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Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, I.djvu/190

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visions. Maurice étendit sur l’herbe son manteau, c’est-à-dire, celui du cavalier, qu’il lui avoit laissé. Hélas ! ma Clémence, croirois-tu que nous fîmes un des plus tranquilles repas que j’aie fait de ma vie ? du moins depuis bien long-temps ; il nous sembloit que, séparé du reste du monde, nous n’appartenions plus qu’à nous-mêmes ; et cet isolement de tout, cette indépendance des hommes, anima un moment notre désert. L’infortune a ses intervalles, et ces intervalles tiennent un instant lieu de bonheur. Je m’endormis après notre festin plus que champêtre ; il étoit midi quand je m’éveillai ; je me trouvai la tête appuyée dans les genoux de la nourrice, le visage couvert de son tablier ; elle étoit assise sur le manteau et appuyée contre l’arbre ;