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LETTRES PARISIENNES (1837).

nous prie de vouloir bien aussi accorder notre protection à sa maison ; il nous envoie un assortiment de jouets d’enfants, afin que nous puissions juger de ses talents. Nous lui renvoyons aussitôt son pensionnat de poupées, en lui faisant dire que nous n’avons cité l’autre jour M. Debray que comme écrivain et non comme marchand de joujoux : c’était une mention toute littéraire. Les six poupées sont parties ; nous sommes seul, et nous nous livrons en silence à l’amertume de nos pensées ; mais bientôt nous sommes interrompu : un gros recueil de poésies s’avance mystérieusement, soutenu par un domestique. Il s’établit d’un air sournois sur notre bureau ; nous imitons son hypocrisie, nous faisons semblant de ne pas l’avoir aperçu ; l’amertume de nos pensées s’accroît encore de sa présence. Cependant le soleil luit, nous méditons une promenade, et nous commençons à nous babiller pour sortir : vains projets… Pan !… pan !… pan !… « Que voulez-vous ? — C’est une lettre… — Encore !… voyons… « Monsieur, la confiance dont vous m’avez toujours honoré, etc., etc. ; mes magasins, etc., etc. » Une lettre lithographiée, un prospectus : être interrompu, quand on fait sa toilette, par une lettre lithographiée venue par la poste ! Heureusement nous ne sommes pas seul à connaître cet ennui, et plusieurs de nos lecteurs peuvent sympathiser avec nous ; en cette circonstance cela nous console ; il est si doux d’être compris dans ses chagrins ! Nous jetons la lettre avec impatience, et nous reprenons le cours de notre parure. Pan !… pan !… pan !… « Qui est là ? — C’est une lettre. — C’est bon ; qu’on la laisse dans le salon. — Mais on attend la réponse. » La porte s’entr’ouvre, la lettre furtive est donnée. « Une lettre, dites-vous ; c’est un paquet ! » L’enveloppe monstre est déchirée ; nous lisons : « Sujets d’articles pour M. le vicomte de Launay. Monsieur, je lis tous les samedis avec le plus grand plaisir vos élégants feuilletons, etc., etc. » Suivent les différents sujets que l’on nous propose. Premier article : De la malpropreté des rues. Second sujet non moins élégant : De l’inconvénient des petits égouts à grille. Troisième sujet : Des marchands de marrons et des écaillères d’huîtres. Quatrième sujet Nous n’osons pas l’écrire. Nos élégants feuilletons ne sont pas encore assez élégants pour se