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Page:Œuvres complètes de Blaise Pascal Hachette 1871, vol1.djvu/392

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Ils ont répondu comme les juifs : « Nous n’y marcherons pas : mais nous suivrons les pensées de notre cœur ; » et ils ont dit : « Nous serons comme les autres peuples. »


43.

Il y a trois moyens de croire : la raison, la coutume, l’inspiration[1]. La religion chrétienne, qui seule a la raison, n’admet pas pour ses vrais enfans ceux qui croient sans inspiration : ce n’est pas qu’elle exclue la raison et la coutume ; au contraire, mais il faut ouvrir son esprit aux preuves, s’y confirmer par la coutume ; mais s’offrir par les humiliations aux inspirations, qui seules peuvent faire le vrai et salutaire effet : Ne evacuetur crux Christi[2].


44.

Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par conscience.


45.

Les juifs, qui ont été appelés à dompter les nations et les rois, ont été esclaves du péché ; et les chrétiens, dont la vocation a été à servir et à être sujets, sont les enfans libres.


46.

Est-ce courage à un homme mourant d’aller, dans la foiblesse et dans l’agonie, affronter un Dieu tout-puissant et éternel[3] ?


47.

Superstition et concupiscence. Scrupules, désirs mauvais. Crainte mauvaise.

Crainte, non celle qui vient de ce qu’on croit Dieu, mais celle qui vient de ce qu’on doute s’il est ou non. La bonne crainte vient de la foi, la fausse crainte vient du doute. La bonne crainte, jointe à l’espérance, parce qu’elle naît de la foi, et que l’on espère au Dieu que l’on croit : la mauvaise, jointe au désespoir, parce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point de foi. Les uns craignent de le perdre, les autres craignent de le trouver.


48.

Salomon et Job ont le mieux connu et le mieux parlé de la misère de l’homme : l’un le plus heureux, et l’autre le plus malheureux ; l’un connoissant la vanité des plaisirs par expérience, l’autre la réalité des maux.


49.

Hérétiques. — Ézéchiel. Tous les païens disoient du mal d’Israël, et le Prophète aussi : et tant s’en faut que les Israélites eussent droit de lui dire : aVous parlez comme les païens, » qu’ilfait sa plusgrande force sur ce que les païens parlent comme lui.


50.

Il n’y a que trois sortes de personnes : les uns qui servent Dieu, l’ayant trouvé ; les autres qui s’emploient à le chercher, ne l’ayant pas trouvé ; les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. Les pre-

  1. Pascal avait mis d’abord la révélation.
  2. I Cor., i, 17.
  3. Pascal a barré cette pensée sur le manuscrit.