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rant d’une rivière. Un renard qui passait, l’ayant vue, s’écria : « Le pilote vaut le vaisseau. »

Ceci s’adresse à un méchant homme qui se livre à des entreprises perverses.

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LA VIPÈRE ET LA LIME


Une vipère, s’étant glissée dans l’atelier d’un forgeron, demanda aux outils de lui faire une aumône. Après l’avoir reçue des autres, elle vint à la lime et la pria de lui donner quelque chose. « Tu es bonne, répliqua la lime, de croire que tu obtiendras quelque chose de moi : j’ai l’habitude, non pas de donner, mais de prendre de chacun. »

Cette fable fait voir que c’est sottise de s’attendre à tirer quelque profit des avares.

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LA VIPÈRE ET L’HYDRE

Une vipère venait régulièrement boire à une source. Une hydre qui l’habitait voulait l’en empêcher, s’indignant que la vipère, non contente de son propre pâtis, envahît encore son domaine à elle. Comme la querelle ne faisait que s’envenimer, elles convinrent de se livrer bataille : celle qui serait victorieuse aurait la possession de la terre et de l’eau. Elles avaient fixé le jour, quand les grenouilles, par haine de l’hydre, vinrent trouver la vipère et l’enhardirent en lui promettant de se ranger de son côté. Le combat s’engagea, et la vipère luttait contre l’hydre, tandis que les grenouilles, ne pouvant faire davantage, poussaient de grands cris. La vipère ayant remporté la victoire leur adressa des reproches : elles avaient, disait-elle, promis de combattre avec elle, et, pendant la bataille, au lieu de la secourir, elles n’avaient fait que chanter. Les grenouilles répondirent : « Sache bien,