Non, laissez-moi… je n’ai plus de patience ! laissez-moi ! (Ils se regardent tous les deux et se mettent à rire d’inspiration.) J’ai trouvé ! les mauvais traitements !… C’est cela, tu me battais !…
Et voilà le grief qu’elle trouve contre moi… les coups… qu’elle m’a donnés !… Oh ! c’est charmant !… Que de procès, de demandes en séparation ont été plaidés dans ce sens-là !… Va pour les mauvais traitements… j’ai des phrases toutes faites pour les sévices, etc., etc. (Il écrit. Elle le regarde tendrement et se met à genoux.) Tiens ! à genoux !…
À mon tour, je te demande pardon de m’être fâchée ; mais j’ai si affreusement mal aux nerfs !…
Je te pardonne, tu n’as pas trouvé de griefs… Oh ! oui, tu dois avoir mal aux nerfs !…
Ces émotions si violentes me brisent !… Quelle affreuse vie nous menons depuis dix-huit mois !…
Elle a de bons moments, cette vie-là… elle a même de très-bons moments… Nous nous aimons bien, avec cela on supporte tout
Nous nous aimons trop, cela me fait peur.
C’est vrai ; mais c’est parce que nous avons peur que nous nous aimons trop… le danger me pare et ton dévouement te rend plus belle encore… (À part.) Pauvre petite femme, elle a raison, je l’aime trop ; mais aussi, chaque fois que je l’embrasse, je me dis toujours : C’est peut-être la dernière fois… et cela exalte.
Il a raison, le danger double l’amour… Oh ! chaque fois que je tiens cette pauvre tête menacée, je me dis… oh, c’est affreux !… mais je la défendrai.