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Notice sur les travaux littéraires du colonel Mackenzie

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NOTICE



Les manuscrits laissés par le colonel Mackenzie se composent d’une très-grande quantité de notes, d’observations, de journaux de voyages, d’inscriptions antiques, de dessins, de cartes et d’une multitude d’autres matériaux relatif à la géographie et à l’histoire de l’Inde méridionale, recueillis pendant un séjour de trente quatre ans dans cette contrée ; sans compter une collection très-considérable de livres, de manuscrits, d’actes publics et de pièces originales dans tous les idiomes de ces mêmes régions. Cette belle collection se divise en deux parties : l’une contient les travaux propres du colonel Mackenzie ; pour l’autre, elle se compose de traductions de pièces originales. Nous allons les faire connaître l’une et l’autre. La première partie se subdivise en dix sections.

I. Journaux, Notes, Observations et Mémoires. Ils contiennent le récit de voyages et de campagnes faits à différentes époques, dans les provinces qui dépendent du fort St.-Georges, à l’exception du Malabar et des Circars, au nord de la Kistna, depuis 1783 jusqu’en 1790 ; des remarques sur les campagnes de lord Cornwallis dans le Mysore, depuis 1790 jusqu’en 1792 ; différens voyages, en 1794, dans les districts récemment cédés par le Nixam, à Coudapa, à Kanoul, dans les montagnes sauvages du Yermoulla et de Noulmoula qui bornent le Carnatic depuis la Kistna jusqu’à Pouswoutoum ; quatre autres voyages dans le Dekan ; le récit de la campagne du Nizam contre les Mahrattes, en 1795 ; la bataille de Kourdla ; l’expédition à Ceylan pour la réduction de Columbo ; un voyage à Haïderabad et de là à Kalberga, avec une description de cette antique capitale du Dekan ; le récit de tous les événemens arrivés dans les mêmes régions, depuis 1795 jusqu’en 1807 avec un très-grand nombre de mémoires sur les habitans, les coutumes, le climat, le sol, les institutions, le récit des voyages et des campagnes entrepris dans l’île de Java, pendant un séjour de deux années ; un voyage de Calcutta, par Benarès, jusqu’à Luknow dans le pays d’Oude, et de là jusqu’à Agra et Delhi, dans les montagnes qui séparent l’Inde du Thibet, depuis les lieux où le Gange et le Djemna entrent dans l’Hindoustan, jusqu’à Herdwar sur le Gange, etc. ; avec un grand nombre de dessins et de copies d’inscriptions.

II. Cartes et Mémoires relatifs au Maïssour. Ce sont sept volumes in-fo. de mémoires géographiques, statistiques et historiques sur ce pays, avec des cartes dressées, sur l’échelle d’un pouce pour quatre milles, qui donnent tous les détails du terrain. Arrowsmith en a profité pour sa carte générale de l’Inde.

III. Cartes et Mémoires relatifs aux districts du Maïssour, cédés par le Nizam. Ces travaux sont sur le même plan que les précédens, accompagnés d’un très-grand nombre de cartes.

IV. Matériaux pour une description générale de l’Inde méridionale. C’est un recueil immense de pièces et de matériaux pour une description géographique, historique et statistique de toutes les possessions britanniques dans le sud de la presqu’île, avec une multitude de cartes extrêmement détaillées.

V. Matériaux pour une description de Java et des autres îles orientales. Cette partie se compose de journaux, mémoires, dessins, etc., rassemblés par le colonel Mackenzie, sur la géographie, la statistique et l’histoire ancienne et moderne de Java et des autres possessions hollandaises dans les îles orientales, tirés des archives du gouvernement ; plusieurs manuscrits traduits du malai et du javanais ; différens documens ou extraits, traduits du hollandais et du français ; beaucoup, de morceaux relatifs à la première colonisation de ces îles ; sur la population de l’Amérique ; sur la navigation et les communications entre le continent de l’Asie et les nombreuses îles de l’Océan oriental ; sur les lois, les mœurs et les coutumes des parties les plus orientales de l’Asie.

