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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/76

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qu’il ne balance point à donner pour neufs les principes les plus rebatus, qu’il les généralise autant qu’il lui sera possible ; qu’il affirme les choses dont son lecteur pouroit douter, et dont il devroit douter lui-même ; et qu’après bien des efforts, plutôt pour faire valoir ses veilles que pour rien établir, il ne manque pas de conclure qu’il a démontré ce qu’il s’étoit proposé de prouver : il lui importe peu de remplir son objet : c’est à sa confiance à persuader que tout est dit quand il a parlé.

Il ne se piquera pas de bien écrire, lorsqu’il raisonnera : alors les constructions longues et embarassées échapent au lecteur, comme les raisonnemens. Il réservera tout l’art de son éloquence, pour jeter de tems en tems de ces périodes artistement faites, où l’on se livre à son imagination sans se mettre en peine du ton qu’on vient de quitter, et de celui qu’on va reprendre, où l’on substitue au terme propre celui qui frape davantage, et où l’on se plaît à dire plus qu’on ne doit dire. Si quelques jolies phrases qu’un