Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/137

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dont je dépends ? Je ne suis donc heureux ou malheureux que par elles, et je n’ai rien à attendre d’ailleurs.

Telle a pu être, ou à peu près, la premiere réflexion des hommes, quand ils commencerent à considérer les impressions agréables et désagréables qu’ils reçoivent de la part des objets. Ils virent leur bonheur ou leur malheur au pouvoir de tout ce qui agissoit sur eux. Cette connoissance les humilia devant tout ce qui est, et les objets dont les impressions étoient plus sensibles, furent leurs premieres divinités. Ceux qui s’arrêterent sur cette notion grossiere, et qui ne surent pas remonter à une premiere cause, incapables de donner dans les subtilités métaphisiques des Athées, ne songerent jamais à révoquer en doute la puissance, l’intelligence et la liberté de leurs dieux. Le culte de tous les idolâtres en est la preuve. L’homme n’a commencé à combattre la divinité, que quand il étoit [498] plus fait pour la connoître. Le polythéisme prouve donc combien nous sommes tous convaincus de notre dépendance, et pour le détruire, il suffit de ne