Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur son corps, que nous avons vu n’exister pour lui que sur sa rétine, une main qu’il n’a point encore apris à voir hors de ses yeux. Il la conduit aussi sûrement que s’il avoit apris à en régler les mouvemens, et il parcourt les parties de son corps, comme si elles lui avoient été connues avant qu’il les eût touchées.

Alors il remarque que tout ce qu’il touche sur lui, rend à sa main sentiment pour sentiment, et il aperçoit bientôt que cette faculté de sentir est répandue dans toutes les parties de son être. Il ne sent donc toutes les parties de son être qu’au moment où il découvre cette faculté. Il ne les connoissoit pas, lorsqu’il ne les sentoit pas. Elles n’existoient que dans ses yeux ; celles qu’il ne voyoit pas, n’existoient pas pour lui. Nous lui avons cependant entendu dire qu’il se leve, qu’il se transporte, et qu’il parcourt son corps avec la main.

Il remarque ensuite qu’avant qu’il se fût touché, son corps lui paroissoit immense, sans qu’on sache où il a pris cette idée d’immensité. La vue n’a pu la lui donner : car lorsqu’il voyoit son corps, il voyoit