Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, II.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’a plus cette bonne et douce familiarité qui me mettoit si à l’aise avec lui. Je le vois souvent qui me regarde avec des yeux étonnés et secs, qui font baisser les miens ; plusieurs fois il m’a semblé qu’au moment où j’entrois, les trouvant ensemble, l’entretien finissoit ou changeoit. On ne m’observe, ni ne me surveille assurément, mais je parois de trop entr’eux : hier ils restèrent long-temps enfermés dans leur chambre ; tu sais que la mienne est à côté, et je te confesse que je n’ai pu sortir, de peur d’être tentée de prêter l’oreille : mon père parloit d’un ton vif et animé, et ma mère, froidement, et par longs discours ; je n’ai rien pu distinguer. Mon père, en sortant, est entré chez moi ; il avoit l’air préparé, mais il a fait cinq ou six tours dans la chambre, et est sorti sans me rien dire.