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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/121

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Mais si nous voulons démêler plus de choses dans les objets, si nous voulons marcher avec plus de graces, c’est à la réflexion à nous instruire ; et elle réglera nos facultés, jusqu’à ce que nous nous soyons fait une habitude de cette nouvelle maniere de voir et de marcher. Il ne lui restera alors d’exercice, qu’autant que nous aurons à faire ce que nous n’avons point encore fait, qu’autant que nous aurons de nouveaux besoins, ou que nous voudrons employer de nouveaux moyens pour satisfaire à ceux que nous avons.

Ainsi il y a en quelque sorte deux moi dans chaque homme : [489] le moi d’habitude et le moi de réflexion. C’est le premier qui touche, qui voit : c’est lui qui dirige toutes les facultés animales. Son objet est de conduire le corps, de le garantir de tout accident, et de veiller continuellement à sa conservation.

Le second, lui abandonnant tous ces détails, se porte à d’autres objets. Il s’ocupe du soin d’ajouter à notre bonheur. Ses succès multiplient ses desirs, ses méprises les renouvellent avec plus de force : les