VI. Matériaux pour l’Histoire, les Antiquités, les Institutions de l’Inde en, général. Dans l’origine, cette collection était relative seulement au Carnatic ou royaume de Bidjanagar et ses dépendances ; mais ensuite elle devint un vaste répertoire de traductions, et de mémoires propres à faire connaître l’histoire, les institutions et les antiquités de toutes les parties de l’Inde, mais plus particulièrement cependant de la péninsule méridionale.

VII. Dynasties musulmanes établies dans le Dekan. Cette section contient des pièces historiques des matériaux et des mémoires traduits et propres à éclaircir l’histoire des dynasties musulmanes du Dekan, depuis le XIIIe jusqu’au XVIIIe siècle, avec des plans de villes et de forteresses, des médailles, des inscriptions, etc. On y trouve l’histoire des cinq dynasties musulmanes établies à Bidjapour, Golconde, Bedr, Ahmednagar et Dauletabad, et celle du gouvernement mogol dans le Dekan.

VIII. Géographie, Histoire et Statistique du Dekan. Le Defter, ou registre du Dekan ; le Hakikati-Hindoustan, l’Histoire de Kafi-Khan, et plusieurs autres ouvrages manuscrits traduits du persan, du mahratte et des autres langues du pays, forment la base de cette huitième partie, qui fait connaître les changemens géographiques, les mutations politiques, et toutes les divisions territoriales des six vice-royautés du Dekan, depuis les tems les plus anciens, jusqu’à l’arrangement fait au commencement du XVIIIe siècle par Asaf-Djah, le célèbre Nizam-al-mulk.

IX. Antiquités et Histoire des premières dynasties indiennes. Quoique les matériaux qui peuvent jeter du jour sur ces anciennes dynasties soient obscurs et très-imparfaits, on peut tirer des connaissances importantes des inscriptions, des anciens édifices, des sculptures, des médailles, dest traditions, des poèmes, etc., de manière à pouvoir donner une esquisse de l’histoire des dynasties et des rois qui ont gouverné l’Inde méridionale avant l’ère chrétienne et l’ère de Salivahana. Ce sont : 1o. les rois de Banawasi, dans le nord-ouest, possesseurs d’un grand empire, dont l’existence est attestée par les traditions et les inscriptions du pays ; 2o. les rois dont là capitale était Amrawaty sur la Kistna, et dont il reste des constructions et des édifices d’une beauté et d’un goût et d’un fini d’exécution qui surpassent tout ce qu’on trouve dans l’Inde ; enfin, 3o. les anciens rois de Couramber, et les tribus nomades de pasteurs et de chasseurs qui ont occupé ces régions ayant l’introduction de la doctrine des Vedas par les rois de là race de Tchola ; beaucoup de monumens antiques, de sculptures et de médailles en ont conservé le souvenir.

X. Dessins, Cartes, Plans et Esquisses. On distingue parmi toutes ces pièces, une multitude de cartes générales et particulières de provinces, des cartes minéralogiques, mie carte philologique de l’étendue des différées langages parlés dans les cinquante-six divisions du Bharat-Kand ou l’Inde, des plans de Bidjanagar, de Hala, de Bedr et des autres anciennes capitales ; des dessins de temples et de palais, de plantes, d’arbres, etc.

La deuxième partie des travaux de M. Mackenzie contient, en dix-sept volumes in-fo., une collection de traductions et de pièces originales divisées par provinces et par langues ; nous allons les faire connaître successivement.

I. Provinces méridionales de la presqu’île. Ce volume est relatif à l’histoire, aux antiquités et aux institutions de l’ancien Tchola-Mandalam (Coromandel), du Pandya-Mandalam ou Tinevely, Madura, Tanjaour, Coimbotour, etc.

