Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/130

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a ses agrémens ; d’ailleurs elle était femme, et ce sexe, qu’on accuse d’indiscrétion, est beaucoup plus discret que nous sur certains articles. Les plaisirs sont mieux sentis, plus vrais, plus réels, ils n’ont pas besoin d’être assaisonnés de la satisfaction de l’amour-propre ; le mystère seul peut tout au plus y ajouter encore quelques charmes. Quoi qu’il en soit, elle se tut et sut bâtir une histoire à l’abbé et à tous ses amis, la cousut si bien avec ce qu’il savait de sa vie, que personne ne se douta jamais de rien.

L’année s’écoulait ; elle allait finir, à peine Eléonore y avait pensé. Vers ce tems elle fit connaissance d’Adèle, une jeune enfant d’à peine dix-huit ans, qui courait gaîment la même carrière. Blonde languissante, blanche à éblouir, un air tendre, amoureux, un son de voix qui allait au