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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/165

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Ces sentimens se renouvellent souvent, parce que, par la nature de la société, il n’est presque pas de momens dans la vie où nous n’ayons ocasion de faire quelque action vertueuse ou vicieuse. Par-là ils donnent à l’ame une activité dans laquelle tout l’entretient, et dont nous nous faisons bientôt un besoin.

Dès-lors il n’est plus possible de combler tous nos desirs : au contraire, en nous donnant la jouissance de tous les objets auxquels ils nous portent, on nous mettroit dans l’impuissance de satisfaire au plus-pressant de tous nos besoins, celui de desirer. On enleveroit à notre ame cette activité, qui lui est devenue nécessaire ; il ne nous resteroit qu’un vide acablant, un ennui de tout et de nous-mêmes.

Desirer est donc le plus pressant de tous nos besoins ; aussi, à [513] peine un desir est satisfait, que nous en formons un autre. Souvent nous obéissons à plusieurs à la fois, ou si nous ne le pouvons pas, nous ménageons pour un autre tems ceux auxquels les circonstances présentes ne nous permettent pas d’ouvrir notre ame. Ainsi nos passions