rellement précaire, et il dut aller la retremper quelque temps au pays natal.
Érasme revint ensuite à Paris ; mais cette fois, libéré des murs du cloître, il s’occupa « plutôt de vivre que d’étudier, » selon son propre aveu. Ce qui, sans doute, éveilla en lui ces talents d’observateur et de moraliste qui l’ont fait vivre et grandir, à mesure que disparaissaient dans l’oubli la plupart des écrivains scolastiques, ses contemporains. Obligé alors pour subvenir à ses besoins de donner des leçons, il se répandit dans le monde ; c’est ainsi qu’il fit la connaissance de la marquise de Were et de mylord Montjoie, sous les auspices desquels il fit son premier voyage en Angleterre (1497).
Il ne nous est pas permis de suivre Érasme dans toutes ses courses sur le continent. En 1506 il était à Bologne, où il prit le bonnet de docteur en théologie. L’année suivante le trouve à Venise, correcteur dans l’imprimerie d’Alde Manuce, qui éditait plusieurs des nombreux ouvrages que, malgré sa vie errante, notre auteur ne cessait de produire. Érasme passa ensuite à Rome. Les offres les plus brillantes ne purent le retenir à la cour papale, où son esprit trop rationaliste le mettait mal à l’aise ; il retourna donc en Angleterre, où il comptait pour amis les hommes les plus distingués du royaume : Thomas Morus, Guillaume Warrham, Fischer, Thomas Cramer, Colet et autres, et Henri VIII lui-même. Mais il eut lieu de s’en repentir, car il ne trouva pas dans ce pays ce que des promesses exagérées lui avaient fait espérer.
Ce fut dans les premiers temps de son séjour en Angleterre qu’il mit la dernière main à une satire qu’il avait