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Pénétré du rôle important de la toponymie dans les travaux cartographiques, le général Blondel[1] recommandait aux chefs de subdivision chargés de lui fournir des rapports au sujet de la carte d’État-major au 80000e, « non seulement une exacte surveillance, mais une impitoyable sincérité… ». « Ceci s’applique principalement, disait-il un peu plus loin, à la description géométrique du sol, mais aussi à la recherche des noms de lieu. Il a été constaté que certaines feuilles contenaient sous ce rapport des fautes très nombreuses ; elles sont infiniment regrettables et prouvent la négligence et l’irréflexion des officiers, car je ne peux accuser leur ignorance… ».

Tout récemment encore, M. le général Berthaut, dans sa très remarquable étude historique sur La carte de France[2], après avoir recommandé de ne négliger aucune source d’information, ajoutait : « La recherche des noms exacts ne demande pas moins de soins que la recherche des formes exactes du sol. »

Pourrait-on invoquer de meilleurs arguments, une compétence plus grande, une autorité plus décisive que celle de M. le général Berthaut, chef actuel du Service géographique de l’Armée ? Personne, je pense, ne voudrait le contester.

Tous ceux qui possèdent des connaissances spéciales devraient donc s’imposer, comme un rigoureux devoir, de contribuer à l’élucidation de cette question capitale, en recueillant sur place le plus grand nombre possible de documents, soigneusement contrôlés.

Ce genre d’étude m’inspire le plus vif attrait. Voilà plus de vingt ans que je me livre à ces recherches sans découragement, mais, à peine est-il besoin de le dire, sans grand espoir d’aboutir à une solution pratique. En effet, la logique et la raison triomphent trop rarement de la routine pour concevoir quelque illusion à cet égard. Sous le fallacieux prétexte qu’une forme orthographique fautive a été « consacrée par l’usage », ou bien que l’ayant déjà employée ainsi « l’on ne doit pas se déjuger », nul ne veut consentir à prendre l’initiative d’une réforme cependant utile au premier chef.


Déformations orthographiques. — Quand un nom de lieu em-

  1. Circulaire portant instruction complémentaire spéciale, du 26 novembre 1850 (Loc. cit.).
  2. La Carte de France, 1750-1898, par M. le général Berthaut (Loc. cit.).