Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/523

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de deux millions au moins. On peut en déduire le doublement par période de quatorze ans. — Les tables du Bureau des longitudes ne sont guère recevables à contrôler des faits bibliques. Dira-t-on que six cent mille combattants supposent une population supérieure à deux millions, et en conclura-t-on une période de doublement moindre que celle calculée par Euler ? — On sera le maître de révoquer en doute le dénombrement de Moïse ou les calculs d’Euler ; mais on ne prétendra pas assurément que les Hébreux ont multiplié plus qu’il n’est possible de multiplier. C’est tout ce que nous demandons.

Après cet exemple, qui est vraisemblablement celui où la fécondité de fait s’est le plus rapprochée de la fécondité virtuelle, nous avons celui des États-Unis. On sait que, dans ce pays, le doublement s’opère en moins de vingt-cinq ans.

Il est inutile de pousser plus loin ces recherches ; il suffit de reconnaître que, dans notre espèce, comme dans toutes, la puissance organique de multiplication est supérieure à la multiplication. D’ailleurs il implique contradiction que le réel dépasse le virtuel.

En regard de cette force absolue, qu’il n’est pas besoin de déterminer plus rigoureusement, et que l’on peut, sans inconvénient, considérer comme uniforme, il existe, avons-nous dit, une autre force qui limite, comprime, suspend, dans une certaine mesure, l’action de la première, et lui oppose des obstacles bien différents, suivant les temps et les lieux, les occupations, les mœurs, les lois ou la religion des différents peuples.

J’appelle loi de limitation cette seconde force, et il est clair que le mouvement de la population, dans chaque pays, dans chaque classe, est le résultat de l’action combinée de ces deux lois.

Mais en quoi consiste la loi de limitation ? On peut dire