Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/485

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prix… j’ai assez tremblé comme ça… j’ai assez courbé la tête sous le joug… j’aime mieux la relever sous le couteau !

Julie.

Un moment !…

De Langeais.

Je ne veux plus me cacher, entends-tu… cela m’ennuie d’être lâche, à la fin !… Ouvre la porte.

Julie.

Et moi aussi, cela me fatigue de jouer un rôle odieux !… Oui, tu as raison… moi aussi cela m’ennuie d’être lâche… Mieux vaut mourir avec courage… mourons ensemble !…

(Elle va pour ouvrir la porte.)
De Langeais l’arrêtant.

Femme !… femme !… tu sais bien ce qui me fait faiblir !… Toi, non, tu ne dois pas mourir… même avec courage… j’aurai la force d’être lâche encore pour te sauver !…

Julie.

Merci !… Je vais donner le signal à Rosalie.

(Il rentre dans sa cachette.)



Scène III.

JULIE, puis FINOT ; ensuite ROSETTE.
Julie.

Ah ! quelle angoisse je sens… cette tâche est si rude… mais patience !… (Elle fait signe à quelqu’un par la fenêtre.) Il peut monter ici… Rosalie a compris… tâchons d’être un peu calme… Voilà le moment le plus odieux de cette vie de mensonge… plaire à nos bourreaux et ne pas trop leur plaire… cajoler ces tigres, écouter gracieusement de niaises horreurs… Ô mon pauvre proscrit ! comme il faut que je t’aime !

Finot annonçant.

Le citoyen Rosette.

Julie à Finot qui sort.

Donne de la limonade.

Rosette.

Salut, belle dame ; belle citoyenne, me permets-tu de te dire un petit bonjour avant l’heure ?… Je ne suis pas dans mon droit, mais je viens de notre fastidieuse séance, et je