II. Provinces occidentales. L’ancien Kerala, et le Tchara Mandalam ou Travancore, le Malabar, Canara, Conkana, Bednour, Sounda, etc.

III. Provinces centrales. Le haut Carnatic, le Maïssour, Tchiteldroug, Raidroug, la Nababie de Serah, de Harponely, de Pennakonda, de Baramalh, etc.

IV. Provinces orientales. Ancien Tonda-Mandalam, le moderne Arkat, le haut Carnatic, le Nellor, l’Ongol et Palnaud, etc.

V. Les districts cédés par le Nizam. Le Nanda-Mandalam, comprenant Kanoul, Condapa, Cammam, etc., jusqu’à la rivière de Kistna.

VI. Les districts septentrionaux. Les cantons d’Andra, de Matsya et de Calinga, les Circars modernes de Gantour, Masulipatam, Condapily, Chicacole, le canton d’Odia, ou le moderne Orissa et le Catak.

VII. Histoire musulmane, depuis le XIII.e siècle.

VIII. Histoire des Mahrattes sous les règnes de Sevadji, Sambadji et Ram-Radj, etc., jusqu’à présent.

IX. Camatic et Bidjanagar. Traductions des pièces originales propres à éclaircir l’histoire de cet empire, sous les dynasties de Carnatic, Telinga et Couramber, comparées avec leurs inscriptions et leurs actes originaux.

X. Telinga et Oria. Matériaux pour l’histoire de Warangole et des autres dynasties de la même nation et de la même langue, les Catak-Balal, les Radjas de Galinga, de Radjahmandry, de Bezoada, etc.

XI. Tchola et Pandya. Les matériaux relatifs à ces anciennes dynasties, comparés avec les inscriptions qui subsistent encore, les livres, les poèmes et les différens ouvrages des anciens sages.

XII. Sasanams, ou inscriptions indiennes, édits, donations, etc. Cette partie se divise en trois sections, chacune fort considérable. La première contient des copies des inscriptions originales rassemblées dans toutes les parties de l’Inde et dans tous les pays parcourus par M. Mackenzie ; il y en a plus de trois mille. Cette partie forme seule 4 volumes in-folio ; ces copies ont été faites et rassemblées par des hommes du pays, savans et intelligens. La deuxième section contient trois grands volumes, qui renferment des fac simile et des dessins des plus anciennes et des plus curieuses de ces inscriptions ; les unes sont en caractères anciens, d’autres en caractères plus nouveaux, avec des formes inusitées ou très-difficiles ; d’autres enfin en caractères tout-à-fait inconnus. La troisième section, qui est de deux volumes in-folio, contient la traduction des plus curieuses et des plus intéressantes de ces inscriptions. Quinze langues différentes et vingt-un alphabets ont servi pour écrire toutes ces inscriptions. La publication seule de tous ces monumens serait certainement le service le plus éminent que l’on pourrait rendre à l’ancienne histoire de l’Inde.

XIII. Stalla-Mahatmans ou Stalla-Pouranam. Ce sont des légendes, des pouranas, des traditions et des notices sur les lieux sanctifiés par les adorations des Indiens. Chaque temple ou lieu sacré a sa légende ; les principales sont celles de Cantchi-Trinamala, Tripety, Srirangam, Ramiceram, etc. Le tout forme six volumes.

XIV. Lois, Institutions, etc. Cette partie renferme tous les codes de lois reçus chez les Indous.

XV. Sectes religieuses. Notices sur l’origine, l’histoire et les opinions des diverses sectes religieuses qui existent parmi les Indiens ; les sectateurs des Vedas, les Djaïnas, les Samanaul ou Sravakas, les Bouddhistes, les Sairamattam, etc.

