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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/93

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les habitudes qu’on croit leur être naturelles. Pour achever de s’en convaincre, il suffit de considérer quelqu’une de leurs actions.

Je supose donc un animal qui se voit pour la premiere fois menacé de la chûte d’un corps, et je dis qu’il ne songera pas à l’éviter ; car il ignore qu’il en puisse être blessé : mais s’il en est frapé, l’idée de la douleur se lie aussitôt à celle de tout corps prêt à tomber sur lui ; l’une ne se réveille plus sans l’autre, et la réflexion lui aprend bientôt comment il doit se mouvoir, pour se garantir de ces sortes d’accidens.

Alors il évitera jusqu’à la chûte d’une feuille. Cependant, si l’expérience lui aprend qu’un corps aussi léger ne peut pas l’offenser, il l’attendra sans se détourner, il ne paroîtra pas même y faire attention.

Or, peut-on penser qu’il se conduise ainsi naturellement ? tient-il de la nature la diférence de ces deux corps, ou la doit-il à l’expérience ? les idées en sont-elles innées ou aquises ? Certainement, s’il ne reste immobile à la vue d’une feuille qui