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CHAPITRE XXIII.

De l’isle de Madagascar, autrement dit de S. Laurent.


LE grâd désir que i’ay de ne rien omettre qui soit utile ou nécessaire aux lecteurs, ioint qu’il me semble estre l’office d’un escriuain, traiter toutes choses qui appartiennent à son argument sans en laisser une, m’incite à décrire en cest endroit ceste isle tant notable, ayant septante huit degrez de longitude, minutes nulle, et de latitude unze degrez et trente minutes, fort peuplée et habitée de Barbares noirs depuis quelque temps (lesquels tiennent presque mesme forme de religiô que les Mahometistes : aucuns estans idolâtres, mais d’une autre façon) : côbien qu’elle ait esté descouuerte par les Portugais[1] et nommée de S. Laurent, et au parauant Madagascar en leur langue : Fertilité de l’isle de Saint Laurent. riche au surplus et fertile de tous biens, pour estre merueilleusement bien située. Et qu’ainsi soit, la terre produit là arbres

  1. Madagascar était connue des anciens (Menuthias) et des Arabes (Serendib). Les Portugais la retrouvèrent dans leurs expéditions aux Indes orientales. Les Français la visitèrent à diverses reprises, mais ils ne devaient s’y établir qu’au XVIIe siècle avec Pronis, sous le règne de Louis XIII (1642). Voir Flacourt. Histoire de la grande isle Madagascar.