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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/18

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resteroit-il à plusieurs ? Leur confiance est donc grande, et ils jettent un regard méprisant sur ces sages observateurs, qui ne parlent que d’après ce qu’ils voient, et qui ne veulent voir que ce qui est : ce sont à leurs yeux de petits esprits qui ne savent pas généraliser.

Est-il donc si dificile de généraliser, quand on ne connoît ni la justesse, ni la précision ? Est-il si dificile de prendre une idée comme au hasard, de l’étendre, et d’en faire un sistême ?

[433] C’est aux philosophes qui observent scrupuleusement, qu’il apartient uniquement de généraliser. Ils considerent les phénomenes, chacun sous toutes ses faces ; ils les comparent ; et s’il est possible de découvrir un principe commun à tous, ils ne le laissent pas échaper. Ils ne se hâtent donc pas d’imaginer ; ils ne généralisent, au contraire, que parce qu’ils y sont forcés par la suite des observations. Mais ceux que je blâme, moins circonspects, bâtissent, d’une seule idée générale, les plus beaux sistêmes. Ainsi, du seul mouvement d’une baguette, l’enchanteur éleve, détruit,