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s’il découvrait sa pensée, qu’un refus ne lui ravit l’espérance, la raison, et ce bonheur dont son imagination en délire embellissait de moment en moment l’enivrante perspective.

Les sens d’Eléonor n’étaient pas moins enflammés, mais son ame n’était pas livrée à une aussi violente agitation. Il desirait la jouissance, elle seule pouvait calmer le feu qui le consumait ; mais cette jouissance n’avait aucun objet. Il était résigné, prêt à tout souffrir pour y arriver. Incapable de résistance comme d’efforts, ses sens le dominaient entièrement. Son ame, vaincue par eux, ne combinait aucune idée quelconque. Pour lui, plus de passé, plus d’avenir, le présent seul existe.

Cependant le prieur quitte bientôt un repos si contraire aux mou-

  
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