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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/123

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nouvelles combinaisons. Mais il se conduira encore parfaitement bien, toutes les fois qu’il n’aura qu’à répéter ce qu’il est dans l’usage de faire. Le moi d’habitude suffit donc aux besoins qui sont absolument nécessaires à la conservation de l’animal. Or, l’instinct n’est que cette habitude privée de réflexion.

A la vérité, c’est en réfléchissant que les bêtes l’aquierent : mais, comme elles ont peu de besoins, le tems arrive bientôt où elles ont fait tout ce que la réflexion a pu leur aprendre. Il ne leur [490] reste plus qu’à répéter tous les jours les mêmes choses : elles doivent donc n’avoir enfin que des habitudes, elles doivent être bornées à l’instinct.

La mesure de réflexion que nous avons au-delà de nos habitudes est ce qui constitue notre raison. Les habitudes ne suffisent, que lorsque les circonstances sont telles, qu’on n’a qu’à répéter ce qu’on a apris. Mais s’il faut se conduire d’une maniere nouvelle, la réflexion devient nécessaire, comme elle l’a été dans l’origine des habitudes, lorsque tout ce que nous faisions étoit nouveau pour nous.