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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/59

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voit naturellement des objets.

Il est vrai que cette suposition n’a pas besoin de preuves pour le commun des lecteurs ; elle est tout-à-fait conforme à nos préjugés. On aura toujours bien de la peine à imaginer que les yeux puissent voir des couleurs, sans voir de l’étendue. Or, s’ils voient de l’étendue, ils voient des grandeurs, des figures et des situations.

Mais ils n’aperçoivent par eux-mêmes rien de semblable, et par conséquent il ne leur est pas possible de tomber dans les erreurs que leur attribue M. de B. Aussi l’aveugle de Cheselden n’a-t-il jamais dit qu’il vit les objets doubles et dans une situation diférente de celle où il les touchoit.

Mais, dira-t-on, in-4°. t. 3, p. 308, 309 ; in-12, t. 6, p. 67, les images qui se peignent sur la rétine sont renversées, et chacune se répete dans chaque œil. Je réponds qu’il n’y a d’image nulle part. On les voit, répliquera-t-on, et on citera l’expérience de la chambre obscure. Tout cela ne prouve rien ; car où il n’y a point de couleur, il n’y a point d’image. Or, il