Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/94

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directe, lorsque l’acquisition indirecte nous présente épargne de temps et de peine ?

Vous n’êtes donc pas les hommes de la pratique, puisque vous ne pourriez pas montrer un seul homme, sur toute la surface du globe, qui agisse selon votre principe.

Mais, direz-vous, nous n’avons jamais entendu faire de notre principe la règle des relations individuelles. Nous comprenons bien que ce serait briser le lien social, et forcer les hommes à vivre, comme les colimaçons, chacun dans sa carapace. Nous nous bornons à prétendre qu’il domine de fait les relations qui se sont établies entre les agglomérations de la famille humaine.

Eh bien, cette assertion est encore erronée. La famille, la commune, le canton, le département, la province, sont autant d’agglomérations qui toutes, sans aucune exception, rejettent pratiquement votre principe et n’y ont même jamais songé. Toutes se procurent par voie d’échange ce qu’il leur en coûterait plus de se procurer par voie de production. Autant en feraient les peuples, si vous ne l’empêchiez par la force.

C’est donc nous qui sommes les hommes de pratique et d’expérience ; car, pour combattre l’interdit que vous avez mis exceptionnellement sur quelques échanges internationaux, nous nous fondons sur la pratique et l’expérience de tous les individus et de toutes les agglomérations d’individus dont les actes sont volontaires, et peuvent par conséquent être invoqués en témoignage. Mais vous, vous commencez par contraindre, par empêcher, et puis vous vous emparez d’actes forcés ou prohibés pour vous écrier : « Voyez, la pratique nous justifie ! »

Vous vous élevez contre notre théorie, et même contre la théorie en général. Mais, quand vous posez un principe antagonique au nôtre, vous êtes-vous imaginé, par hasard, que vous ne faisiez pas de la théorie ? Non, non, rayez cela