semblait descendre vers vous du haut d’un trône ; sur ses épaules inégales[4], comme une pourpre invisible, qui mettait la distance entre lui et le commun des mortels.
Quand je revis, cinq ans après, Chateaubriand, c’était dans tout l’éclat d’une fête qu’il donnait au ministère des affaires étrangères; je le revis encore, et pour la dernière fois, à l’Académie française, un jour qu’il avait voulu y venir pour honorer la réception de Ballanche. Combien je le trouvai changé, alors ! La vieillesse, le chagrin et comme la honte de vieillir avaient fait en lui d’affreux ravages. Tout s’était affaissé, l’âme et le corps. Il ne marchait plus qu’en apparence ; ses jambes grêles et fléchissantes ne le portaient pas ; on le soutenait, et il en ressentait une contrariété ingrate. À un passage du discours de Ballanche où il était nommé, il pleura comme un enfant ; il tira de sa poche pour essuyer ses larmes un immense mouchoir à carreaux bleus qui me rappela, par contraste, la rose épanouie dont il jouait gracieusement pendant la visite de ma mère à l’ambassade de France. La caducité de Chateaubriand me fit mal à voir. Toutefois la première impression, la première et noble image qui s’était gravée de lui dans ma mémoire me revint plus tard et finit par chasser l’autre. Je lui gardai un culte. De secrètes affinités m’attiraient vers ce gentilhomme, voyageur à travers le monde et les idées. Encore aujourd’hui, certaines pages de René, certains tableaux des Mémoires d’outre-tombe exercent sur mon esprit une séduction que je ne saurais attribuer uniquement à leur beauté littéraire.
La tombe du Grand-Bé a vu mon pieux pèlerinage ; la terre bretonne, avec sa grande tristesse, m’attire. Je ne prononce pas enfin ce beau nom de Chateaubriand sans qu’il éveille en moi d’incroyables solennités. Un jour, peu de temps après la publication de mon premier roman — Nélida, — j’appris qu’on l’avait lu à l’auteur de René, du moins en partie, et qu’il avait dit, — se souvenait-il de l’auteur ? — « J’aime ce talent singulier. » Ces quelques paroles, rapportées par un ami, me donnèrent une joie extrême. Je ne crois pas qu’aucun succès m’ait jamais trouvée plus sensible.
— Je ne quitterai pas ma ville natale, je ne quitterai pas ces bords du Mein où j’ai vu le jour, sans leur donner encore un regard. Je m’en éloigne en ce moment pour ne les plus revoir que vingt ans plus tard et dans des circonstances entièrement changées[5]. Jl faut me pardonner si je m’y arrête quelque peu, et si je me complais à les décrire tels qu’ils apparaissent dans les frais souvenirs de mon adolescence.
La ville de Francfort[6] est une des mieux situées que je connaisse, et des plus intéressantes par ses contrastes. Elle est assise sur les deux rives du Mein, dans une large vallée que borne à l’horizon la chaîne du Taunus, au milieu de prairies, de vergers, de champs fertiles, où l’air pur des cimes boisées entretient une fraîcheur délicieuse.
L’empire de Charlemague et le moyen âge ont à la vieille cité leur rude empreinte, tandis que l’activité spontanée et le libre développement de la richesse moderne ajoutaient, d’année en année, quelque agrément à sa physionomie riante et charmante.
