Cette page a été validée par deux contributeurs.
LETTRE XXII.
Je t’écris d’un monde nouveau ; tout
me semble changé autour de moi ;
après une nuit de marche, presque
continuelle, dans une mâsure ruinée,
au milieu des bois, une solive tombée
est mon pupitre ; le chaume arraché
du toît nous réchauffe et m’éclaire ;
les enveloppes de tes dernières lettres
et le crayon du souvenir,
que tu m’as donné, voilà ce qui me sert à t’écrire ;
le sommeil qui s’est emparé de tout
ce qui m’entoure, n’a pu venir jusques
à moi ; mes yeux ne connoissent plus
que les larmes ; et cependant, loin
d’être accablée de fatigues et de mes
peines, je me sens une force incon-