Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/173

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retomber dans son indifférence, et si j’y puis quelque chose, cela n’arrivera pas.

Votre lettre m’est parvenue le lendemain du jour où nous avons eu une élection. C’est un homme de la cour qui a été nommé. Je n’étais pas même candidat. Les électeurs sont imbus de l’idée que leurs suffrages sont un don précieux, un service important et personnel. Dès lors ils exigent qu’on le leur demande. Ils ne veulent pas comprendre que le mandat parlementaire est leur propre affaire ; que c’est sur eux que retombent les conséquences d’une confiance bien ou mal placée, et que c’est par conséquent à eux à l’accorder avec discernement sans attendre qu’on la sollicite, qu’on la leur arrache. — Pour moi, j’avais pris mon parti de rester dans mon coin, et, comme je m’y attendais, on m’y a laissé. Il est probable que, dans un an, nous aurons en France les élections générales. Je doute que d’ici là les électeurs soient revenus à des idées plus justes. Cependant un grand nombre d’entre eux paraissent décidés à me porter. Mes efforts en faveur de notre industrie vinicole seront pour moi un titre efficace et que je puis avouer. Aussi, j’ai vu avec plaisir que vous étiez disposé à seconder les vues que j’ai exposées dans la lettre que la League a reproduite[1]. Si vous pouvez obtenir que ce journal appuie le principe du droit ad valorem appliqué aux vins, cela donnerait à ma candidature une base solide et honorable. Au fait, dans ma position, la députation est une lourde charge ; mais l’espoir de contribuer à former, au sein de notre parlement, un noyau de free-traders me fait passer par-dessus toutes les considérations personnelles. Quand je viens à penser qu’il n’y a pas, dans nos deux chambres, un homme qui ose avouer le principe de la liberté des échanges, qui en comprenne toute la portée, ou qui sache le sou-

  1. V. ci-après l’écrit intitulé : De l’avenir du commerce des vins entre la France et la Grande-Bretagne. (Note de l’éditeur.)