Le dôme, avec sa haute tour, la maison de ville ou le Rœmer, bâti sur l’emplacement de l’antique Burg mpereurs. qui venaient y prendre la couronne, et où, deux fois l’an, au printemps et à l’automne dressaient les boutiques, les étalages des foires immenses[7], l’Eschenheimer Thor, le Nürnbergerhof, le Braunfels, restes des anciens cloîtres ; les rues étroites aux courbes capricieuses, les maisons en bois aux toits aigus surplombants, le Ghetto, rendaient présent dans Francfort un sombre et lourd passé, féodal et monacal. Mais, depuis plus d’nn quart de siècle, tout y allait rapidement vers l’air et la lumière. Les remparts abattus, les fossés comblés faisaient place à une ceinture de bosquets, de pelouses verdoyantes. De jolies villas à l’italienne s’élevaient, entourées de jardins, dans des rues spacieuses. Le théâtre, le musée, la bibliothèque, de magnifiques hospices, les statues monumentales de Guttemberg et de Goethe, le cimetière nouveau, sur la colline, avec ses grands horizons, ses galeries ouvertes, ses sculptures, ses corbeilles de fleurs, ses salles vigilantes où la mort apparente est protégée contre la précipitation des vivants[8] ; toutes les sollicitudes, toutes les bienfaisances, toutes les élégances de la vie moderne donnent au citoyen, donnent à l’étranger dans Francfort un sentiment de sécurité, de bien-être et de douce animation que je n’ai rencontré au même degré nulle part.
Au temps dont je parle, une seule chose faisait tache dans ce riant tableau : le Ghetto et sa population frappée d’anathème par le préjugé chrétien. En dépit des décisions du congrès de Vienne, il avait fallu des années, la puissance croissante des Rothschild, le crédit des Metternich et des Hardenberg, l’effort des hommes éclairés, de mon oncle Bethmann entre autres, pour que la grille haineuse qui séquestrait chaque soir la tribu de Juda dans ses rues sordides fût enlevée. Les catholiques, presque tous d’origine italienne[9], les Brentano, les Guaita, les Penco, les Leonhardi etc., ne montraient point d’aversion pour les juifs, mais ils étaient comme eux en minorité, et l’opinion luthérienne les accablait de mépris ; ma mère qui, à demi française, avait perdu à l’égard des juifs, comme à tant d’autres égards, l’âpreté des préjugés francfortois, envoyait chaque matin mon frère au Ghetto, pour y apprendre la mathématique d’un vieux juif qui passait pour le plus grand et qui était, à coup sûr, le plus sale, le plus déplaisant algébriste du monde. Elle vint aussi en aide à l’oncle dans une occasion délicate où il s’agissait de remporter une victoire décisive sur les préventions de la vieille dame. Ma tante Louise venait de mettre au monde un fils. Elle recevait, dans un beau lit à estrade, couchée dans la dentelle et la fine batiste, les visites de couche. Le chef de la maison Rothschild s’annonça[10]. Mon oncle ne vit rien là que de très-simple, et, dans le récit sommaire qu’il faisait chaque soir à mon aïeule de l’emploi de la journée, il mentionna cette visite projetée d’Amschel Rothschild. Il n’avait pas prévu le soulèvement d’indignation qu’il provoqua. Quoi ! ce malheureux fils de juif allait venir en sa maison, il allait entrer dans la chambre de sa belle-fille, toucher de ses mains, peut-être, le berceau chrétien de son petit-fils ! Cette pensée la mettait hors d’elle-même, et il ne fallut rien de moins que l’accord de toute la famille pour la réduire à supporter ce changement des temps et cette incroyable diminution de la fierté chrétienne dans sa propre famille !
L’obstination du préjugé francfortois contre les juifs avait de quoi surprendre dans une population qui d’ailleurs était extrêmement cultivée.
Comme dans tous les pays protestants, la culture et le désir du progrès descendaient dans Francfort jusqu’au plus bas des couches populaires. Le gouvernement municipal, où les artisans avaient part et qui se renouvelait fréquemment par l’élection, n’était pas sans quelque analogie avec l’État florentin. Comme à Florence, on avait à Francfort le goût des arts, on honorait la science ; on fréquentait le théâtre. Les fêtes du couronnement avec leurs pompes tradition nelles, les grandes foires privilégiées qui s’ouvraient au pied du Rœmer par des cortèges symboliques, les vieilles légendes du Rhin, les chants de Luther, entretenaient au foyer et même au comptoir une certaine flamme poétique qui relevait la médiocrité de la vie bourgeoise. Il est bien entendu que je ne faisais alors aucune de ces réflexions ; mais, sans m’en apercevoir, je m’imprégnais par tous les pores des influences d’une atmosphère physique et morale que je ne saurais mieux caractériser qu’en l’appelant goethéenne[11].
