accuser de cruauté, nous ne pouvons nous intéresser au sort d’un incendiaire qui se brûle.
Si nous vous parlons uniquement des Girondins, c’est que depuis quinze jours on ne parle plus d’autre chose. Il y a eu des concerts, nous ne sommes allé nulle part, nous sommes resté seul au coin du feu à lire, à commenter ce livre plein d’enseignements et de prophéties. Ceux qui venaient nous interrompre étaient les malvenus ; M. de Lamartine lui-même passait à l’état d’importun quand il nous surprenait au milieu d’une belle page ; mais nous ne sommes pas le seul lecteur captivé si vivement : douze mille exemplaires des Girondins ont déjà été vendus. Il y a bien dans le nombre quelques admirateurs qui comprennent nos préoccupations, qui partagent nos admirations, notre enthousiasme et peut-être aussi nos alarmes.
LETTRE SIXIÈME.
Le coucher du soleil. — Épreuve.
Ces pauvres femmes littéraires !… nous leur devons une réparation, nous avons été injuste envers elles : nous avons dit que cette espèce de femmes était la plus désagréable qu’il y eût au monde… Ali ! cela n’est pas exact ; elles sont insupportables, c’est vrai ; mais ce ne sont pas les plus insupportables. Nous les avons mises au premier rang des ennuyeuses ; elles ne méritaient pas cet honneur. Le premier rang… il appartient à une espèce bien autrement épouvantable, hélas !… et qui se multiplie avec une rapidité inquiétante.
Cette variété n’est pas encore classée ; elle n’a pas encore de nom dans la triste flore du sombre jardin de l’Ennui ; mais nous finirons bien par lui trouver un nom qui la désigne. D’abord, nous sommes décidé à poursuivre la guerre à outrance ; nous voulons tout simplement l’extermination de sa race : elle est très-dangereuse, elle détruit tout ; elle parviendrait à ruiner la France si on la laissait s’y propager plus longtemps ; elle nous rendrait sots, tristes, maussades et précieux,