Page:Érasme - Éloge de la folie.djvu/4

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L’enfant reçut le nom de son père ; mais plus tard, suivant l’usage des savants de son temps, il associa au latin Desiderius le grec Érasme pour s’en former un nom littéraire qu’il devait faire briller d’un si vif éclat. À son retour, Gérard, au désespoir de s’être laissé prendre au piége grossier qu’on lui avait tendu, vécut près de Marguerite qui désormais ne pouvait plus être sa femme, et se consola en consacrant tous ses soins à l’éducation de ses enfants.

Érasme avait treize ans lorsque sa mère fut enlevée par la peste ; son père ne tarda pas à la suivre (1480). Déjà l’orphelin avait commencé ses études à l’école de Deventher d’une manière qui pouvait faire présager ses succès futurs, lorsque, malgré ses répugnances natives, il fut forcé par les malversations de son tuteur d’embrasser l’état monastique. Il entra donc comme novice dans le couvent des chanoines réguliers de Stein, au diocèse d’Utrecht. L’indépendance de son caractère et la complexion de son esprit où la raison dominait l’imagination, ne purent se plier aux pratiques du cloître. « Le lieu, le régime, le costume, les cérémonies, tout cela n’est pas de la religion, écrivait-il un peu plus tard ; combien est plus belle à mes yeux cette pensée chrétienne que l’univers n’est qu’un vaste monastère et que tous les hommes en sont frères. » Aussi Érasme s’empressa-t-il de fuir le couvent à la première occasion. Il s’attacha d’abord, en qualité de secrétaire, à Henri de Berghes, évêque de Cambrai. Mais ne trouvant pas dans ce prélat le Mécène qu’il espérait, il fit en sorte d’obtenir une bourse au collége de Montaigu, à Paris. Là, l’insalubrité du logement et de la nourriture altéra bien vite sa santé natu-