Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/488

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traires et neutraliser les efforts des prohibitionnistes, des faux philanthropes et de l’aristocratie. — La liberté ! — voilà le principe qui va régner à nos portes ; et un homme, M. Cobden, aura été l’instrument de cette grande et paisible révolution. Oh ! puisse vous être réservée une semblable destinée, dont vous êtes si digne !

Mugron (Landes)… janvier 1845.



SUR L’OUVRAGE DE M. DUNOYER.
DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL.


ÉBAUCHE INÉDITE. (1845.)


« Il y a vingt ans, dit M. Dunoyer, que j’ai conçu la pensée de ce livre. » Certes, pendant ces vingt années, il n’en est pas une où cet important ouvrage eût pu avec plus d’à-propos être livré au public, et j’ose croire qu’il est dans sa destinée de faire rentrer la science dans sa voie. Un système funeste semble prendre sur les esprits un dangereux ascendant. Émané de l’imagination, accueilli par la paresse, propagé par la mode, flattant chez les uns des instincts louables mais irréfléchis de philanthropie, séduisant les autres par l’appât trompeur de jouissances prochaines et faciles, ce système est devenu épidémique ; on le respire avec l’air, on le gagne au contact du monde ; la science même n’a plus le courage de lui résister ; elle se range devant lui ; elle le salue, elle lui sourit, elle le flatte, et pourtant elle sait bien qu’il ne peut soutenir un moment le sévère et impartial examen de la raison. On le nomme socialisme. Il consiste à rejeter du gouvernement du monde moral tout dessein providentiel ; à supposer que du jeu des organes sociaux, de l’action et de la réaction libre des intérêts humains, ne résulte pas une organisation merveilleuse, harmonique, et