Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, II.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’avoient tellement resserrée l’imagination, que n’osant penser devant moi, j’étois assez occupée du moment présent, pour être morte à tout le reste. Je te desirois, mais ce n’étoit pas ici ; j’aurois voulu être dans une solitude avec toi, pour oublier tout, pour m’oublier moi-même. Comment aurois-je pu voir ta tendre pitié, tes tendres soins (repoussés peut-être), sans mourir de douleur ; aujourd’hui que le jour est si beau pour moi, je ne puis m’empêcher de remercier la providence de ce qu’elle a arrangé ; ce que j’ai souffert en augmente le prix ; ceux que j’aime m’en tiennent compte aujourd’hui ; tous les plus tendres sentimens viennent m’en dédommager : je vois père, mère, frère, époux, s’empresser de me faire oublier mes chagrins ; ils m’accablent de soins et