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Cette fable montre que ce qu’on ne réprime pas dès le début grandit et s’accroît.

297


L’ENFANT QUI SE BAIGNE


Un jour un enfant qui se baignait dans une rivière se vit en danger d’être noyé. Ayant aperçu un voyageur, il l’appela à son secours. Le voyageur lui reprocha sa témérité. « Ah ! répliqua le jeune garçon, tire-moi d’affaire tout de suite ; plus tard, quand tu m’auras sauvé, tu me feras des reproches. »

Cette fable s’adresse aux gens qui fournissent contre eux-mêmes des raisons de les maltraiter.

298


LE DÉPOSITAIRE ET LE SERMENT


Un homme qui avait reçu un dépôt d’un ami projetait de l’en frustrer. Comme cet ami l’appelait à prêter serment, pris d’inquiétude, il partit pour la campagne. Arrivé aux portes de la ville, il aperçut un boiteux qui sortait et lui demanda qui il était et où il allait. Celui-ci ayant répondu qu’il était le Serment et qu’il marchait contre les impies, il lui posa une seconde question : « Après combien de temps reviens-tu d’habitude dans les villes ? - Au bout de quarante ans, parfois même de trente », répondit-il. Dès lors l’homme jura le lendemain sans hésiter qu’il n’avait pas reçu le dépôt. Mais il tomba sur le Serment, qui l’emmena pour le précipiter. L’homme récrimina : « Tu m’as déclaré, dit-il, que tu ne revenais qu’au bout de trente ans, et tu ne m’accordes même pas un jour de sécurité. » Le Serment repartit : « Sache bien que, quand on veut m’agacer, j’ai l’habitude de revenir le jour même. »

Cette fable montre que Dieu n’a pas de jour fixe pour punir les impies.