Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/89

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cune ne pouvait à son gré lui disputer en beauté.

Jamais Adrien ne prodigua tant de louanges au bel Antinoüs. Si le mélange de forces et de graces nous charme encore sous un marbre insensible, qu’on pardonne au prieur de n’avoir pu considérer, sans de coupables desirs, ces belles formes de là jeunesse virile, et qu’on pardonne encore au pauvre Eléonor de ne pas appercevoir sous les fleurs de la louange et de la complaisance, le serpent qui cherchait à lui ravir les derniers restes de son innocence.

Les deux tantes étaient venues dîner à l’abbaye. Rien n’avait été oublié pour les bien recevoir. Le vin, les liqueurs, la gaîté du repas avaient presqu’enivré les convives. La nièce, vis-à-vis de laquelle on se gênait toujours un peu, n’y était pas et l’on