XVI. Mélanges.

XVII. Extraits des écrivains européens. Cette collection est arrivée à Calcutta, où elle forme plus de quarante volumes in-folio, rangés sous les seize classes suivantes :

I. Histoire, Antiquités et Institutions de l’empire de Carnatic ou Carnata, que les Européens ont nommé par erreur Narsinga, sous les rois des dynasties Ballall, Wodiar, Couramber et Telangas et autres princes ; tirés de documens authentiques, depuis l’an 1600 environ, jusqu’à l’an 500 en remontant, et même jusqu’à l’an 80 de J.-C., époque du changement de l’ère en usage dans cet empire.

II. Histoire des dynasties qui ont régné, avec plus ou moins de pouvoir ou d’étendue territoriale, sous les noms de Tchola, de Pandya, etc., avant l’établissement de l’empire de Carnata, confirmée par les inscriptions et autres monumens encore existans.

III. Histoire des dynasties très-peu connues des rois de Telinga, de Wodia, de Warancole, Anamakonda, Bezoada, Radjahmandry, Katak, etc., jusqu’au XIV.e siècle.

IV. Histoire de l’empire de Canara, dont la capitale était Calliani, jusqu’à sa chute causée par un schisme religieux ; et récit de la première invasion des Musulmans, faite au commencement du XIV.e siècle, sous les ordres d’Ala-eddin.

V. Histoire des rois de Deoghiry ou Devaghyry, à présent Dauletahad, qui cessèrent vers la même époque. Celte histoire est peu connue ; on peut espérer qu’elle fournira des lumières sur plusieurs parties de l’histoire ancienne de l’Inde, et en particulier sur l’origine des célèbres cavernes sculptées qu’on trouve à Ellora, dans le territoire de l’ancienne ville de Devaghiry.

VI. Histoire des débris de l’empire de Bidjanagar, depuis la bataille dans laquelle Ram-Radja succomba en l’an 1536, jusqu’à la chute de Tchandraghiry ; rétablissement des Musulmans dans le Carnatic ; la conquête des états de Bidjapour et Golconde par les Mogols ; l’établissement des factoreries européennes sur les côtes, au commencement du XVII.e siècle ; l’origine et l’histoire des différentes races d’usurpateurs qui s’établirent dans le Maïssour, à Bednor, Tchiteldroug, Madoura, Raydroug, Harponcly, Gingi, Tanjaour, etc. ; les petits chefs du Vemlavar septentrional. Les livres de famille, les inscriptions, les actes civils, les donations, etc., contiennent une foule de faits relatifs à l’histoire de ces souverainetés particulières, qu’il est absolument nécessaire de connaître pour se faire une juste idée de l’état de ces régions jusqu’à ce jour.

VII. Histoire ancienne du Malabar ou Kérala.

VIII. Histoire du Dekan sous les musulmans.

IX. Géographie ancienne de l’Inde.

X. Institutions, lois et coutumes particulières aux diverses tribus fixées dans l’Inde ; aux tribus de nomades qui dans l’antiquité, habitaient l’Inde méridionale ; l’introduction des, arts, des sciences et des lettres ; les colonies de Brahmanes, et des autres tribus venues successivement du nord.

XI. Collection d’inscriptions.

XII. Collection de médailles parmi lesquelles il s’en trouve plusieurs de romaines et de chinoises.

XIII. Dessins d’anciennes sculptures et d’autres monumens trouvés soit dans la presqu’île, soit dans les îles de Java, de Bali et ailleurs.

XIV. Vues et dessins des édifices de différons genres d’architecture.

XV. Dessins relatifs aux mœurs et coutumes des Indiens.

XVI. Recherches sur la statistique et la population du Maïssour et de l’île de Java.

Le recueil que le colonel Mackenzie a fait sur l’île de Java est aussi très-considérable.

Il serait digne de la Société asiatique de Calcutta, de mettre au jour une aussi belle et aussi riche collection ; on ne peut douter qu’elle ne nous fît connaître une multitude de faits et de l’enseignement de la plus haute importance sur l’histoire des Indiens, dans les siècles antérieurs à l’arrivée des Européens, et aux invasions des Musulmans.