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hurler avec les loups, plier l’échine devant les puissants, voilà ce que font les gens qui préfèrent la réputation d’habileté à la bonne renommée, et ce que le fabuliste nous propose pour faire notre chemin dans le monde. Nous voilà bien loin de la morale de Socrate et de la morale chrétienne. Aussi faut-il moins chercher dans les fables ésopiques une règle de conduite qu’un guide pour apprendre à voir la vie telle qu’elle est, dans sa médiocrité et dans sa laideur. Elles nous donnent sous une forme piquante des aperçus profonds, souvent tristes, toujours justes sur l’âme humaine, en même temps qu’elles nous font connaître, mieux qu’aucun document historique, la manière de penser et de prendre la vie qui fut propre aux esprits moyens du peuple grec.



IV
LES MANUSCRITS



J’ai donné dans mon édition critique un classement des manuscrits dont voici les grandes lignes. Une première classe, représentée surtout par le Parisinus 690 (Pa) et l’Augustanus 564 (Pb), comprend, sous le nom de P, 9 manuscrits ; ces manuscrits sont les plus complets que nous possédions – Pa comprend 235 fables et Pb 231 –, et l’on y trouve 84 arguments qui ne se rencontrent pas ailleurs. La 2e classe, C, dont le chef de file est le Casinensis 94, qui contient 199 fables, se compose de 8 manuscrits, avec 30 sujets qui leur sont propres. La 3e, L, dont le meilleur manuscrit est le Laurentianus 79 pl. 89, est la plus riche en manuscrits : j’en ai retenu 8 ; elle offre 14 arguments originaux. Une 4e classe, B, est formée de manuscrits qui contiennent avec des fables ésopiques des paraphrases en prose de Babrius : les deux plus importants sont le Bodleianus Auct. F. 4, 7 (Ba) et le Palatinus quintus de Nevelet (Bb). Une 5e classe, M, comprend les manuscrits mélangés, dont deux très importants, le Palatinus 195 (Ma) et le Vaticanus 777 (Mb). Il faut ajouter à ces cinq classes deux manuscrits isolés, le Triuultianus 775 et le Vaticanus 1745, et les Tablettes de cire d’Assendelft.