Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/185

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Pour coriger nos habitudes, il suffit donc de considérer comment elles s’aquierent, comment, à mesure qu’elles se multiplient, elles se combattent, s’affoiblissent et se détruisent mutuellement. Car alors nous connoîtrons les moyens propres à faire croître les bonnes, et à déraciner les mauvaises.

Le moment favorable n’est pas celui où celles-ci agissent avec toute leur force : mais alors les passions tendent d’elles-mêmes à s’affoiblir, elles vont bientôt s’éteindre dans la jouissance. A la vérité elles renaîtront. Cependant voila un intervalle où le calme regne, et où la raison peut commander. Qu’on réfléchisse alors sur le dégoût [524] qui suit le crime, pour produire le repentir qui fait notre tourment ; et sur le sentiment paisible et voluptueux, qui acompagne toute action honnête : qu’on se peigne vivement la considération de l’homme vertueux, la honte de l’homme vicieux : qu’on se représente les récompenses et les châtimens qui leur sont destinés dans cette vie et dans l’autre. Si le plus léger mal-aise a pu faire naître nos