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Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, II.djvu/23

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détruiroient peut-être tous mes projets ; je n’osois lui en parler ; je le regardois sans rien dire ; je me sentois les yeux humides. Cette triste pensée de le quitter, d’avoir fait son malheur, soulevoit mon ame et l’accabloit. Cette cruelle ingratitude, à laquelle mes parens pouvoient me condamner, et qui ne m’étoit pas encore venue à l’esprit, ou plutôt que j’en avois éloignée, se représentoit avec une force qui m’ôtoit presque le courage d’aller chercher tant de peines. J’eus un moment où je desirois l’anéantissement pour ne plus voir l’avenir ; c’est alors que je sentis tout le mal que j’avois fait, en flattant la passion de ce jeune homme. Je n’écoutai que mon cœur, il me mena trop loin ; je vois aujourd’hui tous les chagrins et tout le malheur qui nous