- ↑ Appendice I.
- ↑ Le comte de Reinhardt, ministre plénipotentiaire de France à la diète germanique, passait pour un très-savant diplomate. Il connaissait son mérite et l’accusait par la plus incroyable raideur que j’aie jamais vue. « Il se tient si droit qu’il passe la perpendiculaire », avait dit de lui M. de Talleyrand.
- ↑ Il est digne de remarque que les trois femmes les plus illustres de la France, en ces derniers temps, procèdent toutes trois de Jean-Jacques. Madame Roland s’en émancipait à peine, par Tacite, lorsqu’elle fut soudain moissonnée par le couteau de la guillotine, avant l’entier affranchissement de sa pensée. Madame de Staël, en ses jeunes écrits, est élève de Rousseau ; l’Allemagne et l’Italie élargirent plus tard ses horizons, mais sans la soustraire complètement à l’influence première. Madame Sand, enfin, emprunte à l’auteur d’Émile et des Confessions tout le fond de ses sentiments, tout ce qui n’est pas spontané dans le mouvement de son style.
- ↑ On a disputé sur l’inégalité des épaules et sur la couleur des yeux de Chateaubriand. Quant à son air superbe et ennuyé, je lui appliquai plus tard ce vers du bon compagnon Frosch, lorsqu’il voit entrer, dans la taverne d’Auerbach, Faust et Méphistophélès :
- « Sie scheinen mir aus einem edlen Haus ;
- « Sie sehen stolz und unzufrieden aus. »
(Journal d’un poëte.) - ↑ Les circonstances étaient alors changées pour moi seule. Elles le sont à cette heure aussi pour la vieille cité impériale arrachée violemment à son existence indépendante et historique. (1869).
- ↑ Aux temps anciens Hélénopolis, s’il faut s’en rapporter à Henri Estienne. Appendice J.
- ↑ Il faut lire, dans les Mémoires de Goethe, la description de ces foires et des cérémonies symboliques qui en marquaient l’ouverture. Le poète fait au sujet de l’extrême étroitesse des vieilles rues de Francfort une remarque ingénieuse. On dirait, écrit l’auteur de Wilhelm Meister, que les petits commerçants qui s’y logèrent voulaient pouvoir serrer de plus près le passant, l’atteindre de la voix et du geste, le forcer en quelque sorte à s’arrêter aux étalages qui se joignaient presque d’un bord à l’autre de la rue.
Der Krämer liebt die engen Strassen, als wenn er den Käufer mit Bänden greifen wollte.
- ↑ Avant de clouer le mort dans sa bière, on le laisse, pendant un temps plus ou moins long, couché sur un lit de repos, la main sur le cordon d’une sonnette que mettrait en mouvement la plus imperceptible agitation d’un doigt léthargique. Tout à côté se tient le gardien. Dans les salles voisines tout est préparé pour de prompts et énergiques secours. Ou s’étoune qu’une telle précaution ne soit pas organisée dans toutes les villes d’Europe. Elle fait le plus grand honneur à la municipalité de Francfort qui l’a établie une des premières.
- ↑ Cet élément italien de la population de Francfort m’a sonvent fait réfléchir. Goelhe n’aurait-il pas puisé dans son sang, par quelque alliance de famille, cette Sehnsucht de l’Italie qu’il a si bien fait sentir dans sa création de Mignon ? — Moi-même, n’aurais-je pas, de cet aïeul maternel qui portait le nom d’Adami, le goût, l’inclination, la passion de la terre italienne ?
- ↑ Amschel-Rothscnild, fils aîné de Meyer Amschel, fondateur de la maison, frère du baron James, du baron Charles, du baron Salomou et de Nathan de Rothschild.
- ↑ Appendice K.