Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/107

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quand il s’agit de nos transactions intérieures, pourquoi ne l’aurions-nous pas, dans le même principe appliqué à nos transactions internationales, assurément moins nombreuses, moins délicates et moins compliquées ? Et s’il n’est pas nécessaire que la préfecture de Paris réglemente nos industries, pondère nos chances, nos profits et nos pertes, se préoccupe de l’épuisement du numéraire, égalise les conditions de notre travail dans le commerce intérieur, pourquoi est-il nécessaire que la douane, sortant de sa mission fiscale, prétende exercer une action protectrice sur notre commerce extérieur[1] ?



XXI. — INDÉPENDANCE NATIONALE.


Parmi les arguments qu’on fait valoir en faveur du régime restrictif, il ne faut pas oublier celui qu’on tire de l’indépendance nationale.

« Que ferons-nous en cas de guerre, dit-on, si nous nous sommes mis à la discrétion de l’Angleterre pour le fer et la houille ? »

Les monopoleurs anglais ne manquent pas de s’écrier de leur côté :

« Que deviendra la Grande-Bretagne en temps de guerre, si elle se met, pour les aliments, sous la dépendance des Français ? »

On ne prend pas garde à une chose ; c’est que cette sorte de dépendance qui résulte des échanges, des transactions commerciales, est une dépendance réciproque. Nous ne pouvons dépendre de l’étranger sans que l’étranger dépende de nous. Or c’est là l’essence même de la société. Rompre

  1. V. au tome Ier, la 1re lettre à M. de Lamartine et, au tome VI, le chap. i des Harmonies économiques. (Note de l’éditeur.)