Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/288

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sent des pays plus riches que l’Adour, des contrées capables de produire et de consommer davantage ; or, les échanges relatifs à cette production et à cette consommation se faisant dans la ville située à l’embouchure du fleuve, il s’ensuit que le commerce de cette ville se développe ou se restreint selon que les pays environnants prospèrent ou dépérissent. Que les bords de l’Adour et des rivières qui lui portent leurs eaux soient fertiles, que les landes soient défrichées, que la Chalosse ait des moyens de communication, que notre département soit traversé de canaux, habité par une population nombreuse et riche, alors Bayonne aura un commerce assuré, fondé sur la nature des choses. Notre député veut-il donc faire fleurir Bayonne, c’est sur le département des Landes qu’il doit d’abord appeler la prospérité.

Si une autre circonscription faisait entrer Bayonne dans notre département, n’est-il pas vrai qu’on ne ferait pas l’objection ? Eh quoi ! une ligne écrite sur un morceau de papier a donc changé la nature des choses ? parce que, sur la carte, une ville est séparée de la campagne qui l’environne, par une raie rouge ou bleue, cela peut-il rompre leurs intérêts réciproques ?

Il y en a qui craignent de compromettre le bon ordre en choisissant pour députés des hommes franchement libéraux. « Pour le moment, disent-ils, nous avons besoin de l’ordre avant tout. Il nous faut des députés qui ne veuillent aller ni trop loin ni trop vite ! »

Eh ! c’est précisément pour le maintien de l’ordre qu’il faut nommer de bons députés ! C’est par amour pour l’ordre que nous devons chercher à mettre les chambres en harmonie avec la France. Vous voulez de l’ordre, et vous renforcez le centre droit, au moment où la France s’irrite contre lui, au moment où, déçue dans ses plus chères espérances, elle attend avec anxiété le résultat des élections ? Et savez-vous ce qu’elle fera, si elle voit encore une fois son