Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 11 )


n’était que trop disposée à se livrer à toute espèce de douleur. Elle faisait une perte immense, irréparable ; elle voyait toutes ses espérances s’évanouir. Bientôt, grace aux consolations d’un confesseur et des bonnes religieuses, cet événement malheureux fut regardé comme un avertissement du ciel. Entrant dans le monde avec une existence douteuse, tous ses talens, tous les dons de la nature, étaient autant d’écueils, qui l’auraient fait glisser dans le chemin de la vertu. Madame de P*** s’offrait de la mettre en état de suivre une vocation, que le ciel avait manifestée si clairement. Eléonore se décida à prendre le voile.

La douleur, le désespoir, l’idée affreuse de la prostitution ou de la misère, qui l’attendaient dans le monde, soutinrent sa ferveur. Elle