vivante. Elle habitait, il y a cinq ans, une ruine au sommet d’un mont absolument désert sur la côte de Corse, à quinze ou vingt kilomètres de toute maison. Elle vivait là avec une bonne ; j’allai la voir. Elle avait été certainement une femme du monde distinguée. Elle me reçut avec politesse et même avec bonne grâce, mais je ne sais rien d’elle ; je ne devinai rien.
Quant à l’homme, je vais vous raconter sa sinistre aventure :
Retournez-vous. Vous apercevez là-bas ce mont pointu et boisé qui se détache derrière la Napoule, tout seul en avant des cimes de l’Esterel ; on l’appelle dans le pays le mont des Serpents. C’est là que vivait mon solitaire, dans les murs d’un petit temple antique, il y a douze ans environ.
Ayant entendu parler de lui, je me décidai à faire sa connaissance et je partis de Cannes, à cheval, un matin de mars. Laissant ma bête à l’auberge de la Napoule, je me mis à gravir à pied ce singulier cône, haut peut-être de cent cinquante ou deux cents mètres et couvert de plantes aromatiques, de cystes surtout, dont l’odeur est si vive et si pénétrante qu’elle trouble et cause