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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/60

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n’y a pas plus de couleur sur la rétine et sur le mur de la chambre obscure, que sur les objets. Ceux-ci n’ont d’autre propriété que de réfléchir les rayons de lumiere, et suivant les principes même de M. de B., il n’y a dans la rétine qu’un certain ébranlement. Or, un ébranlement n’est pas une couleur ; il ne peut être que la cause ocasionnelle d’une modification de l’ame.

En vain la cause phisique de la sensation est double ; en vain les rayons agissent dans un ordre contraire à la position des objets. [455] Ce n’est pas une raison de croire qu’il y ait dans l’ame une sensation double et renversée ; il ne peut y avoir qu’une maniere d’être, qui par elle-même n’est susceptible d’aucune situation. C’est au toucher à aprendre aux yeux à répandre cette sensation sur les surfaces qu’il parcourt ; et lorsqu’ils sont instruits, ils ne voient ni double, ni renversé ; ils aperçoivent nécessairement les grandeurs colorées dans le même nombre et dans la même position que le toucher aperçoit les grandeurs palpables. Il est singulier qu’on